Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

DOI Artikel:
Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0161

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
NOTRE BIBLIOTHÈQUE

CXIII

Rivista europea, rivista internationale, anno IX. Firen^e.
Uffipo délia Rivista europea, 6, via del Castellaccio

Avoir sa « Revue des Deux Mondes », c'est le rêve de toute
nation civilisée. Seule peut-être l'Angleterre échappe à la conta-
gion, et cela pour une bonne raison. Ayant inventé les périodi-
ques, depuis le Magasine hebdomadaire jusqu'à la Review,
qu'elle soit mensuelle, bi-mensuelle ou trimestrielle, l'Angleterre
n'a que faire de s'approprier une institution dont elle a elle-
même fourni le plan, et dont elle possède d'innombrables
variantes. Mais sur le continent, il n'est pas un pays, grand ou
petit, qui ne considère comme un devoir patriotique , comme
un titre indispensable à l'estime des peuples, et presque comme
une condition de sécurité, comme une garantie de l'existence
nationale, de se donner une revue qui soit bien à lui et qui
puisse sinon lutter partout avec le célèbre recueil fondé par
François Buloz, du moins essayer de lui disputer le terrain local
et la clientèle indigène. Ce qui s'est passé en Allemagne après
la guerre est à cet égard très-caractéristique. L'Allemagne avait
la victoire, la gloire, et un notable accroissement de territoire.
Elle avait touché une colossale indemnité de guerre, et elle ne
savait pas encore que les cinq milliards n'étaient pas précisément
destinés à l'enrichir. Elle était l'arbitre de l'Europe. Et pourtant
quelque chose manquait à son bonheur. Elle n'avait pas de
« Revue » allemande « des Deux Mondes ». Un écrivain distin-
gué, poète et romancier de mérite, le docteur Julius Rodenberg,
résolut de combler cette lacune, pour l'honneur des races alle-
mandes, et il y réussit dans une certaine mesure. Il fonda die
Deutsche Rundschau, recueil sérieux, qui n'a pas cru pouvoir se
passer d'une couverture saumon, à l'instar du périodique fran-
çais. A ce point de vue l'imitation est complète, et, ce qui a
peut-être plus de valeur, la revue du docteur Rodenberg s'est
assuré le concours d'une légion de publicistes qui comptent dans
le monde littéraire allemand ; elle publie des œuvres d'imagi-
nation et des travaux de critique, de science et d'histoire, dignes
d'entrer en comparaison avec les meilleurs articles et les romans
les plus brillants de son illustre rivale. Mais la Revue des Deux
Mondes paraît tous les quinze jours. La Deutsche Rundschau ne
paraît que tous les mois. L'appétit littéraire de l'Allemagne,
l'appétit périodique s'entend, ne va pas au-delà du festin men-
suel, bien que le menu de chaque livraison de la Rundschau ne
soit pas, en dépit d'une louable abondance, tellement copieux
que trente jours pleins semblent nécessaires pour le digérer.

L'Italie n'avait pas attendu aussi longtemps pour réaliser
cet idéal de tous les peuples lettrés. Elle a depuis 1869 la Rivista
europea qui paraît à Florence le Ier et le 16 de chaque mois.
Voilà bien la « Revue des Deux Mondes » de l'Italie ; non pas,
il est vrai, par la couleur de la brochure, car la revue italienne,
dédaignant le saumon, ne craint pas de se parer d'une couverture
verte comme l'espérance et comme le pavillon national, et elle
donne là une preuve de hardiesse et d'originalité dont il faut la
féliciter d'autant plus que ce signe extérieur, médiocrement
important en apparence, est en harmonie avec une individualité

intime dont nous essayerons d'esquisser les traits principaux. Si
la nuance du vêtement diffère, la taille est la même, et le plan,
comme le format, offre de nombreuses analogies avec la revue-
type, mais la Rivista europea s'efforce de se distinguer de son
modèle, et des copies qui le pastichent, par certains caractères
de personnalité, qu'il y a lieu de mettre en lumière.

Revue internationale, comme l'indique le sous-titre de la
publication, la Rivista europea semble s'être proposé pour but
essentiel de tenir l'Italie au courant des grands faits de l'ordre
intellectuel qui s'accomplissent à l'étranger.

