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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Le Men, René-François-Laurent: La cathédrale de Quimper: les maitres de l'oeuvre, les devis et les marchés
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0052

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LA CATHÉDRALE DE QUIMPER.

41

« A estre faict fourny et rendu renable 1 dedans Pasques
prouchain en ung an. i>

« Et fut présent Estienne Beaumanoir, lequel a mis le feur 2
çy dessus à fournir sellon ledit devis, à la somme de houict
vigntz livres monnoie de Bretaigne3, et deux escuz oultre hors
mains. Et si ledit feur ne luy demeure, il aura lesditz deux escuz
pour le mettre à pris. »

« A estre le poiement faict, la quarte partie le derrain * jour
de may prouchain, aultre quarte partie à la saint Michel, l'aultre
quarte partie à la Chandeleur, et le parsus, le renable rendu
dudit feur. »

0 Et sauff degect6, qui dure jusques à demain en ouict jours,
à estre faict l'oultrc celluy jour en la maison Martin Lonoré, en
ladite paroesse. »

« Ce fut faict et gréé en forme de contract, par les courtz de
Mourlaix, l'official de l'archidiacre de Pougastel6, et checune,
entre Vincent Marhec, stipulant pour Yvon Perrot, procureur
de la fabrique d'icelle paroesse, et ledit Estienne Beaumanoir, etc.,
o toutes renunciation et serment en ladite e'glise, le XXVIIe jour
de febvrier l'an mil cincq centz. Signé : P. Lagadec, signe. »

« Et dempuis, le VIIe jour de mars oudit an mil cincq centz,
pourtant que autre n'est venu degetter sur ledit feur, fut oultré
absolument audit Estienne Beaumanoir à le faire et fournir
sellon le devis cy dessus, par Yvon Perrot et Huet Stephan
procureurs de la fabricque, d'icelle' paroesse, et quant audit feur
fournir, s'est ledit Estienne oblige' et s'oblige vers lesditz procu-
reurs de la fabricque, et lesditz fabricques à le poier de ladite
somme, ès termes cy devant, o touz et checuns leurs biens et par
leurs sermentz ; grée'et jure', etc.,-oudit hostel Martin Lonoré,
lesditz jours et an etc., et desditz deux escuz qu'il debvoit avoir
oultre, a esté présentement poyé desditz fabricques, et dont se
tint pour contant et en quitte lesditz fabricques. Signé: Ernault,
passe ; P. Lagadec, signe ; J. Le Roux, passe7.

Cet acte contient un marché passé entre la fabrique et un
maître tailleur de pierres; en voici un autre plus ancien de deux
ans, et qui contient un marché passé entre deux seigneurs et un
tailleur de pierres, pour la construction d'une chapelle dépen-
dante de l'église de Saint-Melaine, de Morlaix, et à laquelle se
rapporte le titre dont j'ai donné le texte à la page 269. On peut
être certain que les marchés passés pour la construction des cha-
pelles de la nef de la cathédrale offraient, dans leur rédaction,
une grande analogie avec celui-ci:

« Le vingtième jour de febvrier l'an 1111 c 1111 xx dix-ouict,
Thomas Le Malion rist feur et marché os Nicolas Coetanlem9
et Jehan Le Borgne, présentz et acceptans, de leur faire et con-
struire leur chapelle, en l'église de sainct Melaine, sellon le devis
que ensuilt :

« C'est assavoir, le pignon sera de pierres de taille eteresthé lu
à la faezon de celluy de la chàppelle maistre Alain du Quen-
quisou. »

« Item fera deux fenestres audict pignon, checune fenestre

de deux poteaulx ", et à la largeur et faezon de la fenestre estant
audit pignon dudit du Quenquisou. »

« Item fera trois voultes, deux oudit pignon et une ou dos-
sier et mazière 12 estant entre ladite chàppelle et la chapelle dudit
du Quenquisou de la faezon et de tel oupvraige que sont les
voultes jà oupvrées en la chapelle du vicaire et Yvon Le Blons-
sart en ladite église, et seront cresthés. »

« Item la moitié de la mazière de maezonnerie commune,
estante entre la chàppelle saint Yves et icelle chàppelle desditz
Nicolas et Le Borgne et la corniche estante au bout d'icelle ma-
zière devers le cœur d'icelle église. »

