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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [2]: marines
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0063

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5o L'ART.

La plus belle marine du Salon nous paraît être celle de M. Mesdag, Prêt à lever l'ancre ;
Scheveningue (Pays-Bas). C'est peut-être en même temps la plus simple, deux vaisseaux et une
très-petite étendue de mer ; rien de plus. Mais la silhouette de ces vaisseaux se détache avec un
tel relief sur l'horizon, le ton de l'eau est si juste, la facture des vaisseaux si puissante, l'harmonie
des tons si fine et si délicate, les valeurs sont si exactement distribuées, le tout est rendu avec un
art à la fois si sincère dans l'impression et si habile dans l'exécution qu'on se trouve frappé à la
fois directement par un sentiment très-précis de la réalité, et indirectement par une sorte de
sympathie avec l'artiste qui a si bien traduit le spectacle qu'il a eu sous les yeux, et qu'une fois
le tableau vu, il ne peut plus sortir de la mémoire.

Or c'est précisément cette double impression qui constitue l'impression véritablement
esthétique. L'illusion de la réalité n'y suffit pas, non plus que la préoccupation exclusive du talent
de l'artiste. Il y faut les deux éléments, se complétant, s'amplifiant l'un par l'autre ; et c'est

Les Deux Saules.
Dessin de Félix Buhot d'après le tableau d'Édouard Reynart. (Salon de 1878.)

justement pourquoi l'émotion que produit la vue des œuvres d'art est à la fois plus profonde et
plus durable que celle qui résulte du spectacle direct des choses. Il y a en plus, dans le premier
cas, un élément intellectuel, une sympathie intermédiaire qui change notablement l'impression
totale et qui lui imprime un caractère tout particulier, dont la théorie réaliste a le très-grand tort
de ne pas tenir un compte suffisant.

C'est parce que cet élément ne se retrouve pas ou se retrouve à un moindre degré dans
l'autre marine de M. Mesdag : l'Escaut (Pays-Bas), le matin, que cette seconde toile ne vaut
pas la première. La facture même en est moins puissante, la peinture moins grasse ; et ma
conviction est que cette infériorité d'exécution tient elle-même à l'atténuation de l'élément moral
dont nous signalons l'importance, et qui n'est autre que l'émotion.

M. Clays est toujours un très-habile exécutant, mais il a eu ces dernières années des
expositions supérieures à celle d'aujourd'hui. La composition de sa toile, Calme dans le Niewpe-
Maasy ne me paraît pas heureuse. J'aime mieux celle de Saardam ; j'y retrouve aussi avec
plaisir ces colorations intenses et vigoureuses qui donnent tant de relief aux navires de M. Clays,
 
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