264 L'ART.
tôme de lassitude, ou de manque de virilité'. En revanche,
beaucoup de te'moignages de confiance dans l'avenir. La société
du Musée des Arts décoratifs n'est pas la seule fondation récente
que l'on ait à signaler en France. Tous les jours on en voit
poindre d'autres qui sollicitent l'activité nationale dans les direc-
tions les plus différentes, et toutes ont un trait commun ; l'intérêt
individuel s'effaçant absolument devant l'intérêt public... Quand
vous irez au pavillon de Flore, faites-vous montrer les listes de
souscription. Vous y verrez de longues colonnes de chiffres avec
des noms d'ouvriers. La somme est souvent minime, mais du
moins ces ouvriers ont voulu aussi prendre leur part à une
œuvre utile au pays. Une mince offrande d'un franc, c'est quel-
que chose pour une famille d'ouvriers. La ménagère comptait
peut-être sur ce franc pour offrir à son homme un petit régal le
dimanche, ou un joujou à son bébé. Le brave ouvrier le savait,
mais il a obéi à un sentiment qui dans notre pays est plus fort
que tous les autres ; il a senti vibrer dans son cœur ce mot
magique que nul dictionnaire ne définit, parce qu'il n'en est pas
besoin, le mot Patrie ! Cessons donc de juger notre pays d'après
les vilenies de certains journaux. Voyons-le tel qu'il est. Et si
quelque douteur vous dit avec un sourire dédaigneux : « Votre
« Musée des Arts décoratifs ne tiendra pas. En France, cela n'est
« pas possible »,— répondez-lui : « Notre Musée réussira ; nous
en avons non pas l'espoir mais la certitude ; il réussira, comme
réussit toujours en France une idée féconde doublée d'une
bonne action. »
Cette éloquente péroraison a soulevé dans la salle de chaleu-
reux bravos. Le président de la réunion, M. Bouilhet, s'est levé
pour remercier M. René Ménard, pour le féliciter, et émettre
les vœux les plus sympathiques en faveur de la réalisation des
idées qu'il avait si bien exposées. Longtemps après la séance,
M. René Ménard était entouré d'un grand nombre d'auditeurs
qui lui exprimaient toute leur reconnaissance pour le service
qu'il venait de rendre à une œuvre éminemment nationale.
Telle est, en Taccourci, cette intéressante conférence qui,
sténographiée in extenso, sera publiée dans le recueil des confé-
rences de l'Exposition. Nous sommes en mesure d'ajouter qu'elle
sera traduite en plusieurs langues, et nous sommes heureux
de pouvoir donner en terminant cette nouvelle à nos lecteurs
étrangers.
T. Chasrel.
NOTRE EAU-FORTE
LA BARQUE DE JULES DUPRÉ, GRAVÉE PAR TH. CHAUVEL
Jules Dupré, une des gloires de la peinture française de
paysage, le dernier survivant et l'une des personnalités les plus
illustres de la brillante génération de 1830, Jules Dupré n'est
pas représenté au Champ-de-Mars.
C'est là une des lacunes les plus regrettables de l'Exposition
universelle. Nous l'avons déjà signalée (4e année, tome II,
page 255). « On nous dira, écrivions-nous, que M. Jules Dupré
n'envoie rien au Salon, qu'il y a de beaux ans qu'il se tient à
l'écart des expositions. Mais nous ne sommes pas au Salon,
nous sommes à l'Universelle. Il fallait relancer l'artiste, et
en supposant qu'on n'eût pas réussi auprès de lui, on avait
encore la ressource de frapper à la porte des collectionneurs
qui se fussent empressés de mettre leurs Jules Dupré à la
disposition des organisateurs de l'Exposition. » On avait aussi
la ressource d'emprunter un Jules Dupré au musée du Luxem-
bourg... mais non, puisque Féminent paysagiste n'a pas une
seule de ses œuvres dans cette collection publique qui a pourtant
la prétention d'être le vestibule du Louvre, le musée moderne
par excellence, le sanctuaire de l'art contemporain.
Pour protester à notre manière contre ces incroyables oublis
des prédécesseurs de M. Guillaume, nous sommes heureux de
faire une place dans notre galerie à l'un des plus célèbres
tableaux du maître, la Barque, un chef-d'œuvre que M. Théo-
phile Chauvel, l'habile aqua-fortiste, a gravé pour l'Art avec
ce talent d'interprétation magistrale dont nos lecteurs ont eu
déjà mainte occasion d'apprécier la fidélité, la poésie et la
couleur.
Nous devons cette bonne fortune à la gracieuseté d'un
amateur belge, aussi modeste que distingué, qui a bien voulu
nous autoriser h faire reproduire son tableau.
ERRATA.
Page 221, ligne 24, lisez : et de sa fille au lieu de et de sa sœur.
Page 224, légende du cul-de-lampe, Support de Tabernacle ; au lieu de Travail florentin à la pierre noire, il faut lire : Travail
florentin en pierre noire (pietra serena).
