2}8 L'A
examiner les produits expose's, et lui indiquer sous forme de
vœux les améliorations qui leur auraient paru de nature à faire
grandir l'industrie à laquelle ils appartenaient. On ne s'attendait
pas à recevoir de ces ouvriers des rapports bien rédigés, mais on
espérait des vues nouvelles, dignes d'hommes pratiques connais-
sant les matières dont ils parlaient. Malheureusement les délé-
gués, sous prétexte de vœux, formulèrent dans leurs rapports des
programmes politiques. Au lieu d'élargir leur sujet, ils l'ont
déplacé, et c'est peut-être à cela qu'il faut attribuer le peu d'im-
portance que le public attacha à ces documents. Cependant il y
a du bon dans ces rapports, et c'est là que pour la première fois
je vois poindre la demande d'une institution analogue à celle du
Kensington Muséum t afin que désormais nous n'allions plus
au combat avec des armes inégales ». L'idée est exprimée d'ail-
leurs d'une manière assez vague et elle diffère assez notablement
de celle qui a présidé à la création du Musée actuel. Chaque
corporation demande sa collection. Le Musée des Arts décoratifs
au contraire groupe toutes les industries artistiques. Les délégués
attendaient du gouvernement la réalisation de leurs vœux. Le
Musée des Arts décoratifs part d'un principe tout différent ; le
gouvernement lui prête son concours, puisqu'il lui a concédé le
RT.
pavillon de Flore, mais la Société du Musée des Arts décoratifs
est fondée sur le principe de l'initiative privée, elle jouit de la
plus grande liberté et ne relève nullement des administrations
officielles.
Cependant la guerre arriva, et la France eut à concentrer
ses efforts dans d'autres directions. Mais les autres pays, qui
s'étaient rendu compte des progrès de l'Angleterre, ont fondé des
établissements analogues au Kensington Muséum. Il y en a par-
tout aujourd'hui. Si Paris n'en est pas encore doté, c'est à la
guerre qu'il faut s'en prendre. Mais quand une idée est juste,
quand elle est mûre, elle ne tarde pas indéfiniment à se faire
jour...
... Nous voici arrivés à ce point où l'orateur raconte la fon-
dation du nouveau Musée. Nous aurions voulu, comme nous
l'avions annoncé dernièrement, aller aujourd'hui jusqu'au bout
de la conférence, mais l'abondance des matières nous oblige à
en interrompre une fois encore l'analyse, car si nous ne pouvons
en donner un compte rendu absolument complet, nous enten-
dons du moins ne pas écourter notre résumé au point de le
rendre inintelligible.
(La fin prochainement.) T. ChASREL.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ETRANGERE
France. — M. Eugène Guillaume, directeur des beaux-
arts, a donné le samedi 51 août aux membres du Congrès des
instituteurs réunis dans l'amphithéâtre de la Sorbonne une
conférence sur l'enseignement du dessin. On ne saurait trop
féliciter l'éminent artiste de cette initiative qui d'ailleurs n'est
pas la seule dont les instituteurs venus de province aient bénéficié
à l'occasion de leur Congrès. M. Bardouxqui les a reçus ce même
samedi dans la soirée au ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts, en même temps que les membres de l'Association
française pour l'avancement des sciences, nouant ainsi des rela-
tions fécondes entre les illustrations de la science et les humbles
et utiles coopérateurs qui sont appelés à en vulgariser les pre-
miers éléments et à en préparer le développement, M. Bardoux
avait demandé et obtenu pour eux des conférences spéciales qui
leur ont été données par des membres éminents de l'enseigne-
ment supérieur, tels que M. Michel Bréal et notre collaborateur
M. Levasseur, de l'Institut. Le Journal des Débats, applaudissant
à cette heureuse idée de confier aux hommes qui tiennent la tète
de l'enseignement scientifique le soin de faire aux instituteurs
les honneurs du Paris de l'intelligence, rappelle à ce propos un
mot charmant de M. Bersot, directeur de l'École normale, et
compare l'Université à ces familles d'ouvriers où les plus grands
ne profitent de leur taille que pour prendre les plus faibles sur
leurs épaules et pour les aider à voir de plus loin. On devine que
les instituteurs se sont montrés reconnaissants de ces hommages
rendus à l'importance de leur modeste fonction. Ils ont suivi
avec une religieuse attention ces conférences spéciales qui por-
taient sur des questions vitales, enseignement de la langue
française, de la géographie. Celle de M. Guillaume n'a pas été
la moins écoutée. Elle était du reste au nombre des plus impor-
tantes, surtout au lendemain des arrêtés qui ont rendu obliga-
toire dans toutes les écoles l'enseignement du dessin, et qui en
ont réformé les méthodes 1.
— Notre éminent collaborateur M. Charles Desmazes vient
d'offrir à la direction de l'Opéra, pour ses archives, les portraits
de M1!c Fel et de la Camargo, d'après les pastels de La Tour,
qui sont déposés au musée de Saint-Quentin et qui nous ont
valu, par la collaboration de MM. Desmazes et Heindricks, une
des plus artistiques publications de notre temps.
