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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 31 (2 Août)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0159
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1868.

Ne 31.

BUREAUX : 55, RUE VIVIENNE.

2 AOUT.

CHRONIQUE DES ARTS

E T

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.

ABONNEMENTS :

PARIS ET DÉPARTE MEN T S

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.



L’ART DE L’ÉMAIL L

Au commencement de cette année, M. C'au-
dius Popelin fit, dans les salles de VUnion cen-
trale des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie, une
« leçon )> sur l’Art de l’émail. Le public était
nombreux. Les applaudissements ne lui furent
pas ménagés et il put remarquer parmi les plus
vifs ceux de ses émules mêmes dans cet Art de
l’émail, à la renaissance duquel il a si bravement
travaillé.

Un éditeur a demandé à M. Claudius Popelin
de publier le texte même de cette « leçon ». Le
livre vient de paraître, imprimé par D. Jouaust
avec ce soin, cette intelligence typographiques
qui marquent aussi une renaissance de l’Art de
l’imprimerie. Il est orné de têtes de chapitre, de
culs-de-lampe, de lettres, de sujets dessinés par
M. Popelin lui-même et gravés par M. Prunaire.

C’est de ce livre, aussi précieux pour les biblio-
philes qu’utile aux praticiens, que nous déta-
chons les chapitres qui suivent.

Pli. B.

Et d’abord, qu’est-ce que l’émail?

Nous commencerons par une définition. Bien défi-
nir, c’est connaître : Definitio quœdam est cognilio,
a dit à peu près Aristote, personnage digne de
créance.

Permettez qu ici je consulte un livre que j’ai publié
naguère sous ce titre : L’Émail des Peintres.

’ « L’émail est un verre fusible à basse température,
« composé en général par le mélange de divers borates
« et silicates. Ce mélange, primitivement incolore, se
« combine avec la plus grande facilité, sous l’influence
« d’une opération pyrotechnique, à tous ou presque
« tous les oxydes métalliques, et acquiert alors, selon
« la nature de ces oxydes, des colorations variées,
« éclatantes ou adoucies, franches ou rompues, que
« l’artiste peut varier à son gré, et qui mettent à sa
« disposition la palette la plus riche en tons de toutes
« sortes. »

Cette définition est un peu longue; mais j’ai tenu
à ce qu elle fût complète, en vertu de l’axiome sus-
énoncé. Ainsi, avant tout, l’émail est un verre. J’in-

L L Art de l Émail. Leçon faite à l'Union centrale des
Beaux-Arts, le G mars 1868, par Claudius Popelin. Paris,
Dupuis, éditeur. Papier vergé. Titre à deux couleurs.
Tirage à petit nombre.

siste sur ce fait, parce que je veux aussi avant tout
que le peintre en émail soit un verrier.

Ce verre est composé avec de l’acide boracique et
de l’acide silicique combinés à des bases : soude, po-
tasse, chaux, magnésie, alumine, manganèse, oxyde
de plomb, de fer, de zinc, formant, selon les combi-
naisons, des boro-silicates de soude, potasse, chaux,
magnésie, etc.

Ces sels sont plus ou moins fusibles, selon qu’ils
sont plus ou moins alcalins, c’est-à-dire à base de
soude ou de potasse. Ils sont plus ou moins réfrac-
taires, selon que l’acide est dominant. Ils communi-
quent leurs propriétés aux vitrifications qu’ils engen-
drent. Ainsi le borate de soude, à cause do sa base,
nous servira pour augmenter la fusibilité des émaux ;
toute adjonction de silice la diminuera.

L’expérience nous apprend d’ailleurs, tout le parti
que nous pouvons tirer des mélanges des différentes
bases. Nous avons donc les ingrédients qui, à l’aide
du feu, composeront un émail, verre incolore ou à peu
près. C’est ce que nous nommerons le fondant, le
corps même de l’émaillerie.

Il ne s’agit plus que de lui communiquer des colo-
rations.

