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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [10]: fleurs et nature morte
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0319

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LE SALON DE PARIS'

1878

FLEURS ET NATURE MORTE

Lettre composée par Galland.

e genre dont nous abordons l'étude
exige surtout des qualités de facture,
et au premier rang, une faculté spéciale
de saisir les teintes et les nuances les
plus délicates. Partout ailleurs le spec-
tateur peut à la rigueur se laisser
distraire par l'intérêt dramatique du
sujet, par la perfection du dessin, par
l'audace du coloris ou de la touche. Ici ce
qui importe c'est d'abord pour chaque objet la vérité, qui doit
donner non-seulement la couleur et la forme des choses, mais
leur densité, le degré exact de leur transparence ou de leur
opacité, de leur mollesse ou de leur dureté ; c'est ensuite le
choix et l'harmonie de ces couleurs et de ces formes ,
indépendamment de tout sentiment et de toute idée. Le peintre
de fleurs et de nature morte peut être comparé au chimiste
qui pèse les impondérables et s'efforce d'analyser les corps
simples. Son œil est un microscope qui distingue les indiscer-
Dessin de Scott, gravure de Levé nié. nables et tient compte des infiniment petits. Et pour comble

il faut qu'il présente les résultats de cette analyse infinie de
la lumière sous la forme d'une synthèse large et facile, comme si le travail antérieur ne lui avait
coûté aucune peine ni aucun effort et que les choses se présentassent à lui spontanément avec les
mille finesses qu'y découvre un examen patient et attentif.

Et c'est bien en effet comme cela que les choses se passent. Le peintre qui essayerait
d'arriver à la vérité de la couleur par l'analyse pourrait bien prétendre au titre de savant; il lui
faudrait renoncer à celui d'artiste. Cette analyse, il faut que ce soit l'œil qui la fasse inconsciem-
ment, grâce à une sensibilité spéciale dont la principale manifestation se trouve dans la
comparaison du ton sur la toile avec le ton de la nature, et dont la délicatesse se mesure
précisément par le degré de justesse, c'est-à-dire d'identité de l'un à l'autre. En somme, c'est un
don de nature, qui peut s'affiner par l'exercice, mais qui s'acquiert difficilement. On peut
devenir peintre d'histoire, on naît peintre de nature morte.

Aussi les peintres de nature morte se révèlent-ils souvent presque tout à coup. MM. Bergeret,
Jeannin sont arrivés du jour au lendemain au premier rang. N'était Philippe Rousseau qui ne
veut pas se laisser passer sur le corps, ces deux jeunes gens auraient du premier bond décroché
la timbale. Il est difficile de mieux voir et de mieux rendre, mais ils ne s'occupent pas assez de
varier leurs productions et l'agencement de leurs tableaux. C'est surtout par là que Philippe

1. Voir l'Art, 4° année, tome ii, pages 201 et 241, et tome iii, pages }, 49, 75, 99, 129, 1 1, 200, 2J5 et 257.
 
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