« Et fera sur ladite mazière, corbellaige ou voulte, ce que
sera advisé estre plus convenable pour porter le noet13 illecques. »

« Et fournira de toutes matières ledit Malion, et à ses pro-
pres coustz et despans, et conduira aussi ladite mazière devers
ladite chàppelle dudit de Quenquisou. »

« Et à faire et fournir ladite chàppelle, de la forme surdite,
dedans la saint Fiacre prouchaine, et le rendre renable. »

« Et pour ce faire ledit Malion doibt avoir et aura desditz
Nicolas et Le Borgne, la somme de cent dix livres monnoie
et vingt quartiers froment. »

« Et oultre aura, lors que l'eupvre sera achevée, dix quar-
tiers froment, à esgard dudit Nicolas, si on voit qu'il n'y gagne-
roit oudit feur. »

« Et sera le poiement faict en la forme que ensuilt, savoir :
dix livres avant la main, et dix quartiers froment, et de laquelle
somme cognoit ledit Malion avoir eu dix-ouict livres monnoie en
pierres de taille, luy baillées par lesditz Nicolas et Le Borgne
pour ladite somme, et le parsus de ladite somme totale sera poiée,
savoir : la moitié dudit résidu à m y eupvre, et l'autre moitié
lors que ledit eupvre sera achevé; gréé et juré en mére forme1*
de contract, par les courtz de Mourlaix, l'official de l'archidiacre
de Pougastel et checune, o toutes, etc. Ce fut gréé en l'ostel
Tudgoal Ernault, oudit Morlaix lesditz jour et an. — Par autant
du registre. Signé : T. Ernault, passe »

On a sans doute remarqué, dans ce marché, la clause par
laquelle Nicolas Coetanlem promet à Thomas Le Malion de
lui payer dix quartiers de froment « si on voit qu'il n'y gaigneroit
pas oudit feur ». Cette façon de traiter les affaires, qui était
habituelle en Bretagne au moyen âge, prouve une grande con-
fiance de la part des ouvriers et une réelle générosité de la part
de ceux qui les employaient. Une semblable réciprocité de bons
sentiments explique la fréquence des conventions verbales dont
j'ai parlé plus haut.

L'observation qui précède me remet en mémoire un genre
de marchés, différent des trois précédents, et par lequel un
ouvrier s'engageait à exécuter un travail, sans stipuler de prix à
l'avance ; il s'en rapportait pour le payement à l'appréciation
d'experts, choisis par la personne qui traitait avec lui. On trou-
vera dans les deux actes suivants un curieux exemple de es
genre de marchés.

1. Ce mot, qui ne figure pas dans les anciens dictionnaires, est souvent employé dans nos titres du xv° et du tyi' siècle, tantôt comme substantif et tantôt
comme adjectif. Comme substantif, il avait la signification d' « expertise ». On disait faire le renable d'une maison nouvellement construite, et aussi du mobilier
d'un moulin. Comme adjectif, il voulait dire qu'un travail devait être terminé, et en assez bon état, pour être visité et apprécié par des experts.

2. Le marché.

f. La livre bretonne était d'un peu plus de cinq sous plus forte que la livre tournois.

4. Dernier.

5. Rabais.

6. L'évêché de Tréguier, dont les paroisses de Saint-Mathieu et de Saint-Melaine, de Morlaix, faisaient partie, était divisé en deux archidiaconés ; celui de
Tréguicr et celui de Pougastel (Pagus Castelli), ou de Plougastel (Plcbs Castelli) ; la ville de Morlaix était le chef-lieu de ce dernier.

7. Titre de la fabrique de Saint-Melaine, de Morlaix.

8. Avec.

9. Riche marchand de Morlaix, qui fit construire dans le port de cette ville, par l'ordre de la reine Anne, et approvisionner de vivres et de munitions, le navire
ou caraque la Cordelière. J'ai réuni sur ce puissant personnage un dossier de titres inédits qui seront publiés prochainement.

10. Garni de crochets ou de crosses.

11. Meneaux verticaux.

12. Muraille,
n. 1 a noue.

114. En pure ou simple forme.

15. Titre de la fabrique de Saint-Melaine.

Tome XI. , 6
 
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