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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 25 (21 Juin)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0135
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1868. — N° 25.

BUREAUX: 55, RUE YIVIENNE.

21 JUIN.

CHRONIQUE DES

ET

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

ARTS


Comptes rendus et Annonces des Ventes pubRques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objet| de curiosité.

ABONNEMENTS :

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.




EXPOSITION A ORLÉANS.

La Société des Amis des Arts, nous écrit-on
d’Orléans, a ouvert depuis trois semaines déjà,
dans les salons de l’Hôtel de ville, gracieusement
mis à sa disposition par M. le maire, une expo-
sition digne en tout d’attirer les regards de ceux
qui s’intéressent à l’art, à l’industrie, ou simple-
ment à l’histoire des temps passés.

La commission administrative de la Société ne
s’est point bornée, en effet, à rassembler dans
ses salles les œuvres des artistes vivants et les
produits des industriels, embellis par l’art; elle
a fait appel aux riches collections d’antiquités
que possède Orléans. Nos amateurs les plus dis-
tingués ont répondu à cette invitation, et, grâce à
leur concours empressé, le public peut admirer,
dans de vastes vitrines : les vases antiques que la
Grèce et Rome nous ont légués, les haches cel-
tiques et les armes dont se servaient nos aïeux,
de précieuses statuettes découvertes dans les
fouilles dirigées parles archéologues, lesfaïences
décorées et les verres que les anciennes fabri-
ques de la France, de la Saxe, de l’Allemagne,
de la Bohême et de Venise nous ont laissés, les
émaux et les ivoires que se disputent les collec-
tionneurs, les tapisseries curieuses, les bahuts
sculptés, les livres d’heures ornés de splendides
enluminures, les montres antiques, les ravis-
santes boîtes à mouches et les riches tabatières
que nos ancêtres se plaisaient à posséder, des
reliquaires byzantins, des chefs-d’œuvre de ser-
rurerie, enfin des spécimens de ces mille objets
que la sculpture, la céramique, la ciselure, ont
produits dans les siècles précédents avec une si
généreuse profusion.

Nous ne pouvons, on le conçoit, entrer ici
dans aucuns détails. Cette salle seulement com-
prend treize cents numéros et il nous faudrait
de longs articles avant de les avoir épuisés. Mais
par cette simple indication, nous avons montré
quel intéressant sujet d’études la Société des
Amis des Arts offre à tous ses visiteurs. Le savant
pourra suivre, pour ainsi dire, pas à pas la
marche de la civilisation, et retrouver là ces ob-
jets curieux dont le plus souvent le nom seul lui
est connu par ses livrés de prédilection. L’ou-
vrier considérera des types qui épureront son
goût et lui permettront de comparer le passé au

présent. L’élève contemplera ces amphores chan-
tées par Horace, ces clepsydres qui mesuraient
le temps, ces vases funéraires qui renfermaient
les cendres des aïeux. Tous, en un mot, goûte-
ront cette vive jouissance qui consiste à recon-
struire les siècles éteints et à faire revivre par la
pensée les usages oubliés.

Mais si la Société des Amis des Arts a songé au
passé, elle n’a point oublié non plus le présent;
et à côté des richesses entassées par les généra-
tions précédentes elle a placé, dans des salles
spéciales, les œuvres contemporaines. La pein-
ture, la sculpture, la gravure et le dessin comp-
tent plus de deux cents numéros; et ici encore,
nous éprouvons le regret de ne pouvoir nommer
et apprécier toutes les toiles remarquables qui
ont attiré nos regards. Contentons-nous de dire
que nos artistes Orléanais sont là dignement
représentés, et que tous les étrangers invités par
la Commission à envoyer leurs ouvrages se sont
empressés, malgré l’ouverture de l’Exposition de
Paris, de prêter leur concours à notre fête artis-
tique d’Orléans. Si les toiles y sont moins nom-
breuses que lors de l’Exposition de 1866, c’est
uniquement parce que le peu d’espace réservé à
la peinture a forcé la Société à restreindre l’envoi
de ses circulaires. Mais qu’elle soit enfin en pos-
session de la salle spacieuse qu’elle réclame du
conseil municipal, et alors elle pourra donner à la
peinture une place plus considérable; et les
tableaux, exposés dans un meilleur jour, se'
montreront dans toute leur splendeur.

