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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 15 (12 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0077
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I8GS. — N° 15.

BUREAUX: 55, RUE Y1 VIENNE.

12 AVRIL.

CHRONIQUE DES

ET

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

ARTS


Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.

ABONNEMENTS :

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.




AVIS IMPORTANT.

Le prix des collections de la Gazette
des Beaux-Arts est porté à 500 fr.
au lieu de 400. Il ne reste plus que
quelques exemplaires. Les abonnés
qui désireraient compléter leur col-
lection sont invités à faire connaître
très-prochainement les livraisons ou
volumes qui leur manqueraient. Déjà
un grand nombre de livraisons font
défaut.

LA GALERIE DE SAN DONATO.

La Gazelle, prise au dernier moment, a dû ar-
rêter ses presses pour pouvoir parler à ses lec-
teurs de la vente de la galerie San Donato, vente
capitale dans l’histoire de la curiosité par le choix
et la pureté des morceaux, vente vraisemblable-
ment surprenante par le chiffre qu’elle va pro-
duire et les comparaisons qu’elle servira à établir
avec les prix anciens^

Aujourd’hui la Gazelle prie la Chronique de
prendre la plume à son tour. Mais il se trouve
qu’elle ne lui a rien laissé à dire. Elle a signalé les
grandes galeries qu’ont traversées ces toiles illus-
tres, depuis leur sortie de l’atelier jusqu’à nos
jours, et les ventes où elles ont figuré. Le cata-
logue a relevé tous ces passages, comme avant les
paris un gentleman-rider consulte le Slud-Boock :
la Visite, de Gabriel Metsu, décrite par Smith et
gravée au xvme siècle, a l'ait partie des galeries
Schwylemburg, de la Haye, en 1735; Hœgen-
burg, d’Amsterdam, en 1743; Gaignal, de Paris,
en 1768; duc de Choiseul, en 1772; llandon de
Boisset, en 1777; Robert, en 1801 ; duc de Berry,
jusqu’en 1837.... Où ira-t-elle se fixer, cette Visite,
qui rappelle par son style arrêté et fin, discret et
ému, les trop courtes nouvelles de P. Mérimée?
Dans quelque musée national? A Londres peut-
être, où à Bruxelles? car pour ce tableau, comme
pour bien d’autres parmi cette rare réunion, la
bataille des enchères s’engagera vraisemblable-

ment d’État à État. Depuis bien des années, on n’a
guère vu passer dans les ventes que des mor-
ceaux ou d’un ordre secondaire ou d’une con-
servation peu authentique. Les plus beaux ta-
bleaux dont se soit enrichie la National Galery
lui sont presque tous arrivés par des marchés
privés.

Ici, au contraire, l’affaire va se vider au grand
jour. Plus de tactique savante, plus de sièges
patients, plus de retraites masquées et de char-
ges habiles. La victoire restera aux plus gros ba-
taillons. Le marteau de M. Charles Pillet, impas-
sible et attentif, ne résonnera qu’alors que la
dernière enchère aura retenti dans la salle
comme une dernière salve (^artillerie.

Je ne suis point dans le secret du conseil des
ministres, et j’ai quelques doutes que la Chro-
nique y pénètre; mais, quelque humble que soit
sa voix, la Chronique ne craint point de l’élever
dans cette grave circonstance, parce qu’elle se
sait l’écho de tous les amis sérieux de l’art. Oui,
chacun espère qu’un crédit spécial sera demandé
et sera accordé pour immobiliser dans nos ga-
leries nationales quelqu’un des chefs-d’œuvre
qu’offre cette galerie de San Donato. Déjà, à la
vente de la collection du duc de Berry, le gou-
vernement français pouvait acquérir pour moins
de 50,000 francs ce Congrès cle Munster, qui est
à la fois le chef-d’œuvre de Terburg et un docu-
ment historique d’une irrécusable fidélité. Le
laissera-t-on s’en aller une seconde fois? Per-
sonne ne le pense, et il faut propager de toutes
ses forces cette espérance.

J’oserais en dire autant pour l’Hobbema,
quoique nous différions un peu dans l’estime
que nous faisons de ce maître avec le rédacteur
en chef de la Gazelle. Certes, je ne puis me sous-
traire à la grande mélancolie que Ruysdael a im-
primée à certaine de ses œuvres. Mais Hob-
bema, à mon sens, domine son rival de tout ce
qui sépare un poète lyrique d’un poète élégiaque.
Ses impressions sont plus simples, sa vision est
plus nette, sa formule est plus grande. Ruysdael
a peint des épisodes, Hobbema des ensembles.
Les Dunes de Sclieweningen, que notre ami a si
bien décrites, montrent un coin de la Hollande
un jour d’orage. Mais la Forêt d’IIobbema est
la Forêt par excellence : ses arbres ont la se-
reine gravité des êtres qui ont vécu bien long-

temps, endurcis aux hivers comme aux étés, ver-
sant une ombre hospitalière sur la chaumière
qu’ils ont vu maintes fois reconstruire, servant
de trait d’union mystérieux entre la terre, ma-
trice éternelle, et l’air, infatigable générateur,
tendant leurs branches aux nids des oiseaux et
fécondant de leurs feuilles flétries sans relâche
le sol de la patrie...

Les deux paysages d'IIobbema qui figurent
dans cette galerie seraient au Louvre des mo-
dèles d’autant plus intéressants, de nos jours, que
le paysage a pris plus d’importance dans notre
école. Je suis convaincu que s’ils pouvaient être
vus dès aujourd’hui par les artistes, il se signe-
rait une pétition dans les ateliers pour qu’ils se
fixent en France "à tout prix.

Il ne me reste, je le répète, rien à ajouter aux
renseignements donnés par la Gazette. D’ail-
leurs le catalogue est paru. Les vingt-trois eaux-
fortes qui accompagnent la description écrite
donnent l’aspect de chaque tableau dans sa dis-
position principale et dans ses détails importants.
M. Bracquemond a accompli en dix jours et dix
nuits un véritable tour de force. Il a fait preuve
d’autant de décision dans la pointe que d’intel-
ligence dans le choix de ce qu’il devait négliger
ou rendre et dans la brève indication de l’effet.

Ainsi qu’il le dit dans une page très-mesurée
qui ouvre le catalogue, M. Francis Petit est ap-
pelé, pour la première fois, à diriger une vente de
tableaux de l’école ancienne. Nous l’avons suivi de
trop près dans sa carrière d’expert, depuis bientôt
dix ans, pour ne pas être certain du succès qui
l’attend. On ne s’improvise pas plus expert pour
les ventes publiques que marchand de tableaux :
ici comme là, il faut à une honorabilité parfaite
joindre l’autorité du goût, l’expérience, la discré-
tion et une certaine passion pour sa profession
même. Il faut, tout en respectant les préférences
du client, lui faire toucher du doigt les beautés
cachées d’une œuvre, les qualités d’un maître. Il
faut encore, aujourd’hui que la spéculation fait
irruption dans les domaines les plus paisibles,
donner de sages conseils et réfréner des ardeurs
trop impatientes. Toutes ces qualités et d’autres
encore qui sont toutes personnelles, telles que
l’activité, l’urbanité, la patience à toute épreuve,
M. Francis Petit les déploie depuis bien des an-
nées dans l’expertise des tableaux modernes. On
 
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