DOI Heft:
Nr. 23 (7 Juin)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0127
1868.
N° 23.
BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.
7 JUIN.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET
DE LA CURIOSITÉ
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.
Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.
ABONNEMENTS :
PARIS ET DÉPARTEMENTS
Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.
Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.
LES TAPISSERIES
DU MOBILIER DE LA COURONNE.
Tout récemment, à propos d’un voyage offi-
ciel à Orléans, l’administration du Mobilier de
la Couronne fit décorer le porche et la nef de
la cathédrale de tapisseries choisies parmi les
plus précieuses que possède ce riche magasin.
Un amateur d’Orléans nous ayant demandé à
ce propos des renseignements précis, nous nous
sommes adressé à M. Williamson, conservateur
et administrateur du Mobilier de la Couronne.
Voici l’intéressante réponse que nous avons re-
çue :
Porche extérieur.
Côté droit.
1. L’Évanouissement d’Esther, d’après Ant. Coypel.
— 2. Héliodore battu de verges, d’après Raphaël. —
3. Le Lavement des pieds, d’après Restout. — 4. L’In-
cendie du bourg, d’après Raphaël, exécutés aux Go-
belins.
Côté gauche.
5. La Messe de Rolsène, d’après Raphaël. — 6. Le
Jugement de Salomon, d’après A. Coypel. — 7. La
Vision de la croix de Constantin, et 8. Saint Léon arrê-
tant Attila sous les murs de Rome, d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins.
Nef.
Côté droit.
9. L’Incendie du bourg (répétition) et 10. Saint
Léon arrêtant Attila (répétition), d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins. — 11. Élymas le magicien.—
12. La Mort d’Ananias et 13. Saint Paul prêchant à
Athènes, d’après Raphaël, exécutés à Mortlake (An-
gleterre). — 14. La Pêche miraculeuse et 15. Le Re-
pas chez le Pharisien, d’après Jouvenet, exécutés aux
Gobelins.
Côté gauche.
16. L’Incendie du bourg (répétition) et 17. La
Messe de Bolsène (répétition), d’après Raphaël, exé-
cutés aux Gobelins. — 18. Saint Paul et saint Barnabé
à Lystre. — 19. Le Christ remettant les clefs a saint
Pierre, et 20. La Pèche miraculeuse, d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins. — 21. La Guérison des ma-
lades, d’après Jouvenet, et 22. Le Baptême de Jésus-
Christ, d’après Restout, exécutés aux Gobelins.
Les tapisseries indiquées dans ce catalogue sous
les n05 2, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 16 et 17 ont donc été exé-
cutées à la manufacture des Gobelins, d’après les co-
pies des loges du Vatican de Raphaël;
Celles nos 1 et 6 aux Gobelins, d’après Antoine Coy-
pel ;
Celles nos 3 et 22, aux Gobelins, d’après Restout.;
Celles nos 14, 15 et 21, aux Gobelins, d’après Jou-
venet;
Celles nos 11, 12, 13, 18, 19 et 20 ont été exécu-
tées à la manufacture royale de Mortlake, en Angle-
terre, sous le règne de Charles Ier, d’après les cartons
de Raphaël placés actuellement au château de Hamp-
ton-Court.
. « En 1630, Charles I“h suivant le conseil de
« Rubens, acheta les sept cartons qui existaient en-
te core en Flandre. Le roi d’Angleterre voulait favori-
te ser dans son pays, non pas l’introduction, comme
te on l’a dit, mais le perfectionnement de l’industrie
« des tapisseries de haute lice qui se traînait depuis
« longtemps dans la routine, et il comprit que c’é-
e< taient les meilleurs modèles qu’on pût donner aux
tt ouvriers de sa fabrique de Mortlake, dans le comté
« de Surrey, dirigée par Franz Cleyn, peintre, natif
tt de Rostock. En effet, ces artisans reproduisirent
« plusieurs fois ces belles compositions, et leurs ten-
« tures, disséminées aujourd’hui dans toute l’Angle-
« terre, témoignent des progrès que stimula ce tra-
« vail. » Comte de Laborde : la Renaissance des arts
à la Cour de France, addition au tome Ier, page 967.
Cette série, ainsi que l’indique le nombre des car-
tons, comprend sept pièces; celle non envoyée 'a Or-
léans existe, dans les magasins du Garde-Meuble,
sous la dénomination de : Saint Pierre et saint Jean
à la porte Magnifique.
Chaque pièce de la série porte dans la bordure su-
périeure les armes d’Angleterre, et dans la bordure
inférieure un cartouche contenant une inscription la-
tine expliquant le sujet, suivie des mots :
Car. Rex, Reg.
Morll.
Ces sept tapisseries, acquises par le cardinal Maza-
rin après la mort de Charles Ier, ont été rachetées par
Louis XIV 50,000 francs aux héritiers du cardinal.
Elles sont inscrites sous le n° 34 à l’Inventaire gé-
néral des Meubles de la Couronne, arrêté de la main
du roi, le 31 décembre 1706 (Archives de l’empire,
section historique KK, 362).