Si vous vous rappelez ma définition, vous savez
que ce mélange, primitivement incolore, se combine
avec la plus grande facilité, sous l’influence d’une
opération pyrotechnique (c’est-à-dire obtenue par le
feu), à tous ou presque à tous les oxydes métalliques.
C’est que le verre de borax a cette propriété, si pré-
cieuse pour nous, de dissoudre à chaud la plupart des
oxvdes métalliques. Les oxydes métalliques sont les
couleurs de notre art. Combinés avec les boro-sili-
cates dont je vous ai entretenus, ils donnent lieu à
des phénomènes tels que les suivants :

L’oxyde de cobalt colore le verre en bleu.

L’oxvde de chrome en vert.

L’oxyde de cuivre en rouge et en vert marin.

L’oxyde de manganèse en violet.

L’oxyde de fer en vert-bouteille, en jaune verdâtre
et en rouge.

Les oxydes de zinc et de fer ou zincate de fer en
jaune d’ocre.

L’oxyde de nickel en vert-émeraude clair.

Le chlorure d’argent en jaune.

Le sulfure d’argent en rouge.

Un stannate d’or, c’est-à-dire un sel d’étain et d’or,
connu sous le nom de pourpre de Cassius, du nom
de son inventeur, et obtenu à l’aide d’une opération
chimique très-délicate, colore la masse du fondant en
rouge d’un très-vif éclat, qui peut, dans quelques cir-
constances, avoir l’intensité d’un pourpre violet, et
môme tourner au bleu.

L’antimonite de plomb et l’antimonite de zinc don-
nent tous deux du jaune.

L’antimonite de cobalt du vert foncé.

L’antimonite de cuivre du vert-pistache.

L’antimonite de peroxyde de fer du jaune de cire.

Voilà donc cinq tons simples : bleu, vert, rouge,
violet et jaune; plus des demi-tons, si j’osais dire
ainsi : vert-bouteille, vert-marin, vert-pistache, jaune
verdâtre, dont les différents mélanges, les superposi-
tions et l’emploi plus ou moins épais donnent une
gamme infinie de colorations variées, éclatantes ou
adoucies, franches ou rompues, comme nous l’avons
dit dans notre définition, et que l’intelligence, le goût,
la science de l’artiste, sauront plus ou moins bien
exploiter.

Le noir s’obtient par le mélange de bleus, verts et
violets foncés pilés ou refondus.

Ces verres colorés sont transparents; ils communi-
quent leur coloration aux surfaces qui leur sont sous-
jacentes, avec d’autant plus d’éclat et de pureté que
ces dernières sont plus blanches. Veuillez bien noter
ce fait, car il est important.

L’oxyde d’étain a la propriété de donner au verre
de borax une semi-opacité affectant ces effets d’irisa-
tion qui caractérisent l’opale, et qu’il perd combiné
au plomb et introduit dans les fondants pour leur
communiquer une blancheur très-vive absolument
opaque à une assez mince épaisseur.

Autre fait non moins important, car c’est sur lui
qu’est assise toute notre théorie de peinture. Cet émail
blanc, incorporé dans les émaux translucides, les rend
opaques.

L’émail s’emploie sur la terre, sur le verre et sur
les métaux. L’émaillerie métallique se subdivise à son
tour en émaux cloisonnés et champlevés, en émaux de
basse-taille ou de relief et en émaux peints.

Les émaux cloisonnés sont des émaux fondus dans
des cloisons de métal dont les parois, plus ou moins
minces, laissent apparaître leur.arête supérieure, qui
forme ainsi des linéaments circonscrivant des pâtes
colorées dans des configurations préétablies.

Quelquefois ces cloisons sont soudées au métal du
fond, et elles sont alors très-minces. Quelquefois elles
sont obtenues par l’abscission du métal dans lequel
le burin oif l’eau-forte les épargne. On les nomme alors
émaux en taille d’épargne ou champlevés.

D’autres fois, des figures ou des ornements sont
gravés dans la feuille métallique, et les émaux, qu’on
a soin alors de prendre translucides, communiquent à
ces gravures, selon qu’elles sont plus ou moins creu-
ses, un modèle coloré plus ou moins accentue. C’est
ce qu’on nomme des émaux de basse-taille. On les
 
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