L’art appliqué à l’industrie occupe trois salles
entières.

La céramique mériterait tout un article, et nous
pouvons à peine lui consacrer quelques lignes.
Disons au moins que personne ne passe indiffé-
rent devant les beaux produits de MM. Geoffroy
et Guérin, de Gien; devant les faïences artistiques
de M. Ulysse, de Blois, et de M. Avisseau,
de Tours; devant les belles lampes et la table
à plaques de faïence de M. le baron Louis de
la Touanne; devant les poteries de la fabrique
de M. Jacquet, d’Orléans. C’est là une industrie
nouvelle dans nos murs, inspirée par la première
Exposition de la société des Amis des Arts, et
nous sommes heureux de féliciter sincèrement
MM. Jacquet et Labadie de cette innovation qui
leur fait le plus grand honneur.

Il reste aux visiteurs à étudier l’exposition des
travaux des Écoles. Nous avons remarqué là des
œuvres d’élèves qui prouvent combien les diffé-
rents établissements d’éducation, soit laïques soit
ecclésiastiques, rivalisent d’efforts. Le jury d’exa-
men décidera à qui revient la première place
dans ce concours. Pour nous, nous ne pouvons
que louer la Société de savoir exciter entre les
institutions que possède notre département une
salutaire émulation. De cette lutte pacifique naî-
tra certainement un grand bien : l’élévation du
niveau des études en ce qui touche l’enseigne-
ment du dessin et des arts qui s’y rattachent.

X.

UN LIVRE DE M. LAYARD 1.

Londres, 15 juin.

Si quelques-uns de nos hommes d’État cherchent
dans l’étude des arts un délassement aux préoccupa-
tions politiques, nous avons aussi ici un ministre
d’hier (un ministre de demain, sans doute) qui, tout
en s’occupant de ses travaux parlementaires, ne dé-
daigne point de temps à autre de revenir à ses pre-
mières amours.

C’est en effet par ses savants travaux sur les mo-
numents des anciennes monarchies de l’Asie que
M. Layard s’est fait connaître, c’est à lui que l’An-
gleterre doit les monuments de l’antique sculpture
orientale qui ornent le British Muséum. Si les qua-
lités de cet esprit supérieur l’amenèrent à jouer un
rôle dans la politique de son pays et à devenir, pen-
dant les ministères Palmerston et Russell, sous-
secrétaire d’État des affaires étrangères, il n’a point
pour cela déserté la cause de l’art ; chaque fois que
la question se présente dans les Communes, soit à
propos du budget, soit sous forme d’interpellations,
M. Layard intervient toujours; mais, disons-le à re-
gret, malgré l’autorité reconnue de sa parole et quel-
que justes que soient ses observations, le Parlement
ne se passionne pas pour les choses de l’art, et une
coupable indifférence le porte en général à se conten-
ter des raisons le plus souvent mauvaises que don-
nent des personnages officiels fort ignorants®, et, sans
se soucier d’un plus sérieux examen, à voter pure-
ment et simplement. De temps à autre M. Layard
nous donne ce que nous appellerions « une douceur»,

1. The Brancacci Chapel and Masolino, Massaccio and Filippino
Lippi by A. H. Layard, M. P. Printed for the Arundel Society,
24, old Bond-street, 1S68.

2. Il suffira de citer l’orateur qui, l’an dernier, interrompu au
milieu de l’apologie qu’il récitait, déclara ne répéter que ce qu’on
lui avait dit au ministère.
 
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