Déjà, la Comédie-Française a reçu, du même donateur, le
portrait du maréchal de Saxe, l'illustre amant de M110 Favart et
d'Adrienne Lecouvreur.
— Le jugement du concours préparatoire pour les prix de
2,100 francs fondés par M. Jauvin d'Attainville a été rendu le
26 août à l'école des beaux-arts.
Après deux épreuves successives, les concurrents ont été
admis en loges dans l'ordre suivant :
Peinture historique. — 1 Lacaille, élève de M. Lehmann ;
2 Fritel, élève de MM. Aimé Millet et Cabanel ; 3 Thévenot,
4 Berton, élèves de M. Cabanel; 5 Zier, élève de MM. Zier et
Gérôme ; 6 Bettanier, élève de M. Lehmann; 7 Lambert.
8 Bàrnouin, 9 Bourgonnier, élèves de M. Cabanel; 10 M. Du-
mont, élève de M. Delaunay.
Paysage. — 1 Karl Cartier, élève de MM. Gérôme et Caro-
lus Duran ; 2 Thivet, élève de MM. Millet et Gérôme ; 5 Paul
Sain, élève de M. Gérôme ; 4 Fournier, élève de M. Cabanel ;
5 Ambroise, élève de M. Lehmann ; 6 Depeige, élève de
MM. Lehmann et Etex; 7 Wallet, élève de M. Cabanel;
8 Christol, élève de MM. Flandrin et Gérôme; 9 Vincent, élève
de M. Lehmann.
Allemagne. •— La ville de Berlin a voulu avoir un grand
tableau commémoratif du Congrès qui s'est réuni dans cette
ville pour mettre fin à la guerre d'Orient. Elle a confie à
M. von Werner, directeur de l'Académie de Berlin, la mission
de peindre ce Regenten-Stuck, pour emprunter à l'école néer-
landaise du xvn° siècle une expression qui est assez en situation,
car les membres du Congrès de Berlin ont été à proprement
parler les régents de l'Europe. Le peintre a assisté aux dernières
séances de la haute assemblée. Il a esquissé à l'aquarelle les
portraits de chacun des membres du Congrès, et pris aussi des
croquis d'ensemble pour la composition du groupe. La National
Zeitung assure qu'il a surtout saisi avec bonheur l'expression de
Lord Beaconsfield qui, dans une des esquisses d'ensemble, est
représenté à l'une des extrémités du tapis vert se penchant sur
I. Voir l'Art, 4e année, tome II, page 303, et tome III, page 72
examiner les produits expose's, et lui indiquer sous forme de
vœux les améliorations qui leur auraient paru de nature à faire
grandir l'industrie à laquelle ils appartenaient. On ne s'attendait
pas à recevoir de ces ouvriers des rapports bien rédigés, mais on
espérait des vues nouvelles, dignes d'hommes pratiques connais-
sant les matières dont ils parlaient. Malheureusement les délé-
gués, sous prétexte de vœux, formulèrent dans leurs rapports des
programmes politiques. Au lieu d'élargir leur sujet, ils l'ont
déplacé, et c'est peut-être à cela qu'il faut attribuer le peu d'im-
portance que le public attacha à ces documents. Cependant il y
a du bon dans ces rapports, et c'est là que pour la première fois
je vois poindre la demande d'une institution analogue à celle du
Kensington Muséum t afin que désormais nous n'allions plus
au combat avec des armes inégales ». L'idée est exprimée d'ail-
leurs d'une manière assez vague et elle diffère assez notablement
de celle qui a présidé à la création du Musée actuel. Chaque
corporation demande sa collection. Le Musée des Arts décoratifs
au contraire groupe toutes les industries artistiques. Les délégués
attendaient du gouvernement la réalisation de leurs vœux. Le
Musée des Arts décoratifs part d'un principe tout différent ; le
gouvernement lui prête son concours, puisqu'il lui a concédé le
RT.
pavillon de Flore, mais la Société du Musée des Arts décoratifs
est fondée sur le principe de l'initiative privée, elle jouit de la
plus grande liberté et ne relève nullement des administrations
officielles.
Cependant la guerre arriva, et la France eut à concentrer
ses efforts dans d'autres directions. Mais les autres pays, qui
s'étaient rendu compte des progrès de l'Angleterre, ont fondé des
établissements analogues au Kensington Muséum. Il y en a par-
tout aujourd'hui. Si Paris n'en est pas encore doté, c'est à la
guerre qu'il faut s'en prendre. Mais quand une idée est juste,
quand elle est mûre, elle ne tarde pas indéfiniment à se faire
jour...
... Nous voici arrivés à ce point où l'orateur raconte la fon-
dation du nouveau Musée. Nous aurions voulu, comme nous
l'avions annoncé dernièrement, aller aujourd'hui jusqu'au bout
de la conférence, mais l'abondance des matières nous oblige à
en interrompre une fois encore l'analyse, car si nous ne pouvons
en donner un compte rendu absolument complet, nous enten-
dons du moins ne pas écourter notre résumé au point de le
rendre inintelligible.
