L' art: revue hebdomadaire illustrée (4.1878 (Teil 3))

Frise tirée d'un Ovide de 1651.

LE SALON DE PARIS

1878

L'ORIENTALISME

-> epuis quelques années l'orientalisme

i\P. paraît en baisse. Je le regrette modé-

'«^J^jKf rément. On en a abuse. Après les

^ *MSmÈk ff grands initiateurs nous avons eu toute

"^C!l'liBBSà une école à la suite, dont l'industrie

jpflfHik s'exerçait surtout à calomnier l'Orient

*&3rK ^JEBl par des accumulations de lumières

5^ v 1 ^HH crues et discordantes qui ne sont

\ W&r' \ Wiiliil d'aucun pays. Le bon public d'Occident

HHL I wl|PHf aurait fini par croire que l'Afrique et

Wk y fÈSÊm l'Asie possèdent un astre tout spécial,

- il J^p"^! sans rapport aucun avec celui qui nous

I ^Pfpllf' à? éclaire. C'était devenu une espèce de
lu At i^^dPf^^ pose. On avait commencé par trouver
^BBliiilij^%f^-^ un malin plaisir à « épater le bour-
y^^^^^^^^jg^i geois » en lui démontrant l'infériorité
P*^J(|_EÏE, ll5 de ses sensations comparées à celles

des mortels privilégiés qui avaient eu
^9>^—gravie par Levciiié. l'honneur de se brûler les yeux aux

^ rayons de la lumière tropicale ; puis

les mystificateurs avaient fini par se prendre eux-mêmes à leur propre mystification, et par croire
sérieusement, dans leur dédain pour le soleil de la plaine Saint-Denis, qu'ils ne pourraient jamais
pousser trop loin les rutilences et les flamboiements de l'astre vainqueur.

Ces exagérations ont produit un effet tout contraire à celui qu'on se promettait. Les « Phi-
listins » de l'Occident ne se sont peut-être pas demandé si l'on voulait se moquer d'eux, mais
des spectacles qu'on leur présentait ils ont simplement conclu que l'Orient devait être un pays
bien désagréable, et ils ont sincèrement plaint les infortunés qui, sans y être forcés, étaient allés

1. Voir l'Art, 4" année, tome II, pages 201 et 241, et tome III, pages j, 49, yj, 99, 129, tji et 200.

Tome XIV. 29

Lettre composée par François Ehrmann,