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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 38 (20 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0187
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1868. — N° 38.

BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.

20 SEPTEMBRE.

#

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques

ABONNEMENTS :

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries

de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,

PARIS ET DÉPARTEMENTS

publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles

Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.

de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.

et autres objets de curiosité.

Étranger, le port en sus.

Revue des Arts industriels.

LES ÉCOLES DE DESSIN

A BORDEAUX.

La distribution des récompenses aux élèves
de l’école gratuite de dessin de Bordeaux vient
d’avoir lieu, et, parmi les lauréats, nous n’en
voyons figurer aucun pour la sculpture. Pour-
quoi? C’est que la ville de Bordeaux, bien que
payant annuellement 3,000 francs à un sculpteur,
à qui elle concède de plus un superbe atelier,
n’a point d’école de sculpture. Pour l’enseigne-
ment du dessin, Bordeaux est fort en retard sur
toutes les grandes villes de France et sur elle-
même. Au xviie siècle, elle avait une académie
royale constituée en 1691 par lettres patentes de
Louis XIV, signées par Colbert et expédiées par
Mignard qui, dans un rapport, s’exprimait ainsi
sur l’importance de l’institution : « Frappé des
merveilleux effets qu’a produits dans sa capitale
l’institution d’une académie de peinture et de
sculpture, considérant les grands services qu’elle
rend, le roi, pour étendre ce bienfait à toutes les
villes du royaume, a ordonné à son ministre de
s’occuper d’institutions analogues dans les pro-
vinces et de les autoriser partout où besoin se-
rait. » Bordeaux avait été une des premières
villes pourvues de cette institution, et quelques
mois après la réception des lettres patentes,
l’académie était en pleine activité. Douze profes-
seurs, peintres, sculpteurs et architectes, ensei-
gnaient la peinture, la sculpture, l’architecture et
les sciences qui s’y rattachent. Aujourd’hui l’aca-
démie n’existe plus et un seul professeur en-
seigne le dessin à cent cinquante élèves dans
une salle provisoire prise sur l’orangerie de la
mairie! Que peut un seul professeur pour tant
d’élèves? Et que signifie un enseignement du
dessin qui ne s’appuie ni sur la perspective, ni
sur l’anatomie? La ville de Bordeaux n’a-t-elle
donc point d’artisans à qui le dessin soit utile?
ne possède-t-elle ni mouleurs, ni ébénistes, ni
sculpteurs en pierre ou en bois auxquels la con-
naissance du modelage soit nécessaire? A de
semblables questions, la réponse n’est point dou-
teuse. S’il est en France une ville à laquelle la
richesse et l’intelligence de sa population fassent
un devoir d’enseigner à tous ou à presque tous
ses enfants la langue générale et populaire du

dessin, c’est assurément Bordeaux. Pour le beau, 1
les habitants de cette ville ont un goût naturel
que ses monuments et ses places publiques at-
testent hautement. L’argent que des vins renom-
més apportent dans les familles s’y dépense
volontiers en ces mille objets qui charment le
regard et élèvent l’intelligence. L’industrie de
luxe, qui donne un salaire considérable eu égard
au peu d’efforts matériels qu’elle exige, ne de-
manderait pas mieux que de s’y développer,
sûre qu’elle est d’y trouver un placement assuré
à ses produits. Les tapis si estimés de M. Laro-
que, les peintures sur verre si renommées de
M. Villiers et de M. Lieuzère, les porcelaines de
M. Veillard, les sculptures ur bois et sur pierre
de M. Laguier et le goût parfait des meubles
fabriqués à Bordeaux en sont une preuve-for-
melle. A ces industriels courageux, il faut des
aides instruits; et Bordeaux hésiterait à les leur
donner lorsque partout, en Europe, l’enseigne-
ment du dessin est la grande question à l’ordre
du jour? Nous nous refusons à le croire.

Les étrangers veulent arracher à la France le
sceptre des arts, qu’elle détient depuis plus de
deux siècles. Dans ce but, tous les peuples que
nous sommes habitués à rencontrer sur les mar-
chés du monde fondent des musées et des écoles
de dessin ; et, à cette heure même, la Belgique
provoque chez elle un congrès pour étudier la
question de l’enseignement. En face d’un pa-
reil mouvement, Paris s’est ému et s’efforce de
réorganiser ses écoles : son budget municipal,
pour le dessin, qui n’était en l'862 que de
68,000 fr., s’élève aujourd’hui à 320,000 fr.;
ses écoles, qui n’étaient alors qu’au nombre
de 133, atteignent actuellement le chiffre de 223.
Presque toutes nos grandes villes ont suivi
cet exemple donné par Paris, et, à Bordeaux,
personne n’ignore les efforts considérables tentés
récemment à Limoges par des citoyens dévoués
à la chose publique. L’opulente ville de Bor-
deaux voudrait-elle rester en retard sur ses ri-
vales? Elle serait d’autant plus coupable qu’elle
a peu de dépenses à faire pour relever le niveau
de l’enseignement dans ses écoles. Il ne s’agit
point pour elle de créer, mais simplempnt de
développer des institutions déjà existantes, de
mieux régler l’emploi de ses forces par des ré-
formes adoptées depuis longtemps en principe,

I et d’exiger que le professeur de sculpture qu’elle
paye, que des architectes, qui gagnent par elle
des sommes considérables, enseignent les notions
de leur art.

Nous ne terminerons pas ces quelques lignes
sans unir notre faible voix à celle de M*r Donnet,
demandant pour les œuvres admirables que la
ville possède, un local qui les garantisse d’une
destruction certaine. On sait que depuis l’in-
cendie de 1862 , les tableaux du musée sont
accrochés dans une baraque en planches, inca-
pable de les défendre contre les brusques chan-
gements de la température, contre les grandes
chaleurs et les froids excessifs. Cette situation
provisoire ne peut se prolonger plus longtemps;
et tous ceux que les arts intéressent sauront
certainement gré à Msr Donnet d’avoir, dans une
solennité qu’il présidait, osé rendre la munici-
palité responsable des désastres qui peuvent
arriver si bientôt on ne construit pas un mu-
sée, si on continue à laisser de semblables
trésors dans une baraque où ils se détériorent
rapidement, ce qui est vraiment une honte pour
une ville comme Bordeaux. Ce vœu et celui de
voir réorganiser les écoles de dessin seront-ils
prochainement réalisés? Nous osons l’espérer,
l’honneur et l’intérêt de Bordeaux demandant
une prompte solution.

Émile Galichon.

TROISIÈME EXPOSITION NATIONALE

DE PORTRAITS

A SOUTH-KENSINGTON.

Londres, 12 septembre 1868.

Cette exposition a été fermée il y a quelques jours,
je l’avais oubliée, on oublie si vite ceux qui ne sont
plus! Cependant elle n’était pas moins intéressante
que ses devancières, car on y retrouvait les portraits
de personnages qui, pour beaucoup de visiteurs, ont
été des contemporains, et enfin les délaissés des
périodes précédentes étaient venus prendre leur place.
Commençons donc par eux.

Holbein, qui avait été si admirablement représenté
en 1866, a encore quelque très-bons portraits, le
John Reskimer, une des premières œuvres du maître
exécutées en Angleterre, et dont le dessin existe à
 
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