Page 239, 2° colonne, lignes 1 et 2, lisez achetés à M. H. Danby Seymour, peu de temps avant sa mort, au lieu de achetés à
la vente de M. H. Danby Seymour.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
tôme de lassitude, ou de manque de virilité'. En revanche,
beaucoup de te'moignages de confiance dans l'avenir. La société
du Musée des Arts décoratifs n'est pas la seule fondation récente
que l'on ait à signaler en France. Tous les jours on en voit
poindre d'autres qui sollicitent l'activité nationale dans les direc-
tions les plus différentes, et toutes ont un trait commun ; l'intérêt
individuel s'effaçant absolument devant l'intérêt public... Quand
vous irez au pavillon de Flore, faites-vous montrer les listes de
souscription. Vous y verrez de longues colonnes de chiffres avec
des noms d'ouvriers. La somme est souvent minime, mais du
moins ces ouvriers ont voulu aussi prendre leur part à une
œuvre utile au pays. Une mince offrande d'un franc, c'est quel-
que chose pour une famille d'ouvriers. La ménagère comptait
peut-être sur ce franc pour offrir à son homme un petit régal le
dimanche, ou un joujou à son bébé. Le brave ouvrier le savait,
mais il a obéi à un sentiment qui dans notre pays est plus fort
que tous les autres ; il a senti vibrer dans son cœur ce mot
magique que nul dictionnaire ne définit, parce qu'il n'en est pas
besoin, le mot Patrie ! Cessons donc de juger notre pays d'après
les vilenies de certains journaux. Voyons-le tel qu'il est. Et si
quelque douteur vous dit avec un sourire dédaigneux : « Votre
« Musée des Arts décoratifs ne tiendra pas. En France, cela n'est
« pas possible »,— répondez-lui : « Notre Musée réussira ; nous
en avons non pas l'espoir mais la certitude ; il réussira, comme
réussit toujours en France une idée féconde doublée d'une
bonne action. »
Cette éloquente péroraison a soulevé dans la salle de chaleu-
reux bravos. Le président de la réunion, M. Bouilhet, s'est levé
pour remercier M. René Ménard, pour le féliciter, et émettre
les vœux les plus sympathiques en faveur de la réalisation des
idées qu'il avait si bien exposées. Longtemps après la séance,
M. René Ménard était entouré d'un grand nombre d'auditeurs
qui lui exprimaient toute leur reconnaissance pour le service
qu'il venait de rendre à une œuvre éminemment nationale.
Telle est, en Taccourci, cette intéressante conférence qui,
sténographiée in extenso, sera publiée dans le recueil des confé-
rences de l'Exposition. Nous sommes en mesure d'ajouter qu'elle
sera traduite en plusieurs langues, et nous sommes heureux
de pouvoir donner en terminant cette nouvelle à nos lecteurs
étrangers.
T. Chasrel.
NOTRE EAU-FORTE
LA BARQUE DE JULES DUPRÉ, GRAVÉE PAR TH. CHAUVEL
Jules Dupré, une des gloires de la peinture française de
paysage, le dernier survivant et l'une des personnalités les plus
illustres de la brillante génération de 1830, Jules Dupré n'est
pas représenté au Champ-de-Mars.
C'est là une des lacunes les plus regrettables de l'Exposition
universelle. Nous l'avons déjà signalée (4e année, tome II,
page 255). « On nous dira, écrivions-nous, que M. Jules Dupré
n'envoie rien au Salon, qu'il y a de beaux ans qu'il se tient à
l'écart des expositions. Mais nous ne sommes pas au Salon,
nous sommes à l'Universelle. Il fallait relancer l'artiste, et
en supposant qu'on n'eût pas réussi auprès de lui, on avait
encore la ressource de frapper à la porte des collectionneurs
qui se fussent empressés de mettre leurs Jules Dupré à la
disposition des organisateurs de l'Exposition. » On avait aussi
la ressource d'emprunter un Jules Dupré au musée du Luxem-
bourg... mais non, puisque Féminent paysagiste n'a pas une
seule de ses œuvres dans cette collection publique qui a pourtant
la prétention d'être le vestibule du Louvre, le musée moderne
par excellence, le sanctuaire de l'art contemporain.
Pour protester à notre manière contre ces incroyables oublis
des prédécesseurs de M. Guillaume, nous sommes heureux de
faire une place dans notre galerie à l'un des plus célèbres
tableaux du maître, la Barque, un chef-d'œuvre que M. Théo-
phile Chauvel, l'habile aqua-fortiste, a gravé pour l'Art avec
ce talent d'interprétation magistrale dont nos lecteurs ont eu
déjà mainte occasion d'apprécier la fidélité, la poésie et la
couleur.
Nous devons cette bonne fortune à la gracieuseté d'un
amateur belge, aussi modeste que distingué, qui a bien voulu
nous autoriser h faire reproduire son tableau.
ERRATA.
Page 221, ligne 24, lisez : et de sa fille au lieu de et de sa sœur.
Page 224, légende du cul-de-lampe, Support de Tabernacle ; au lieu de Travail florentin à la pierre noire, il faut lire : Travail
florentin en pierre noire (pietra serena).
Page 239, 2° colonne, lignes 1 et 2, lisez achetés à M. H. Danby Seymour, peu de temps avant sa mort, au lieu de achetés à
la vente de M. H. Danby Seymour.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.