Nous avons cherché ces tapisseries dans le
rare et intéressant volume édité, à Londres, par
S. A. le duc d’Aumale, sous ce titre : Inventaire
de tous les meubles du cardinal Mazarîn, dressé
en 1653 et publié d'après l'original conservé dans
les archives de Conclè.
Nous n’avons trouvé, page 129, la menton
que de trois de ces pièces dans l’inventaire de
1653 :
« Les Actes des apôtres. — Une autre tenture
de tapisserie à la marche fine, de laine et soie,
fabrique d’Angleterre, composée de trois pièces
représentant quelques actes des apôtres à figures
naturelles, ayant une frise de termes et festons
par les côtés, et par le haut des festons seule-
ment, et au milieu un écusson des armes d’An-
gleterre , ladite tapisserie haute de trois aulnes
deux tiers, faisant de tour, savoir :
« 1. Le Miracle de saint Pierre et saint Jean,
5 aulnes 1/3 ;
« 2. La Prédication de saint Paul, 4 aulnes 5/8.
« 3. Le Sacrifice, 5 aulnes 1/2.
« En tout quinze aulnes un tiers, un huitième
de tour doublé de toile blanche. »
Les quatre autres pièces que possède aujour-
d'hui le Mobilier de la Couronne ont vraisembla-
blement été achetées bien peu de temps avant la
mort du cardinal, car dans l’inventaire de 1661
(Mazarin était mort le 9 mars de cette année),
ces trois pièces seules figurent, et pour une
estimation de 5,500 livres.
Ph. Burty.
CORRESPONDANCE.
Montpellier, le 15 mai 1868.
Monsieur le Directeur,
Le département de l’Hérault, riche de tout temps,
s’est encore enrichi d’une manière notable dans ces der-
nières années. Les circonstances ont fait que ses vins
médiocres, mais abondants, se changeaient en or, que
les gros propriétaires devenaient millionnaires, que les
moyens voyaient doubler et tripler à leur profit le re-
venu de leurs pères, et que le simple cultivateur lui-
même, en piochant ses quelques rangées de ceps, pou-
vait faire des rêves d’opulence relative. La crue subite
du Pactole a fait sa brèche dans la frugalité méridio-
nale. L’avant-garde du mauvais luxe parisien n’a pas
attendu longtemps pour faire son entrée en campagne :
pendules de zinc, meubles éblouissants de vernis,
s’étalent dans maintes demeures, jadis à peu près
nues ou maigrement garnies des meubles produits de
l’industrie locale.
L’art a-t-il aussi une chance d’apprivoiser ces écus
nouveaux venus, d’en prélever une petite part à son
N° 23.
BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.
7 JUIN.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET
DE LA CURIOSITÉ
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.
Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.
ABONNEMENTS :
PARIS ET DÉPARTEMENTS
Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.
Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.
LES TAPISSERIES
DU MOBILIER DE LA COURONNE.
Tout récemment, à propos d’un voyage offi-
ciel à Orléans, l’administration du Mobilier de
la Couronne fit décorer le porche et la nef de
la cathédrale de tapisseries choisies parmi les
plus précieuses que possède ce riche magasin.
Un amateur d’Orléans nous ayant demandé à
ce propos des renseignements précis, nous nous
sommes adressé à M. Williamson, conservateur
et administrateur du Mobilier de la Couronne.
Voici l’intéressante réponse que nous avons re-
çue :
Porche extérieur.
Côté droit.
1. L’Évanouissement d’Esther, d’après Ant. Coypel.
— 2. Héliodore battu de verges, d’après Raphaël. —
3. Le Lavement des pieds, d’après Restout. — 4. L’In-
cendie du bourg, d’après Raphaël, exécutés aux Go-
belins.
Côté gauche.
5. La Messe de Rolsène, d’après Raphaël. — 6. Le
Jugement de Salomon, d’après A. Coypel. — 7. La
Vision de la croix de Constantin, et 8. Saint Léon arrê-
tant Attila sous les murs de Rome, d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins.
Nef.
Côté droit.
9. L’Incendie du bourg (répétition) et 10. Saint
Léon arrêtant Attila (répétition), d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins. — 11. Élymas le magicien.—
12. La Mort d’Ananias et 13. Saint Paul prêchant à
Athènes, d’après Raphaël, exécutés à Mortlake (An-
gleterre). — 14. La Pêche miraculeuse et 15. Le Re-
pas chez le Pharisien, d’après Jouvenet, exécutés aux
Gobelins.
Côté gauche.
16. L’Incendie du bourg (répétition) et 17. La
Messe de Bolsène (répétition), d’après Raphaël, exé-
cutés aux Gobelins. — 18. Saint Paul et saint Barnabé
à Lystre. — 19. Le Christ remettant les clefs a saint
Pierre, et 20. La Pèche miraculeuse, d’après Raphaël,
exécutés aux Gobelins. — 21. La Guérison des ma-
lades, d’après Jouvenet, et 22. Le Baptême de Jésus-
Christ, d’après Restout, exécutés aux Gobelins.
