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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 10 (8 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0047
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j 868. — N° 10.

BUREAUX: 55, RUE Y1 VIENNE.

8 MARS.

LA

E T

DE LA CURIOSITE

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.


Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.

ABONNEMENTS :

P A R I S K T !) É P A R T E M E X T S

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.



L’EXPOSITION DU CERCLE DES ARTS.

L’Exposition annuelle du Cercle de la rue de
Choiseul est ouverte depuis quelques jours.
Elle est, comme l’on sait, demi-privée, demi-
publique, c’est-à-dire que pour y pénétrer il
faut présenter une carte, délivrée très-libérale-
ment, soit directement par les membres du
cercle, soit par le secrétaire, à qui Ton en fait
la demande par écrit.

La galerie est dans les meilleures conditions
pour faire valoir les peintures. Elle n’est ni trop
longue, ni trop large, ni trop haute. Le jour
est tamisé par un vélum blanc, qui enlève à la
lumière sa crudité et rappelle le jour discret et
égal des ateliers de peintres. Cette galerie est
séparée en deux par une sorte de salon carré en
miniature, qui permet d’isoler lesœuvresde choix
ou d’un ordre particulier. L’architecte chargé de
reconstruire pour le Cercle, qui va être expro-
prié, sa future galerie, ne pourra mieux faire
que d’imiter celle-ci, qui se prête également bien
aux concerts et aux représentations théâtrales.

Cette année, revenant à une pratique qu’ils
avaient malencontreusement abandonnée pen-
dant un ou deux ans, les membres du comité
ont délégué l’ensemble de leurs pouvoirs à
M. Francis Petit. C’est le meilleur moyen de
composer une exposition qui offre un attrait
réel. En effet, quel que soit le mérite éminent
de quelques-uns d’entre eux, peintres ou sculp-
teurs, les membres du Cercle ne sauraient arriver
à former avec leurs seules œuvres une exhi-
bition, ou assez nombreuse, ou assez variée. Les
compétitions d’amour-propre viendraient d’ail-
leurs entraver les meilleures dispositions. Déjà
le règlement, — que je trouve, du reste, regret-
table, et dont l’application stricte a déjà éloigné
un artiste très-important à étudier, dans l’en-
semble de son œuvre, M. Gustave Aloreau,—
déjà ce règlement limite à trois les envois. Il
faut donc mêler à ces tableaux terminés de la
veille des œuvres de maîtres consacrées par la
discussion. M. Francis Petit, par ses relations et
son tact, est mieux à même que personne de
demander cet appoint aux plus riches cabinets
de la France et de l’étranger.

Il y a cette année 85 peintures à l’huile,
12 dessins et aquarelles, 6 sculptures, un cadre

d’eaux-fortes de notre collaborateur Jules Jac-
quemart, d’après les armes de la collection du
comte de Nieuwerkerke, président du Cercle;
enfin 9 peintures anciennes.

J’approuve peu l’adjonction de peintures an-
ciennes. Si elles sont de premier ordre, —ce
qui n’est pas le cas, — elles gênent singulière-
ment les peintures plus récentes. Si elles sont
secondaires, elles disparaissem sans fruit dans
l’ensemble. Il serait bien préférable que le cercle
adoptât le principe de deux exhibitions par an-
née, l’une au printemps d’œivres modernes,
l’autre à l’automne d’œuvres anciennes. C’est
ainsi qu'agissent les Anglais, et, au moyen des
exhibitions rétrospectives, ils sait arrivés à voir à
Londres la plus grande partie des chefs-d’œuvre
que possède’ 1 Angleterre. De bonnés~Jn^1rieV
perpétueraient la trace de as tableaux, en don-
neraient la description, l’histoire, et doubleraient
le charme des souvenirs. Elles fourniraient, de
plus, d’utiles renseignements à la critique, qui,
faute d’un catalogue à «consulter, ne s’occupe
guère des expositions, dailleurs si intéres-
santes, du Cercle, dont nom parlons en ce mo-
ment.

