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Tardieu, Charles: La peinture à l'exposition universelle de 1878, [4]: L'École italienne
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0273
LA PEINTURE'
A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
L'ECOLE ITALIENNE1
(FIN.)
Un tableau curieux est celui de M. le professeur Tedesco, de Naples, intitulé Un
Fils naturel. Dans un coin de jardin dépendant probablement d'une villa qui se dresse sur
une hauteur au fond de la toile, une jeune mère donne le sein à son bébé, tandis qu'une
petite paysanne, qui lui a amené l'enfant, fait le guet à deux pas de là, les yeux tournés
vers le château. Quelle est cette jeune mère? Est-ce la fille de la maison, ou bien une
soubrette qui aura donné des distractions au maître du logis? On ne sait trop. Toujours
est-il qu'elle paraît avoir grande confiance dans l'avenir réservé à son bambino. Son regard
étrange, perdu dans le vague, jette des lueurs prophétiques qui nous rendent rêveur et
nous font .oublier les charmes qu'elle est obligée de dévoiler. 11 y a là-dessous quelque
mystérieuse et symbolique intention qu'on devine d'instinct, mais qu'il est assez difficile
de préciser. Le sens exact de cet allaitement clandestin, mais en plein air, nous échappe à
notre grand regret. M. le professeur Tedesco a-t-il eu quelque arrière-pensée de réforme
législative sur la recherche de la paternité et la condition des enfants nés hors mariage,
ou bien s'est-il tout simplement inspiré d'un roman illégitime qui aura fait du bruit aux
environs de Naples? Mystère et nourricerie! Si la conception de ce tableau est énigma-
tique, l'exécution en est brumeuse. On peut affirmer que la scène ne se passe pas en plein
midi, mais on n'est pas sûr que la lumière grise, qui enveloppe les personnages plus qu'elle
ne les éclaire, soit celle du matin ou celle du soir. Nous penchons pour le crépuscule, mais
non sans hésitation. Du reste, les figures sont entourées d'air respirable. M. Tedesco a un
sentiment assez délicat de l'atmosphère; à ce point de vue, sans s'inquiéter des origines
et des destinées de son « fils naturel », on est tenté de classer le peintre parmi les
paysagistes, et malgré son nom, qui semble trahir une souche allemande, de le rattacher à
ce groupe d'artistes italiens qui subissent l'ascendant de l'école française.
1. Voir l'Art, 4e année, tome II, pages 281 et j 19, et tome III, pages 109, 179 et 217.
2. Voir l'Art, 4' année, tome II, page 217.
Encadrement de F. Magnini, tiré de l'ouvrage intitulé : « L'Augusta ducale Basilica delP Evangelista San Marco.... in Venezia, MDCCLXI. Presso Antonio Zatta ».
Tome XIV. 31
A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
L'ECOLE ITALIENNE1
(FIN.)
Un tableau curieux est celui de M. le professeur Tedesco, de Naples, intitulé Un
Fils naturel. Dans un coin de jardin dépendant probablement d'une villa qui se dresse sur
une hauteur au fond de la toile, une jeune mère donne le sein à son bébé, tandis qu'une
petite paysanne, qui lui a amené l'enfant, fait le guet à deux pas de là, les yeux tournés
vers le château. Quelle est cette jeune mère? Est-ce la fille de la maison, ou bien une
soubrette qui aura donné des distractions au maître du logis? On ne sait trop. Toujours
est-il qu'elle paraît avoir grande confiance dans l'avenir réservé à son bambino. Son regard
étrange, perdu dans le vague, jette des lueurs prophétiques qui nous rendent rêveur et
nous font .oublier les charmes qu'elle est obligée de dévoiler. 11 y a là-dessous quelque
mystérieuse et symbolique intention qu'on devine d'instinct, mais qu'il est assez difficile
de préciser. Le sens exact de cet allaitement clandestin, mais en plein air, nous échappe à
notre grand regret. M. le professeur Tedesco a-t-il eu quelque arrière-pensée de réforme
législative sur la recherche de la paternité et la condition des enfants nés hors mariage,
ou bien s'est-il tout simplement inspiré d'un roman illégitime qui aura fait du bruit aux
environs de Naples? Mystère et nourricerie! Si la conception de ce tableau est énigma-
tique, l'exécution en est brumeuse. On peut affirmer que la scène ne se passe pas en plein
midi, mais on n'est pas sûr que la lumière grise, qui enveloppe les personnages plus qu'elle
ne les éclaire, soit celle du matin ou celle du soir. Nous penchons pour le crépuscule, mais
non sans hésitation. Du reste, les figures sont entourées d'air respirable. M. Tedesco a un
sentiment assez délicat de l'atmosphère; à ce point de vue, sans s'inquiéter des origines
et des destinées de son « fils naturel », on est tenté de classer le peintre parmi les
paysagistes, et malgré son nom, qui semble trahir une souche allemande, de le rattacher à
ce groupe d'artistes italiens qui subissent l'ascendant de l'école française.
1. Voir l'Art, 4e année, tome II, pages 281 et j 19, et tome III, pages 109, 179 et 217.
2. Voir l'Art, 4' année, tome II, page 217.
Encadrement de F. Magnini, tiré de l'ouvrage intitulé : « L'Augusta ducale Basilica delP Evangelista San Marco.... in Venezia, MDCCLXI. Presso Antonio Zatta ».
Tome XIV. 31