(La fin prochainement.) T. ChASREL.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ETRANGERE
France. — M. Eugène Guillaume, directeur des beaux-
arts, a donné le samedi 51 août aux membres du Congrès des
instituteurs réunis dans l'amphithéâtre de la Sorbonne une
conférence sur l'enseignement du dessin. On ne saurait trop
féliciter l'éminent artiste de cette initiative qui d'ailleurs n'est
pas la seule dont les instituteurs venus de province aient bénéficié
à l'occasion de leur Congrès. M. Bardouxqui les a reçus ce même
samedi dans la soirée au ministère de l'instruction publique et
des beaux-arts, en même temps que les membres de l'Association
française pour l'avancement des sciences, nouant ainsi des rela-
tions fécondes entre les illustrations de la science et les humbles
et utiles coopérateurs qui sont appelés à en vulgariser les pre-
miers éléments et à en préparer le développement, M. Bardoux
avait demandé et obtenu pour eux des conférences spéciales qui
leur ont été données par des membres éminents de l'enseigne-
ment supérieur, tels que M. Michel Bréal et notre collaborateur
M. Levasseur, de l'Institut. Le Journal des Débats, applaudissant
à cette heureuse idée de confier aux hommes qui tiennent la tète
de l'enseignement scientifique le soin de faire aux instituteurs
les honneurs du Paris de l'intelligence, rappelle à ce propos un
mot charmant de M. Bersot, directeur de l'École normale, et
compare l'Université à ces familles d'ouvriers où les plus grands
ne profitent de leur taille que pour prendre les plus faibles sur
leurs épaules et pour les aider à voir de plus loin. On devine que
les instituteurs se sont montrés reconnaissants de ces hommages
rendus à l'importance de leur modeste fonction. Ils ont suivi
avec une religieuse attention ces conférences spéciales qui por-
taient sur des questions vitales, enseignement de la langue
française, de la géographie. Celle de M. Guillaume n'a pas été
la moins écoutée. Elle était du reste au nombre des plus impor-
tantes, surtout au lendemain des arrêtés qui ont rendu obliga-
toire dans toutes les écoles l'enseignement du dessin, et qui en
ont réformé les méthodes 1.
— Notre éminent collaborateur M. Charles Desmazes vient
d'offrir à la direction de l'Opéra, pour ses archives, les portraits
de M1!c Fel et de la Camargo, d'après les pastels de La Tour,
qui sont déposés au musée de Saint-Quentin et qui nous ont
valu, par la collaboration de MM. Desmazes et Heindricks, une
des plus artistiques publications de notre temps.
Déjà, la Comédie-Française a reçu, du même donateur, le
portrait du maréchal de Saxe, l'illustre amant de M110 Favart et
d'Adrienne Lecouvreur.
— Le jugement du concours préparatoire pour les prix de
2,100 francs fondés par M. Jauvin d'Attainville a été rendu le
26 août à l'école des beaux-arts.
Après deux épreuves successives, les concurrents ont été
admis en loges dans l'ordre suivant :
Peinture historique. — 1 Lacaille, élève de M. Lehmann ;
2 Fritel, élève de MM. Aimé Millet et Cabanel ; 3 Thévenot,
4 Berton, élèves de M. Cabanel; 5 Zier, élève de MM. Zier et
Gérôme ; 6 Bettanier, élève de M. Lehmann; 7 Lambert.
8 Bàrnouin, 9 Bourgonnier, élèves de M. Cabanel; 10 M. Du-
mont, élève de M. Delaunay.
Paysage. — 1 Karl Cartier, élève de MM. Gérôme et Caro-
lus Duran ; 2 Thivet, élève de MM. Millet et Gérôme ; 5 Paul
Sain, élève de M. Gérôme ; 4 Fournier, élève de M. Cabanel ;
5 Ambroise, élève de M. Lehmann ; 6 Depeige, élève de
MM. Lehmann et Etex; 7 Wallet, élève de M. Cabanel;
8 Christol, élève de MM. Flandrin et Gérôme; 9 Vincent, élève
de M. Lehmann.
Allemagne. •— La ville de Berlin a voulu avoir un grand
tableau commémoratif du Congrès qui s'est réuni dans cette
ville pour mettre fin à la guerre d'Orient. Elle a confie à
M. von Werner, directeur de l'Académie de Berlin, la mission
de peindre ce Regenten-Stuck, pour emprunter à l'école néer-
landaise du xvn° siècle une expression qui est assez en situation,
car les membres du Congrès de Berlin ont été à proprement
parler les régents de l'Europe. Le peintre a assisté aux dernières
séances de la haute assemblée. Il a esquissé à l'aquarelle les
portraits de chacun des membres du Congrès, et pris aussi des
croquis d'ensemble pour la composition du groupe. La National
Zeitung assure qu'il a surtout saisi avec bonheur l'expression de
Lord Beaconsfield qui, dans une des esquisses d'ensemble, est
représenté à l'une des extrémités du tapis vert se penchant sur
I. Voir l'Art, 4e année, tome II, page 303, et tome III, page 72