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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 18 (3 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0098
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LA CHRONIQUE DES ARTS.

Dans le département de l’Aube, indépendamment
de Troyes dont il a parlé, nous retrouvons trace d’un
établissement intéressant; voici les lettres patentes
qui devaient le protéger :

« Louis, par la grâce de Dieu, etc. Notre cher et
bien-amé le sieur Gédéon-Claude Lepetit de Lavaux,
baron de Mathaut, paroisse située en Champagne sur
la rivière d’Aube, nous a fait représenter qu’il avait
trouvé dans ladite paroisse un canton dont la terre
était très-propre à faire de la faïence, suivant l’épreuve
qu’il en avait faite; que ladite terre étant voisine de la
forêt de Rians, il y trouverait le bois nécessaire sans
nuire à la consommation du pays et à l’approvisionne-
ment de "’aris; que d’ailleurs l’établissement d’une
manufacture de faïence ne pourrait être que d’une
très-grande utilité dans le pays, qui se trouvait éloi-
gné au moins de 25 lieues de pareilles manufactures;
mais qu’il ne saurait former une pareille entreprise
sans y être autorisé, et, voulant contribuer de notre
part au succès de cette nouvelle entreprise par les
avantages qui peuvent en résulter, nous avons, par
arrest de notre conseil du 14 octobre de l’année der-
nière, statué sur les fins et conclusions de la requête
dudit sieur exposant insérée audit arrest, et ordonné
que pour l’exécution d’iceluy toutes lettres patentes
seraient expédiées...

« A ces causes, de l’avis de notre conseil..., nous
avons permis et par ces présentes permettons audit
sieur Lepetit de Lavaux d’établir dans ladite paroisse de
Mathaut une manufacture de faïence, à condition par
lui de mettre dans un an ladite manufacture en valeur
et d’avoir toujours un fourneau en travail; faute de
quoy voulons que ledit sieur de Lavaux soit déchu de
plein droit de ladite permission qui demeurera nulle
et comme non avenue; faisons, en conséquence, très-
expresses inhibitions et deffenses à toutes personnes
de quelque qualité et condition qu’elles soient, de le
troubler dans ledit établissement, ny d’en former de
semblable dans le temps 'et espace de dix années, à
trois lieues aux environs de la paroisse de Mathaut. »

Ces lettres patentes, du 26 mai 1750, enregistrées
le 6 septembre 1751, se réfèrent, comme on le voit, à
un arrêt du conseil du 14 octobre 1749, dont nous
n’avons nulle trace aux archives. Nous ne doutons pas
que l’usine de Mathaut a été mise en activité et nous
en chercherions les produits parmi les charmantes cé-
ramiques, peintes de fleurs et d’oiseaux, dont les
anses et les couvercles sont chargés de branches en
relief, vivement colorées, dans le genre des fabrica-
tions dont nous allons parler.

Dans le département de la Haute-Marne, deux cen-
tres appellent notre attention : c’est d’abord Aprey,
érigé, de 1740 à 1750, par les sieurs de Lallemand,
seigneurs du lieu, et qui a fonctionné jusqu’en 1792.
D’après les renseignements donnés par M. du Broc de
Séganges, un potier originaire de Nevers, Ollivier,
aurait d’abord dirigé la fabrique, puis en serait devenu
le propriétaire. Les archives de la manufacture de
Sèvres indiquent au contraire que, de 1774 à 1775,
l’usine aurait appartenu à un sieur de Yillehaut, an-
cien officier militaire.

Sous la direction d’Ollivier, un artiste du nom de
Jary ou Jarry peignait les charmants oiseaux et les
fleurs qui ont fait la réputation d’Aprev. Des assiettes
à ravissants bouquets nous ont montré, avec l’AP con-
jugués, marque fondamentale de la fabrique, le J,
chiffre du peintre; d’autres décorateurs ont signé:
G, L, P, V.

Mais les œuvres primitives, et ce sont générale-
ment celles où la pâte, l'émail et le décor montrent
toute leur perfection, sont constamment dépourvues
de signes; les formes, rivales de l’argenterie, sont re-
levées par des reliefs rocaille du meilleur style, et les
compositions à bosquets treillâgés ont pour motif prin-

cipal des oiseaux très-finis, vifs de ton, presque jus-
qu’à la crudité, et toujours cherchés en dehors de la
nature.

Pourquoi la fabrique d’Aprev changea-t-elle ainsi
son système anonyme contre celui des marques com-
pliquées? Cela s’expliquerait en partie par la publica-
tion de l’arrêt du conseil du 15 février 1766 qui
obligeait tout entrepreneur « à peindre, graver ou
imprimer au revers de chaque pièce de sa fabrica-
tion les lettres initiales de son nom ou telle autre
marque qu’il aura choisie; » mais on comprend encore
mieux qu’au moment où des établissements rivaux se
fondaient en Champagne, Ollivier, ou tel autre pro-
priétaire de la faïencerie primitive, cherchât à faire
reconnaître ses produits pour leur assurer le bénéfice
d’une réputation consacrée de longue date. La perfec-

C

tion de certaines pièces signées en noir AI ou g, et

que nous croyons champenoises, rendait cette précau-
tion indispensable.

La seconde fabrique de la Haute-Marne avait son
siège à Langres; ses ouvrages sont à chercher, mais
ils existent, car Gournay citait déjà cette fabrique en
1788, dans son Almanach général du Commerce, et la
liste publiée par M. du Broc de Séganges nous apprend
qu’elle travaillait encore en 1791.