Les tableaux anciens expesés ici sont presque
tous des portraits; ils sont âtribués à Vélasquez,
Vanloo, Terburg, Rigaud, Pget et Drouai.

Les sculptures sont de MM. Bartholdi, une
réduction de son monumeit de Martin-Schœn,
et de M. Frémiet, des buste et des animaux.

Les dessins et les aquaelles sont d’Eugène
Delacroix, un Tigre coud, de MM. Brown,
Brandon, Couture, Ph. Rouseau, Wyld, Isabey,
et de la princesse Mathile. Deux admirables
aquarelles de M. Eugène Lmi, Louis XV et le
Régent au Grand-Trianon, loriquièrent tous les
suffrages. C’est de la peiture large, colorée,
spirituelle et vivante, et ue merveilleuse com-
préhension de la société lu xvme siècle. Les
vignettes, par le même mare, destinées à orner
un exemplaire unique dellanon Lescaut, sont
du caractère le plus touchât.

Les eaux-fortes de M. Jaquemart sont d’une
justesse de dessin irréprocable et d’une finesse
de pointe qui confond Imagination. Tout est
rendu, aspect et détails, ait et couleur. Cette
suite lui fait le plus grandionneur.

Parmi les tableaux de [intres morts, je note

d’Eugène Delacroix le Marino Faliero et le Combat
du Giaour (galerie Péreire), l’admirable Prison-
nier de Chillon, qu’il a dessiné jadis sur bois
pour le Magasin pittoresque (galerie Moreau) ; un
Lion déchirant un Arabe (de la galerie Monjean),
qui est un de ses chefs-d’œuvre; un Goetz de Ber-
lichingen, qui n’est pas de son meilleur temps, et
une assez jolie Fiancée d’Abydos; — de De-
camps, un Paysage d’Asie Mineure, d’un grand
aspect ; — de Théodore Rousseau , presque au-
tant de chefs-d’œuvre que de toiles : d’abord, la
Grande Allée de Vile Adam, qui appartient à
M. Van Praet, de Bruxelles, ainsi qu’une Clai-
rière, qui a été lithographiée par Français, et
dont le ciel est l’idéal de la légèreté et de la ri-
chesse ; puis la Mare, avec une femme assise, en
jupon rougeytT un Soleil couchant, dont les pre-
miers plans sont surprenants, mais dont le ciel
est lourd et louche. — Les Troyon sont mé-
diocres.

Les peintres vivants, et plus ou moins mem-
bres du cercle, ont d’excellents envois : tels sont
ceux de M. Dupré, paysages robustes, dont les
tons bleus et blancs parviennent parfois à l’effet
de la majolique, mais qui sont d’un dessin accen-
tué et d’une composition savante. Le Grand Lac,
de M. Corot, qui a paru dans la Gazette, gravé
par Bracquemond, demeure une de ses meil-
leures compositions, surtout à côté du Bois des
Nymphes, terne et embrouillé. — M. Gustave
Doré a tort, assure-t-on généralement, de ne
point s’en tenir à ses bois, et ses trois tableaux,
soi-disant espagnols, donnent bien raison à ces
critiques. — M. Gérome a ici ses Jeunes Grecs
faisant combattre des coqs, son chef-d’œuvre, et
bien digne du Luxembourg. — M. Puvis de
Chavannes a deux figures d’un sentiment exquis,
la Rêverie et la Vigilance. Cela est doux et
rhythmé comme des vers d’André Chénier. —
M. Bellet du Poizat a exposé un grand Paysage
hollandais, très-lumineux et très-mélancolique à
la fois. — M. Brown, qui est infatigable, a une
série de tableaux militaires qui figureront pro-
bablement au prochain Salon et attireront l’at-
tention sur ses réels progrès. — Enfin, le Cercle,
qui veut rester en dehors des querelles d’écoles,
a accueilli de M. Manet son Joueur de guitare
et une Étude de nature morte d’un ton très-
énergique.
 
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