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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 20 (17 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0109
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1868. — N° 20.

BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.

17 MAL

LA

CHRONIQUE DE

ET

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.





Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques

ABONNEMENTS :

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries



de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,

PARIS ET DÉPARTEMENTS

publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles



Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.

de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.



et autres objets de curiosité.

Étranger, le port en sus.

Revue des Arts industriels.





EXPOSITION DE L’ACADÉMIE ROYALE

DE LONDRES.

L’Académie royale a entr’ouvert avant-hier ses por-
tes au public d’élite que ses membres convient à l’ex-
position particulière ou ce private view » qui précède
l’admission du commun des mortels dans ce temple
de l’art.

Cette année, la solennité avait presque un caractère
exceptionnel : l’Académie est centenaire. Elle nous
semble n’avoir de cet âge vénérable que toutes les
qualités qui commandent le respect, sans avoir perdu
la plus mince parcelle de ce feu sacré de la jeunesse
qui pousse à suivre avec ardeur la voie du progrès.
De plus, des artistes étrangers ont été admis pour la
première fois à envoyer leurs œuvres, et MM. Levs'et
Édouard Frère ont répondu à l’appel de leurs con-
frères anglais.

Sans entrer ici dans une description critique des
œuvres exposées, soin qui appartient à notre ami et
collaborateur Burtv, qu’il nous soit permis de consta-
ter, non sans un vif plaisir, le progrès sensible qui
caractérise, cette année, la peinture au Salon anglais.

Il n’y a pas de pays au monde où il soit fait plus
qu’en Angleterre pour l’art, mais aussi où il soit fait
moins bien. L’aristocratie se borne presque toujours
à manifester son patronage par l’achat d’œuvres des
maîtres anciens, elle ne demande guère à l’art mo-
derne que la satisfaction d’une de ses plus chères va-
nités, l’exécution d’un portrait ou d’unbuste; disons-
le hardiment, elle ne s’adresse pas toujours pour cela
aux talents véritables, mais, si je puis dire ainsi, à
une coterie d’artistes que recommandent des liens de
famille, des sympathies politiques ou une fantaisie de
la mode. Le véritable peintre travaille plutôt pour
l’aristocratie du commerce et de la finance, qui, tantôt
par un sincère amour de l’art, d’autres fois par pure
vanité, se plaît à orner de tableaux ses splendides
demeures. Une précieuse qualité manque malheureu-
sement souvent à ces amateurs improvisés : le goût,
et l’artiste est parfois obligé de faire de cruels sacri-
fices à ses idées, à ses convictions, pour satisfaire à
des fantaisies bizarres, à des erreurs d’esprit qui sont
presque des hérésies. Enfin la littérature de roman et
de mauvais vers, qui émeuvent les mères et font rê-
ver les jeunes filles et faussent leur jugement, a ici
un succès fâcheux qui pousse trop fréquemment l’ar-
tiste à y puiser ses sujets au lieu de chercher dans
les annales de l’histoire et de la foi de plus hautes et
plus saines aspirations. L’Anglais n’est pas hislorical,
il est, non pas môme romantique, mais romancier, en
littérature, en peinture et en musique.

Ce qui manque ici, tant chez les artistes que dans

les classes riches, c'est une plus forte éducation de
l’esprit, qui existe sans doute, mais exceptionnelle-
ment.

Les études de nu, qui jadis ne sortaient point de
l’atelier, commencent à se montrer, mais elles ont en-
core de nombreux adversaires. Ils disent : Ce sont des
œuvres corruptrices. Comme si la beauté de la forme,
lorsque le génie ou seulement le talent l’expriment
sur la toile ou dans un marbre, pouvait inspirer autre
chose à l’esprit qu’une admiration et un enthousiasme
dégagés de toute idée matérielle!

Si déplorables que soient à l’art de pareils défauts,
il n’y en a pas moins, en ce ..pays, de grands artistes
cpii font de la très-bonne peinture.

M. Millais a une importante composition, mais le
sujet, de source poétique, nous fait préférer de beau-
coup ses Deux Invalides' dbhj feenwich en contempla-
tion pieuse et patriotique devant le tombeau de Nelson.
Il a encore Stella, une piquante figure de soubrette ;
les portraits de ses trois petites filles, charmantes en-
fants au visage mutin, enfin son Souvenir de Velas-
quez, une fillette dans le goût de la petite Infante du
Louvre. Quand on se souvient ainsi d’un maître, on
est maître soi-même.