Le département de la Marne vient clore la nomen-
clature des céramiques de la Champagne. Épernay
semble n’avoir jamais affronté le décor chanceux de la
faïence; ses terres cuites à reliefs annoncent parfois,
cependant, un certain goût artistique; chacun a vu de
ces terrines sur le couvercle desquelles un lièvre cou-
ché exprime la nature du contenu; les unes n’ont d’au-
tre ornement que la bête passablement modelée ; dans
quelques cas, des fleurs de lis parsèment le pourtour,
ce qui prouve que la terre d’Épernay paraissait même
sur la table royale.

Nous avons vu une œuvre plus compliquée encore:
c’est un pot à surprise dont la partie supérieure repré-
sentait un homme coiffé d’un chapeau dit à trois lam-
pions et tenant un livre ouvert; le pourtour du vase
portait, en relief, des tiges fleuries, tandis que des
souris et d’autres petits animaux grouillaient autour
du socle; sous le pied on lisait, gravé en creux : Fait
par moi Jacques Gallet, 1161. Une pièce semblable
a été publiée, avec la même date et le nom de Jacques
Guillet?

Bois d’Espenec est le dernier lieu que nous ayons
à citer; Gournay mentionnait ses produits en 1788,
et le chef de l’établissement signait aussi, en 1791, la
pétition présentée par Glot en faveur de l’industrie
céramique.

Les Ardennes, malgré leurs belles forêts, semblent
être restées en dehors du mouvement, soit que les ar-
giles figulines manquassent sur leur sol, soit pour tout
autre motif, dont la raison nous échappe aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, les six fabriques dont il vient
d’être question justifient les suppositions de M. Nata-
lis Rondot; que le savant écrivain et les amateurs de
la Champagne se mettent donc en quête, et bientôt,
sans nul doute, à côté de chacun des noms rappelés
plus haut, viendront se classer d'intéressants ouvrages
aujourd’hui déclassés.

Albert Jacquemart.

NOUVELLES.

*** L’exposition des ouvrages des artistes vivants
a été ouverte au palais des Champs-Elysées le ven-
dredi 1er mai 1 868.

Le public entre par la porte principale (côté nord).
La sortie a lieu par la porte Est (côté de la place de
la Concorde).

Tous les jours de la semaine, le droit d’entrée à
1 Exposition est de 1 fr. par personne.

Les dimanches, l’entrée est gratuite.

L’Exposition est ouverte tous les jours, de dix à six
heures ; le lundi, les salons n’ouvrent qu’à midi.

Le sénateur surintendant des Beaux-Arts a l’hon-
neur de prévenir WM. les artistes dont les ouvrages
ont été admis à l’Exposition, qu’une carte d’entrée
permanente et personnelle leur sera délivrée au palais
des Champs-Elysées, de dix à quatre heures, sur la
présentation du récépissé de leurs ouvrages, et après
1 apposition de leur signature sur un registre.

Une carte d’entrée a été mise à la disposition des
élèves de l’École impériale et spéciale des Beaux-Arts.
Cette carte leur est remise aux bureaux de l’École.

*** On lit dans le Moniteur :

« Monsieur le directeur, permettez-moi de réclamer
de votre obligeance une rectification au compte rendu,
dans le Moniteur de ce jour, de la quatrième et der-
nière séance du comité des travaux historiques et des
sociétés savantes (section d’archéologie), à la Sor-
bonne. Je n’ai pu dire que l’enlèvement des boiseries
du cbœur de Notre-Dame de Paris était le seul fait à
blâmer dans la restauration de ce monument. J'ai dit,
au contraire, que la révolution ayant dévasté la ca-
thédrale, il n’était resté en place de tout l’ancien
mobilier que les splendides boiseries données par
Louis XIV, et que ce chef-d’œuvre de menuiserie
sculptée avait été conservé avec le plus grand soin.
Mes observations avaient pour objet de repousser un
injuste reproche qu’on adressait à l’architecte d’avoir
supprimé les restes précieux de l’ancienne décora-
tion.

« Agréez, monsieur le directeur, l’expression de
mes sentiments les plus distingués,

« F. DE Guilhermy,

« Membre du comité des travaux historiques, etc. »

** La planche de la Maîtresse du Titien, gravée
par M. Danguin pour la Société française de gravure,
est terminée. Très-prochainement, les membres de la
Société recevront les épreuves de cette estampe su-
perbe qui figure au Salon et qui est en ce moment
exposée au bureau de la Gazette des Beaux-Arts. On
sait que les épreuves avant la lettre sont réservées
exclusivement aux membres fondateurs payant une
cotisation de 100 francs. Les membres associés payant
une cotisation de 50 francs reçoivent des épreuves
avec la lettre.

On s’inscrit au bureau de la Gazette des Beaux-
Arts, rue Vivien ne, 55.

** Le Préfet et la Commission des Beaux-Arts ont
reconnu et accepté, à l’Église Saint-Gervais, les pein-
tures exécutées par M. Alexandre Hesse, membre de
l’Institut, dans la chapelle de Saint-Gervais et Saint-
Protais.

Les trois sujets traités par l’artiste sont :

1° Saint Gervais et saint Protais refusant de sacri-
fier aux faux dieux ;

2° Saint Ambroise, à la suite d une vision, décou-
vre les corps de saint Gervais et de saint Piotais dans
l’église de Yabor ;

3° La Translation des saints martyrs.

BIBLIOGRAPHIE.

JOURNAUX.

Les Débats, 30 avril. — Les peintures de M. Hesse
à Saint-Gervais; les peintures de M. Cornu; la dé
coration de l’église de la Trinité, par M. Denuelle,
par M. Charles Clément. 1er mai. — Le Salon de 1868,
1er article, par M. Charles Clément.

Le Directeur : Émile Galicuon.
 
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