Il va sans dire que parlant la langue italienne, et s'adressant
à des Italiens, elle ne néglige pas l'Italie. C'est ainsi que dans sa
livraison du 16 juillet elle publie un intéressant article de
M. RafFaello Dovici sur le théâtre contemporain au-delà des
Alpes (Délia naponalita del moderno teatro drammatico italiano),
et continue un savant travail de M.Antonio Cosci sur les études
historiques en Italie depuis 1859. Nous avions remarqué dans la
précédente livraison quelques pages faites pour nous intéresser
tout particulièrement : un discours sur un artiste italien du xvc siè-
cle, LorenzoGenesini, de Lendinara,peintre, graveur et sculpteur
en bois, harangue prononcée le 31 mai dernier par M. Malmi-
gnati, à l'occasion de l'inauguration de la statue élevée au
Canozio 2 dans sa ville natale. Si nous remontons le courant du
trimestre, nous rencontrons en juin : des considérations pédago-
giques présentées sous la forme d'un songe par un écrivain plein
d'humour qui propose d'un ton badin une sérieuse réforme de
l'enseignement moral dans les écoles d'Italie ; un fragment
inédit d'un ouvrage de feu le chanoine Leopoldo Pagano di
Diamante sur la vie et les ouvrages de Pier délie Vigne, poète
sicilien du xme siècle; un article de M. Ugo Pesci sur le parti
républicain, en Italie; en avril et mai, un essai de M. Nicola
Arnone sur Guido Cavalcanti, un des plus illustres précurseurs
de Dante; un article de M. A. Bertolotti sur quelques épisodes
de l'histoire de la diplomatie florentine à Rome au xvie siècle,
et bien d'autres travaux qu'il serait trop long d'énumérer et qui
prouvent que la Rivista europea serre de près tout ce qui a
occupé l'Italie dans le passé, tout ce qui l'occupe dans le pré-
sent, qu'il s'agisse de ce qu'elle pense ou de ce qu'elle fait, qu'il
s'agisse de politique ou de philosophie, d'histoire ou de littéra-
ture, de science ou d'art.

Mais elle ne s'intéresse pas moins à l'étranger, et tandis
qu'on pourrait citer d'autres pays où la critique se replie volon-
tiers sur elle-même, et vit en quelque sorte renfermée dans sa
propre moelle comme le rat de la fable dans son fromage, sans
songer que les provisions alimentaires de ce magasin pourraient
bien venir un jour à s'épuiser, c'est au contraire par patriotisme
et dans l'intérêt bien entendu de ses lecteurs italiens que la
Rivista europea a l'œil ouvert sur tout ce qui se fait, se dit et
surtout s'écrit à l'étranger, et qu'elle s'évertue avec un zèle
infatigable à résumer ou à développer, à commenter et souvent
à traduire à leur profit le labeur des civilisations qui entourent
l'Italie.

A ce point de vue le département bibliographique de la
Rivista europea est vraiment remarquable. C'est un bureau de
renseignements qui n'a d'équivalent au même degré dans aucun

1. A Paris, chez Sandoz et Fischbacher; à l'Agence Havas ; à la librairie du Luxembourg, 16, rue de Tournon; et chez Hartgé et Le Soudier, 19, rue de
Lille. Prix de l'abonnement : pour l'Italie, 40 francs par an; pour l'Europe (Union postale), 45 francs; pour les États-Unis, 54 francs; pour les pays qui ne font
pas partie de l'Union postale, 60 francs.

2. Il Cano\io, tel est le nom sous lequel est surtout connu Lorenzo Genesini, ne à Lendinara en 142;, mort à Padoue en 1477. Sa statue devait être inau-
gurée l'année dernière, à l'occasion du quatrième centenaire de sa mort, mais diverses circonstances ont retardé d'un an la réalisation de ce projet. Cette statue est
l'œuvre d'un sculpteur padouan, M. Sanavio, à qui Padoue doit la statue de Savonarole. Le Canozio fut élève de Donatello et du Squarcione, et camarade d'atelier
d'Andréa Mantegna. Il est surtout célèbre comme sculpteur en bois. On l'appelait aussi Lorenzo dal Coro, à cause du chœur de Saint-Antoine de Padoue, son
chef-d'œuvre, malheureusement détruit par un incendie en 1749.
 
Annotationen