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L'ART.
inconvénients ou les avantages de la division ou de la fusion des
deux professions. M. Davioud se prononce pour la fusion.
Dans sa séance du 3 1 juillet le Congrès s'est occupe' des
questions inscrites sous les nos III et IV de son programme.
III. — De la situation faite à l'architecte. — Responsabi-
lité'. — Proprie'te: artistique. — Honoraires.
La discussion de cette question, commencée le 31 juillet,
reprise le 2 août, s'est terminée le 3, à l'assemblée générale, par
le vote d'une résolution reconnaissant à l'architecte le droit
d'estimer ses services, en tenant compte de son talent, des diffi-
cultés spéciales de chaque tâche, et du principe économique de
l'offre et de la demande. En l'absence de stipulation préalable,
M. Davioud a proposé de s'en rapporter au tarif fixé par l'arrêté
du 12 pluviôse an II (icr février 1800).
IV. — Personnel du bâtiment. — Organisation du chantier.
— Apprentissage.
Communication de M. Lucas, préconisant l'établissement
d'écoles techniques d'apprentissage pour les ouvriers de toutes
les catégories ; ces écoles seraient établies aux frais de l'État, des
départements et des municipalités, avec le concours des entre-
preneurs qui en emploieraient les élèves, et placées sous la
direction de comités composés de fonctionnaires publics, d'archi-
tectes de profession, et d'entrepreneurs.
Le mercredi après-midi, au Trocadéro, grand discours de
M.Trélat sur l'éducation professionnelle. Le directeur de l'École
spéciale d'architecture a obtenu un succès complet. Il a insisté
sur la nécessité de donner aux architectes une éducation aussi
scientifique qu'artistique, persuadé que la science loin de para-
lyser leurs facultés d'artistes ne fera que les développer et les
consolider.
Le jeudi était le jour de l'excursion à Reims.
Le vendredi 2 août, le Congrès a voté une proposition de
M. Davioud, appuyée par M. Strohm, délégué russe, et tendant
à la réorganisation du système des concours pour l'exécution
des travaux publics, par l'adoption d'un programme précis et
l'institution de jurys d'architectes, au lieu des jurys nom-
més plus ou moins arbitrairement par les préfets et les
maires.
Il faut signaler aussi, dans cette dernière séance de discussion,
un discours de certain orateur ambulant, membre de tous les
Congrès, quel qu'en soit l'objet, sauf toutefois du Congrès de
Berlin, où, par une inexplicable inadvertance, il n'a pas été
appelé à siéger; discours éloquent d'ailleurs, mais qui n'ap-
portait aux architectes aucune espèce d'information.
T. Chasrel.
CHRONIQUE FRANÇAISE
L'Exposition rétrospective de tableaux et dessins des
maîtres modernes. — Ce qu'eût du faire M. de Chennevières,
lorsqu'il était directeur des Beaux-Arts et ce qu'il a si étrange-
ment oublié de faire à l'Exposition Universelle, M. Durand-Ruel
vient de le réaliser avec le plus éclatant succès dans ses galeries de
la rue Le Peletier et de la rue Laffitte. Ce n'est pas en visitant
seulement les salles consacrées à l'école française du Champ-de-
Mars, que les étrangers ou la jeune génération française pour-
ront se former une juste idée de la haute valeur de cette école et
de son incontestable prépondérance depuis les dernières années
de la Restauration ; il faut pour apprécier dignement ses maîtres
se rendre chez M. Durand-Ruel qu'on ne saurait assez remercier
de son intelligente initiative ; il a bien mérité de tous les passionnés
de l'art, de tous les curieux. Aussi ne nous contenterons-nous
pas de signaler la superbe collection que lui ont permis de for-
mer les principaux amateurs de Paris; nous lui consacrerons
prochainement une étude approfondie. Disons dès aujourd'hui
que le catalogue qui ne comprend pas moins de 382 numéros,
nous convie à admirer Barye, Brascassat, Brion, Chenu-Fleury,
Chintreuil, Courbet, Corot, Decamps, Eugène Delacroix, Dau-
bigny, Diaz, Fromentin, Paul Huet, Millet, Nanteuil, Ricard,
Théodore Rousseau, Saint-Jean, Tassaert et Troyon.
■— L'Imprimerie Nationale vient de publier la 3e édition du
tome Ier du Catalogue Officiel de l'Exposition Universelle,
volume que l'on paye fort cher pour avoir l'agrément de continuer
à se le donner incomplet. II est consacré au premier groupe —
Œuvres d'art ; Classes 1 à 5, — et on y cherche encore toujours
en vain le nom et les œuvres de M. Eugène Guillaume, l'éminent
directeur des Beaux-Arts, qui occupent cependant une des places
les plus brillantes parmi les chefs-d'œuvre de la sculpture
française réunie au Champ-de-Mars. Puisque nous parlons de
M. Guillaume, profitons de l'occasion pour payer une dette de
gratitude : dès son entrée en fonctions, il a tenu à réparer dans
les limites du possible les lourdes fautes commises par son pré-
décesseur : les sculpteurs devaient déjà à ses énergiques protesta-
tions les salles qu'ils occupent à tant de titres légitimes et que
leur refusait M. de Chennevières pour disséminer les œuvres de
nos statuaires de droite et de gauche, au hasard des vides qui
se rencontreraient dans la partie française de l'exposition du
Champ-de-Mars. Les peintres ont pu juger qu'ils ne sont pas de
la part de M. Guillaume l'objet de moins de sollicitude. Il a fait
améliorer immédiatement l'aspect dénudé de' leurs salles qui
formaient un si pénible contraste avec le comfort plein de goût
et le luxe si intelligent des Allemands et des Anglais, et il a
ordonné le placement de vastes écrans isolés sur chacun desquels
a été placée la réunion des toiles d'un des artistes dont nous
pleurons la perte, mesures excellentes et auxquelles on ne pou-
vait assez applaudir.