Lorsqu’on comprend Shakspeare pour nous don-
ner, comme M. Cope, un Othello de théâtre forain, ou,
comme M. Maclise, pour produire une composition
cadavérique semblable à son Sommeil de Duncan,
l’ombre du grand poète doit frissonner dans sa tombe.

M. Frith n’a pas donné une œuvre à sensation,
mais le spirituel artiste a mis son esprit et son talent
dans son Sterne regardant la fille d’auberge en France
et aussi dans Avant le dîner chez Bosicell, où sont
réunis Johnson et Garrick, Reynolds et Goldsmith.

M. Pool a un tableau aussi original que son esprit.
M. Landseer a encore un tableau gris comme l’an der-
nier, ce n’est qu’un demi-deuil cependant. M. Leigh-
ton, un des partisans du nu, ne semble pas, sous le
soleil de la Grèce, avoir amélioré son dessin et son
coloris; de ces quatre toiles, son Jonathas nous paraît
la plus remarquable.

La Shy pupil ou plutôt la leçon de danse, de M. Sto-
rey, sera un des plus francs succès du Salon anglais.
51. Calderon a trois très-bons tableaux, le torse de
son (JE'noue est admirable, la chair est vivante sous
la légère mousseline qui la recouvre. M. Prinsep et
51. Poynter sont des débutants d’hier, mais ils sont
dans la bonne voie. M. Leslie a un petit portrait gior-
gionesque de sa nièce, et, dans sa composition du
Manchot, une de ces délicieuses figures de jeunes
filles dans l’élégant costume du siècle dernier.

Les portraits : il y a ceux de MM. Watts et Wells,
mais après?

Ne courons pas plus longtemps du reste sur les
terres d’un ami; disons seulement qu’on peut cette
« season » passer une fort agréable journée à l’Aca-
démie et en sortir avec le désir d’y revenir.

Le dîner annuel donné par les académiciens hier
soir a été des plus brillants; le prince de Galles y assis-
tait, et pour la première fois un artiste étranger avait
été convié. M. Leys a eu la primeur de cette cour-
toisie internationale. Le prince, dans son « speech, »
a fait une aimable allusion aux tableaux étrangers, et
le président de l’Académie, sir Francis Grant, a pro-
noncé un discours excellent, dont je donnerai seule-
ment le passage suivant comme intéressant particu-
lièrement nos artistes français:

« L’Académie a pris de nouvelles mesures impor-
tantes, qui, je le crois, ajouteront à l’éclat de l’insti-
tution : l’une qui n’a été que dernièrement arrêtée
causera, j’en suis convaincu, la plus vive satisfaction
tant en Angleterre qu’à l’étranger. Nous avons établi
pour la première fois une classe de membres hono-
raires étrangers. (Applaudissements.) J’espère que la
mesure sera acceptée par toutes les académies étran-
gères comme une preuve, peut-être tardive mais du
moins sincère, de reconnaissance pour les marques
de courtoisie que nous en avons sans cesse reçues.
(Applaudissements.) Je prévois que l’exposition an-
nuelle d’un certain nombre d’ouvrages d’artistes
distingués qui formeront la classe des membres
honoraires n’ajoutera pas seulement un grand attrait
à notre exposition, mais exercera une haute influence
sur le progrès de l’art. (Applaudissements.) Certes
nous recevrons beaucoup d’eux, mais, sans trop
de vanité, nous espérons qu’ils trouveront quelque
chose à nous emprunter. (Applaudissements.) Le résul-
tat que nous pouvons attendre de cet échange d’idées
et de travaux devra, ce me semble, contribuer au
progrès de l’art- dans tous les pays. (Applaudisse-
ments.) w..

LES ÉCOLES FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRES

EN 1867,

PAR M. A. BONNES1.

L’Exposition de 1867 a justement préoccupé tous
les esprits qui s’intéressent aux arts. Réunion de
toutes les écoles de peinture de l’univers, elle a été
une occasion unique de comparaisons faciles, de rap-
prochements instructifs. Aussi serait-il curieux, im-
portant môme, de rassembler en volume les opinions
de tous ceux qui ont acquis le droit de parler sur ces

1. Paris, E. Dentu, éditeur.
 
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