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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Courajod, Louis: Germain Pilon et le tombeau de Birague
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Chasrel, T.: Le Musée des arts décoratifs - conférence de M. René Ménard, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0269

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LE MUSÉE DES A

RTS DÉCORATIFS.

237

De ces matériaux épars, Lenoir allait reconstituer l'œuvre
de Pilon. Mais on ne lui avait pas de'finitivement accordé tous ces
fragments. Il fallut restituer à l'arsenal une partie de la proie
qu'il attendait. Écoutons encore Lenoir :

« Le 11 dudit [prairial an II], il a été remis au citoyen Roze,
commissaire du Comité de salut public préposé à la recherche des
cuivres à l'usage des canons, savoir : cinquante-sept morceaux
de cuivre doré provenant des démolitions des tombeaux de
Saint-Louis-de-la-Culture. Plus, quatre ailes de chauves-souris
en plomb du tombeau de Birague, de Saint-Louis-la-
Culture. »

« Le 7 fructidor an II, de Saint-Louis-la-Culture, remis au

citoyen Roze deux forts morceaux, qu'il n'a pas désignés autre-
ment dans son procès-verbal. »

Nous n'avons plus aujourd'hui que les figures principales du
tombeau reconstruit, en 1785, à Saint-Paul-Saint-Louis, et
exposé par Lenoir, conjointement avec celui de Valentine Bal-
biani, de 1793 à 1816, au Musée des monuments français. Il ne
reste donc, du superbe mausolée érigé primitivement à Sainte-Ca-
therine du Val des Écoliers, que le dessin que nous publions, et
la saisissante et admirable figure de bronze, l'honneur du Musée
de la Renaissance comme elle est le chef-d'œuvre de Germain
Pilon.

LOUIS COURAJOD.

LE MUSEE DES ARTS DECORATIFS

CONFÉRENCE DE M. RENÉ MÉNARD

fsUITE1.)

Dans sa conférence du 22 août au Trocadéro, M. René
Ménard a fait valoir à l'appui de l'institution du Musée des Arts
décoratifs certaines considérations de l'ordre économique qui ont
leur valeur, mais dont il faut se garder d'exagérer la portée et
surtout de fausser la signification en attribuant à l'excellent con-
férencier, esprit éminemment libéral, des arrière-pensées aux-
quelles il est tout à fait étranger.

Jadis, a-t-il dit, insistant sur les lacunes de l'enseignement
industriel-artistique à notre époque, jadis cet enseignement se
faisait par l'apprentissage pratique. Le maître, artisan lui-même,
possédait toutes les parties de son état ; il les transmettait à son
élève, en échange du travail que celui-ci lui consacrait pendant
un certain nombre d'années. Mais ce système, qui a produit tant
de chefs-d'œuvre, est incompatible avec la division du travail. Si
la division du travail réalise une économie considérable sur les
prix de revient, il faut reconnaître que c'est, au point de vue de
l'art, une plaie cent fois pire que les plaies d'Egypte. Un objet
ressortit à vingt professions différentes, de sorte que l'enfant qui
est censé apprendre un état n'en apprend en réalité que la
vingtième partie. Comment étudiera-t-il les rapports qui consti-
tuent l'ensemble et cette harmonie sans laquelle il n'y a pas d'art ?
Des écoles de dessin lui sont ouvertes. Le matin, il reçoit l'en-
seignement pratique ; le soir, on lui donne les premières notions
de l'art. Ces études devraient être soudées l'une à l'autre ; elles
sont séparées, et il n'en saisit pas le rapport. Le voilà tout
dépaysé, et il lui semble qu'il y a en lui deux êtres différents, un
ouvrier le jour, un artiste le soir. Il trouve dans nos musées des
galeries de tableaux ; mais le but de la peinture est de produire
l'illusion et l'enfant n'y trouve aucune interprétation décorative.
Ainsi plus il fait effort pour développer en lui le sentiment de
l'art, plus il s'éloigne des applications industrielles. Il en sera
tout autrement quand il pourra voir des chefs-d'œuvre d'art
décoratif. Alors il comprendra pourquoi on lui fait dessiner une
plante d'après nature. 11 la verra sous toutes les formes, dans
toutes les matières, et alors il comprendra que si le point de
départ est toujours l'observation de la nature, la décoration exige
pourtant quelque chose de plus. Dans une décoration la plante
garde son caractère typique et pourtant cesse d'appartenir à
l'histoire naturelle. Et quand il voudra comparer l'art grec et
l'art japonais, si différents de style et pourtant partis d'un point
commun qui est l'observation de la nature pour arriver à un
point commun qui est la beauté, il comprendra cette phrase si

souvent répétée et si rarement expliquée, à savoir que « l'art est
un ».

Le Musée des Arts décoratifs est appelé à rendre de grands
services, et tout d'abord en ramenant à l'industrie beaucoup de
jeunes gens qui s'en écartent parce qu'ils ne la comprennent pas.
L'industrie est un champ très-vaste, où un grand rôle est réservé
à l'art, qui n'est point parqué dans un champ étroit et qui peut
s'appliquer à tous les objets d'un usage journalier.

Après ces considérations générales, qui ont été fort applau-
dies, l'orateur a rappelé les circonstances qui ont donné naissance
au nouveau Musée.

La France avait ses écoles et ses musées. A la première
exposition universelle, qui eut lieu à Londres en 1851, les
Anglais reconnurent la supériorité des produits de la France
sous le rapport de l'art et du goût ; ils en cherchèrent la cause et
la trouvèrent dans nos institutions qu'ils n'avaient pas; mais,
étudiant la question d'une manière plus approfondie, ils consta-
tèrent que nos musées, malgré leurs richesses, ne rendaient pas à
l'industrie tous les services que celle-ci était en droit d'en atten-
dre. C'est ainsi que mettant l'expérience à profit ils ont soudé
l'idée de collection à l'idée d'enseignement, et fondé cette admi-
rable institution du South Kensington Muséum qui est aujour-
d'hui populaire dans toute l'Europe.

Tout était à faire. Les Anglais n'ont reculé devant aucun
sacrifice, estimant que l'or affecté au relèvement de leurs indus-
tries artistiques serait non pas dépensé, mais placé à gros intérêts.
L'événement leur a donné raison. Le chiffre croissant des expor-
tations artistiques de l'Angleterre prouve que le bénéfice net est
supérieur à la dépense.

La France qui était en possession d'un monopole a vu
l'Angleterre rivaliser avec elle dans certains pays. Chez nous
quelques hommes d'élite ont signalé le fait et dénoncé le danger,
mais confiante dans les succès passés l'opinion publique n'a vu
dans le Kensington Muséum qu'un joli musée de plus, et le
prétexte d'une agréable visite pour les voyageurs qui ont du
temps à perdre à Londres.

En 1867 on a constaté les progrès accomplis. La France
gardait toujours le premier rang, mais les Anglais qui en étaient
très-loin s'en étaient sensiblement rapprochés. Les industriels
français ont commencé à s'inquiéter. Le gouvernement a compris
la gravité de la question. Il ne s'est pas contenté des rapports
officiels. Il a autorisé les ouvriers à nommer des délégués pour

1. Voir l'Art, 4e année, tome Iir, page 214.
 
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