Conservatoire. —- La distribution des prix du Conservatoire
national de musique et de déclamation a eu lieu mardi 6 août,
sous la présidence du ministre de l'instruction publique, des
cultes et des beaux-arts.
Le ministre, accompagné de M. Guillaume, membre de l'Ins-
titut, directeur des beaux-arts; de M. de Beauplan, sous-direc-
teur des beaux-arts ; de M. de Lasalle, attaché à son cabinet, a
été reçu par M. Ambroise Thomas, membre de l'Institut, direc-
teur du Conservatoire, qui l'a conduit dans la grande salle
préparée, selon l'usage, pour la cérémonie.
M. Léon Say, ministre des finances, était à la droite de
M. Bardoux; tous les professeurs du Conservatoire étaient pré-
sents. La séance ayant été déclarée ouverte, le ministre président
a prononcé un discours fréquemment interrompu par les applau-
dissements de l'auditoire, et qui fait ressortir l'importance de
diverses améliorations introduites dans l'organisation et le pro-
gramme de l'établissement.
Le bruit courait que M. Bardoux songeait à une division du
Conservatoire, et à la création d'un Conservatoire spécial de
déclamation et d'art dramatique, l'établissement de la rue Ber-
gère étant désormais exclusivement consacré à la musique. Mais
l'honorable ministre n'a rien annoncé de semblable. Il se borne
à l'institution d'un cours d'histoire de la littérature dramatique,
qui serait, dit-on, confié à M. Henri de Lapommeraye, rédacteur
de la France, et inventeur du feuilleton parlé.
Après avoir rendu hommage aux professeurs que le Conser-
vatoire a perdus cette année, et notamment à François Bazin,
« qui peut être cité comme un modèle de dévouement au devoir
L'ART.
inconvénients ou les avantages de la division ou de la fusion des
deux professions. M. Davioud se prononce pour la fusion.
Dans sa séance du 3 1 juillet le Congrès s'est occupe' des
questions inscrites sous les nos III et IV de son programme.
III. — De la situation faite à l'architecte. — Responsabi-
lité'. — Proprie'te: artistique. — Honoraires.
La discussion de cette question, commencée le 31 juillet,
reprise le 2 août, s'est terminée le 3, à l'assemblée générale, par
le vote d'une résolution reconnaissant à l'architecte le droit
d'estimer ses services, en tenant compte de son talent, des diffi-
cultés spéciales de chaque tâche, et du principe économique de
l'offre et de la demande. En l'absence de stipulation préalable,
M. Davioud a proposé de s'en rapporter au tarif fixé par l'arrêté
du 12 pluviôse an II (icr février 1800).
IV. — Personnel du bâtiment. — Organisation du chantier.
— Apprentissage.
Communication de M. Lucas, préconisant l'établissement
d'écoles techniques d'apprentissage pour les ouvriers de toutes
les catégories ; ces écoles seraient établies aux frais de l'État, des
départements et des municipalités, avec le concours des entre-
preneurs qui en emploieraient les élèves, et placées sous la
direction de comités composés de fonctionnaires publics, d'archi-
tectes de profession, et d'entrepreneurs.
Le mercredi après-midi, au Trocadéro, grand discours de
M.Trélat sur l'éducation professionnelle. Le directeur de l'École
spéciale d'architecture a obtenu un succès complet. Il a insisté
sur la nécessité de donner aux architectes une éducation aussi
scientifique qu'artistique, persuadé que la science loin de para-
lyser leurs facultés d'artistes ne fera que les développer et les
consolider.
Le jeudi était le jour de l'excursion à Reims.
Le vendredi 2 août, le Congrès a voté une proposition de
M. Davioud, appuyée par M. Strohm, délégué russe, et tendant
à la réorganisation du système des concours pour l'exécution
des travaux publics, par l'adoption d'un programme précis et
l'institution de jurys d'architectes, au lieu des jurys nom-
més plus ou moins arbitrairement par les préfets et les
maires.
Il faut signaler aussi, dans cette dernière séance de discussion,
un discours de certain orateur ambulant, membre de tous les
Congrès, quel qu'en soit l'objet, sauf toutefois du Congrès de
Berlin, où, par une inexplicable inadvertance, il n'a pas été
appelé à siéger; discours éloquent d'ailleurs, mais qui n'ap-
portait aux architectes aucune espèce d'information.
