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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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CXII

Les Graveurs de portraits en Franxe ; catalogue raisonné de
la collection des portraits de l'école française appartenant à
Ambroise-Firmin Didot, de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres; précédé d'une introduction. Ouvrage pos-
thume. 2vol. in-8de 372 et 566pages, tirésà 750exemplaires,
600 sur papier ordinaire, 150 sur papier vergé. Maison
Firmin-Didot. 1875-1877.

M. Ambroise-Firmin Didot avait un goût très-vif et très-
éclairé pour la littérature et les arts. Il avait réuni une collection
de portraits gravés par des artistes français. Les portraits
l'attiraient particulièrement. « Nulle autre manifestation de l'art
ne tient peut-être, dit-il, une aussi grande place dans la vie
sociale. Qui ne sait le rôle que joue dans les relations intimes
une image qui reproduit les traits de ceux que l'on aime, de
ceux que l'on a aimés?... Dans la vie publique, l'homme poussé
par la curiosité inhérente à sa nature, toujours en éveil, toujours
inquiète de remonter de l'effet à la cause, et même cherchant à
deviner les secrets de l'avenir, s'est de tout temps montré avide
de pouvoir contempler, soit la physionomie réelle, soit la person-
nification empruntée à l'art, de ceux qui ont eu le bonheur ou
le malheur d'attirer l'attention universelle. »

A côté de la préoccupation artistique, il y avait en
M. Ambroise-Firmin Didot une préoccupation psychologique
qui se marque par une foule de traits. « Ce qui distingue nette-
ment l'école française de toutes les autres dans cette spécialité,
dit-il dans son introduction, ce qui fait son originalité et son
grand mérite, ce qui lui a valu une supériorité incontestable,
surtout aux xvne et xvine siècles, c'est l'amour du vrai et du
simple, inspiré par les charmants crayons des Clouet et de leurs
continuateurs. A partir de ce moment, toute l'attention de nos
graveurs se porte sur la physionomie, qu'ils cherchent à rendre
avec fidélité et souvent avec sobriété. Pureté du trait, précision
des formes, énergie sagement contenue, voilà ce qu'ils surent
allier à la grâce de l'exécution, cachant ainsi le travail de l'outil.
Ce n'est pas tout. Ils ne sacrifient jamais le côté essentiel du
portrait a l'effet pittoresque, à l'éclat de l'ensemble, mais ils se
bornent à rendre naturellement et sans efforts la nature même
dans ce qu'elle offre de plus saisissant, de plus variable, et par
conséquent de plus difficile à exprimer : le mouvement, le jeu,
le caractère de la physionomie. Si, entraînés par l'ascendant du
génie d'un grand artiste flamand et de son école, ils cherchent à
faire briller dans leurs œuvres l'éclat du coloris, ils ne le font
que dans la juste mesure. »

Cette préoccupation se marque encore plus nettement dans
les lignes suivantes : « L'étude attentive des physionomies
des personnages qui ont joué un rôle dans la vie publique, en
nous faisant pénétrer les secrets de leur être moral, peut souvent
contribuer à mieux expliquer leurs actes, et il suffira à cet égard
de rappeler que c'est avec beaucoup de raison que la nouvelle
école historique a eu recours à l'examen des effigies des souve-
rains et des hommes célèbres qu'offrent les pierres gravées et les
médailles de la Grèce et de Rome, pour contrôler ou commenter
les opinions des historiens de l'antiquité sur les hommes et les
événements. »

Outre l'instinct qui l'attirait de ce côté, M. Ambroise-
Firmin Didot était convaincu que la gravure, vu la pauvreté
des moyens dont elle dispose, a des droits particuliers à l'atten-
tion des amateurs : « Pour donner aux portraits l'expression et
le charme qui résultent du clair-obscur; pour obtenir l'éclat et

la dégradation des teintes et combiner les lignes de manière à
mettre en lumière certaines parties et atténuer la valeur des
autres; pour rendre le modelé de la figure humaine, l'animer, la
faire vivre ; pour marier la ressemblance physique avec la res-
semblance morale et reconstituer la véritable physionomie du
modèle, condition essentielle de tout portrait ; enfin pour enca-
drer la figure dans un ensemble harmonieux d'accessoires, il
fallait aux graveurs, non-seulement une habileté supérieure
dans le maniement de l'outil, mais aussi une connaissance
approfondie du dessin. N'ayant pas à sa disposition la palette
magique du peintre, réduit à tirer tous les effets de la combi-
naison savante du noir et du blanc, le graveur en produisant un
chef-d'œuvre excite notre admiration bien plus qu'un peintre
de portraits. Aussi est-il facile de comprendre le prix que
les véritables amateurs attachent à la possession de ces belles
estampes, marquées du sceau du génie. »

Nous avouons ne pas partager complètement, sur ce point,
l'opinion de M. Ambroise-Firmin Didot. Nous l'avons citée uni-
quement pour montrer jusqu'où allait sa passion pour la gravure.

« Aussi est-ce à ce double point de vue, celui de l'art et
celui de l'histoire que, durant un demi-siècle, il s'est appliqué à
former une collection exceptionnelle de portraits gravés de
toutes les écoles, et principalement de ceux de l'école française,
qui font l'objet du présent ouvrage. Dans cette dernière série,
ajoute-t-il, on peut suivre pas à pas le développement et les
vicissitudes de notre art national ; tous nos artistes y sont plus
ou moins largement représentés. Tous les personnages qui ont
marqué dans les diverses conditions de notre vie sociale figurent
dans cette curieuse galerie, et fort souvent en représentations mul-
tiples. C'est ainsi qu'on peut étudier les changements successifs
des physionomies de quelques-uns de nos souverains ou princes
du sang depuis leur berceau jusqu'à leur mort. »

L'introduction à laquelle nous avons emprunté ces diverses
citations se compose principalement d'un résumé succinct et
précis et en même temps très-net, de l'histoire de la gra-
vure des portraits, depuis le commencement jusqu'à nos jours.
En quelques traits elle marque les rangs et indique les plans. Ce
n'est pas simplement une table, c'est un tableau.

Dans ce catalogue, M. Ambroise-Firmin Didot a suivi la
marche indiquée par ses devanciers, Robert-Dumesnil, de Bau-
dicour, E. Meaume, Faucheux, Delignières, A. de Montaiglon, etc.
C'est à eux qu'il renvoie pour les portraits qu'ils ont déjà décrits,
mais, la plupart du temps, il y ajoute des rectifications ou d'uti-
les additions. On sait mieux aujourd'hui qu'autrefois quelle
importance peuvent avoir des détails en apparence insignifiants.
En conséquence, il ne s'est cru le droit de rien négliger, et ses
descriptions sont absolument complètes. Pour faciliter les
recherches, il a classé les portraits des personnages appartenant
aux maisons souveraines, non pas dans l'ordre alphabétique de
leurs prénoms ou de leurs dynasties, comme on fait d'habitude,
mais dans celui de leurs pays respectifs.

A chaque graveur est consacrée une notice de quelques
lignes, mais contenant tout ce qui est essentiel et aujourd'hui
constaté. Tout ce qui peut laisser place au doute est laissé de
côté.

Des tables, très-soignées et très-complètes, donnent à part :
i° les nomsdes personnages représentés ; 20 les noms des peintres,
dessinateurs, sculpteurs et architectes d'après lesquels les por-
traits ont été gravés, avec la date de leur naissance et de leur
mort; 30 les adresses des éditeurs qui ont publié ces gravures,
relevées textuellement sur les portraits mêmes.

On comprendra l'intérêt de tout ceci quand on saura que
 
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