L' art: revue hebdomadaire illustrée (4.1878 (Teil 3))

NOTRE EAU-FORTE

Nous avons déjà signalé plus d'une lacune de l'exposition de
la peinture française au Champ-de-Mars. En voici une encore
qui est des plus étranges, et que le prédécesseur de M. Eugène
Guillaume aurait eu quelque peine à expliquer. M. Ziem n'a pas
un tableau dans les galeries françaises des beaux-arts. Nous
n'entendons pas surfaire le talent de cet artiste, mais enfin
M. Ziem est un maître qui compte dans l'école française. Il a
inventé une Venise qui est bien à lui, tellement à lui qu'on a
parfois de la peine à la reconnaître. Dans ses tableaux vénitiens,
il abuse souvent des flamboiements et des feux d'artifice, mais il
sait aussi montrer Venise dans tout son charme sans en forcer
les splendeurs. Son abstention laisse un vide au Champ-de-Mars
et rien n'était plus facile que de le combler. M. de Chennevières

a fait au musée du Luxembourg d'assez nombreux emprunts
pour l'Exposition universelle. Or ce Musée qui s'est enrichi de
deux Tournemine, mais qui dédaigne Jules Dupré, qui n'a de
Diaz et de Millet que des études d'atelier, ce Musée possède du
moins une Vue de Venise de M. Félix Ziem, que les connaisseurs
considèrent à juste titre comme un des chefs-d'œuvre de ce
peintre distingué. Pourquoi n'a-t-on pas transféré ce tableau au
Champ-de-Mars, avec tant d'autres qui ne méritaient peut-être
pas le même honneur ? Sans attendre qu'il soit répondu à cette
question indiscrète, nous offrons à nos lecteurs une eau-forte
de notre directeur artistique M. Léon Gaucherel, d'après ce
tableau qui, à défaut d'une place au Champ-de-Mars, en aura
une en revanche à l'exposition universelle de l'Art.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.

Cartouche composé et gravé par Jaillot,