T. Chasrel.
CHRONIQUE FRANÇAISE
L'Exposition rétrospective de tableaux et dessins des
maîtres modernes. — Ce qu'eût du faire M. de Chennevières,
lorsqu'il était directeur des Beaux-Arts et ce qu'il a si étrange-
ment oublié de faire à l'Exposition Universelle, M. Durand-Ruel
vient de le réaliser avec le plus éclatant succès dans ses galeries de
la rue Le Peletier et de la rue Laffitte. Ce n'est pas en visitant
seulement les salles consacrées à l'école française du Champ-de-
Mars, que les étrangers ou la jeune génération française pour-
ront se former une juste idée de la haute valeur de cette école et
de son incontestable prépondérance depuis les dernières années
de la Restauration ; il faut pour apprécier dignement ses maîtres
se rendre chez M. Durand-Ruel qu'on ne saurait assez remercier
de son intelligente initiative ; il a bien mérité de tous les passionnés
de l'art, de tous les curieux. Aussi ne nous contenterons-nous
pas de signaler la superbe collection que lui ont permis de for-
mer les principaux amateurs de Paris; nous lui consacrerons
prochainement une étude approfondie. Disons dès aujourd'hui
que le catalogue qui ne comprend pas moins de 382 numéros,
nous convie à admirer Barye, Brascassat, Brion, Chenu-Fleury,
Chintreuil, Courbet, Corot, Decamps, Eugène Delacroix, Dau-
bigny, Diaz, Fromentin, Paul Huet, Millet, Nanteuil, Ricard,
Théodore Rousseau, Saint-Jean, Tassaert et Troyon.
■— L'Imprimerie Nationale vient de publier la 3e édition du
tome Ier du Catalogue Officiel de l'Exposition Universelle,
volume que l'on paye fort cher pour avoir l'agrément de continuer
à se le donner incomplet. II est consacré au premier groupe —
Œuvres d'art ; Classes 1 à 5, — et on y cherche encore toujours
en vain le nom et les œuvres de M. Eugène Guillaume, l'éminent
directeur des Beaux-Arts, qui occupent cependant une des places
les plus brillantes parmi les chefs-d'œuvre de la sculpture
française réunie au Champ-de-Mars. Puisque nous parlons de
M. Guillaume, profitons de l'occasion pour payer une dette de
gratitude : dès son entrée en fonctions, il a tenu à réparer dans
les limites du possible les lourdes fautes commises par son pré-
décesseur : les sculpteurs devaient déjà à ses énergiques protesta-
tions les salles qu'ils occupent à tant de titres légitimes et que
leur refusait M. de Chennevières pour disséminer les œuvres de
nos statuaires de droite et de gauche, au hasard des vides qui
se rencontreraient dans la partie française de l'exposition du
Champ-de-Mars. Les peintres ont pu juger qu'ils ne sont pas de
la part de M. Guillaume l'objet de moins de sollicitude. Il a fait
améliorer immédiatement l'aspect dénudé de' leurs salles qui
formaient un si pénible contraste avec le comfort plein de goût
et le luxe si intelligent des Allemands et des Anglais, et il a
ordonné le placement de vastes écrans isolés sur chacun desquels
a été placée la réunion des toiles d'un des artistes dont nous
pleurons la perte, mesures excellentes et auxquelles on ne pou-
vait assez applaudir.
Conservatoire. —- La distribution des prix du Conservatoire
national de musique et de déclamation a eu lieu mardi 6 août,
sous la présidence du ministre de l'instruction publique, des
cultes et des beaux-arts.
Le ministre, accompagné de M. Guillaume, membre de l'Ins-
titut, directeur des beaux-arts; de M. de Beauplan, sous-direc-
teur des beaux-arts ; de M. de Lasalle, attaché à son cabinet, a
été reçu par M. Ambroise Thomas, membre de l'Institut, direc-
teur du Conservatoire, qui l'a conduit dans la grande salle
préparée, selon l'usage, pour la cérémonie.
M. Léon Say, ministre des finances, était à la droite de
M. Bardoux; tous les professeurs du Conservatoire étaient pré-
sents. La séance ayant été déclarée ouverte, le ministre président
a prononcé un discours fréquemment interrompu par les applau-
dissements de l'auditoire, et qui fait ressortir l'importance de
diverses améliorations introduites dans l'organisation et le pro-
gramme de l'établissement.
Le bruit courait que M. Bardoux songeait à une division du
Conservatoire, et à la création d'un Conservatoire spécial de
déclamation et d'art dramatique, l'établissement de la rue Ber-
gère étant désormais exclusivement consacré à la musique. Mais
l'honorable ministre n'a rien annoncé de semblable. Il se borne
à l'institution d'un cours d'histoire de la littérature dramatique,
qui serait, dit-on, confié à M. Henri de Lapommeraye, rédacteur
de la France, et inventeur du feuilleton parlé.
Après avoir rendu hommage aux professeurs que le Conser-
vatoire a perdus cette année, et notamment à François Bazin,
« qui peut être cité comme un modèle de dévouement au devoir