Les tapisseries indiquées dans ce catalogue sous
les n05 2, 4, 5, 7, 8, 9, 10, 16 et 17 ont donc été exé-
cutées à la manufacture des Gobelins, d’après les co-
pies des loges du Vatican de Raphaël;
Celles nos 1 et 6 aux Gobelins, d’après Antoine Coy-
pel ;
Celles nos 3 et 22, aux Gobelins, d’après Restout.;
Celles nos 14, 15 et 21, aux Gobelins, d’après Jou-
venet;
Celles nos 11, 12, 13, 18, 19 et 20 ont été exécu-
tées à la manufacture royale de Mortlake, en Angle-
terre, sous le règne de Charles Ier, d’après les cartons
de Raphaël placés actuellement au château de Hamp-
ton-Court.
. « En 1630, Charles I“h suivant le conseil de
« Rubens, acheta les sept cartons qui existaient en-
te core en Flandre. Le roi d’Angleterre voulait favori-
te ser dans son pays, non pas l’introduction, comme
te on l’a dit, mais le perfectionnement de l’industrie
« des tapisseries de haute lice qui se traînait depuis
« longtemps dans la routine, et il comprit que c’é-
e< taient les meilleurs modèles qu’on pût donner aux
tt ouvriers de sa fabrique de Mortlake, dans le comté
« de Surrey, dirigée par Franz Cleyn, peintre, natif
tt de Rostock. En effet, ces artisans reproduisirent
« plusieurs fois ces belles compositions, et leurs ten-
« tures, disséminées aujourd’hui dans toute l’Angle-
« terre, témoignent des progrès que stimula ce tra-
« vail. » Comte de Laborde : la Renaissance des arts
à la Cour de France, addition au tome Ier, page 967.
Cette série, ainsi que l’indique le nombre des car-
tons, comprend sept pièces; celle non envoyée 'a Or-
léans existe, dans les magasins du Garde-Meuble,
sous la dénomination de : Saint Pierre et saint Jean
à la porte Magnifique.
Chaque pièce de la série porte dans la bordure su-
périeure les armes d’Angleterre, et dans la bordure
inférieure un cartouche contenant une inscription la-
tine expliquant le sujet, suivie des mots :
Car. Rex, Reg.
Morll.
Ces sept tapisseries, acquises par le cardinal Maza-
rin après la mort de Charles Ier, ont été rachetées par
Louis XIV 50,000 francs aux héritiers du cardinal.
Elles sont inscrites sous le n° 34 à l’Inventaire gé-
néral des Meubles de la Couronne, arrêté de la main
du roi, le 31 décembre 1706 (Archives de l’empire,
section historique KK, 362).
Nous avons cherché ces tapisseries dans le
rare et intéressant volume édité, à Londres, par
S. A. le duc d’Aumale, sous ce titre : Inventaire
de tous les meubles du cardinal Mazarîn, dressé
en 1653 et publié d'après l'original conservé dans
les archives de Conclè.
Nous n’avons trouvé, page 129, la menton
que de trois de ces pièces dans l’inventaire de
1653 :
« Les Actes des apôtres. — Une autre tenture
de tapisserie à la marche fine, de laine et soie,
fabrique d’Angleterre, composée de trois pièces
représentant quelques actes des apôtres à figures
naturelles, ayant une frise de termes et festons
par les côtés, et par le haut des festons seule-
ment, et au milieu un écusson des armes d’An-
gleterre , ladite tapisserie haute de trois aulnes
deux tiers, faisant de tour, savoir :
« 1. Le Miracle de saint Pierre et saint Jean,
5 aulnes 1/3 ;
« 2. La Prédication de saint Paul, 4 aulnes 5/8.
« 3. Le Sacrifice, 5 aulnes 1/2.
« En tout quinze aulnes un tiers, un huitième
de tour doublé de toile blanche. »
Les quatre autres pièces que possède aujour-
d'hui le Mobilier de la Couronne ont vraisembla-
blement été achetées bien peu de temps avant la
mort du cardinal, car dans l’inventaire de 1661
(Mazarin était mort le 9 mars de cette année),
ces trois pièces seules figurent, et pour une
estimation de 5,500 livres.
Ph. Burty.
CORRESPONDANCE.
Montpellier, le 15 mai 1868.
Monsieur le Directeur,
Le département de l’Hérault, riche de tout temps,
s’est encore enrichi d’une manière notable dans ces der-
nières années. Les circonstances ont fait que ses vins
médiocres, mais abondants, se changeaient en or, que
les gros propriétaires devenaient millionnaires, que les
moyens voyaient doubler et tripler à leur profit le re-
venu de leurs pères, et que le simple cultivateur lui-
même, en piochant ses quelques rangées de ceps, pou-
vait faire des rêves d’opulence relative. La crue subite
du Pactole a fait sa brèche dans la frugalité méridio-
nale. L’avant-garde du mauvais luxe parisien n’a pas
attendu longtemps pour faire son entrée en campagne :
pendules de zinc, meubles éblouissants de vernis,
s’étalent dans maintes demeures, jadis à peu près
nues ou maigrement garnies des meubles produits de
l’industrie locale.
L’art a-t-il aussi une chance d’apprivoiser ces écus
nouveaux venus, d’en prélever une petite part à son