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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Des galeries et des musées de Florence, [1]: Lettre à M. le Directeur de L'Art
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Chronique étrangère
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0084

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yo

L'ART.

d'art existant dans l'intérieur de leurs propriétés. Il arrive aussi
que toute infraction à la loi qui régit cette matière lui soit bien-
tôt dénoncée, tant l'exercice de sa surveillance a pénétré la
population du sentiment qui l'anime, et de l'objet de son ins-
titution.

Mais comment les commissions pourraient-elles exercer
leur action tutélaire si leur contrôle n'avait pour point de départ
la connaissance exacte des objets d'art existant dans le cercle de
leur juridiction ? Le règlement y a pourvu par l'article il, qui
charge les commissions de rédiger des inventaires complets de
toutes les œuvres d'art de leur province, soit qu'elles se trouvent
dans les édifices publics sacrés et profanes, soit qu'elles soient pu-
bliquement exposées dans les édifices privés. — Les inventaires
de la. province forment neuf gros volumes in-quarto. Tout y est
noté, dimensions, valeur artistique, nom de l'auteur connu ou
présumé, état de conservation, etc. Et, chose importante, chaque
inventaire a dû être signé par le dépositaire des objets d'art
qui le composent.

Voilà bien une mesure qui, si elle avait été prise depuis
longtemps, eût barré le chemin à une foule de tableaux et de
sculptures qui, en dépit de la loi, ont quitté à la sourdine églises
et couvents pour passer la frontière sans passe-port.

La suppression des couvents a nécessairement donné de la
besogne à nos commissions. Mais il ne faut point s'exagérer
l'importance de cet événement au point de vue qui nous occupe.
L'article 24 de la loi de suppression dispose que « les livres et ma-
nuscrits, les documents scientifiques, les archives, les objets
d'art, etc., qui se trouveront dans les édifices appartenant aux cor-
porations religieuses seront dévolus aux bibliothèques publiques
et aux musées des provinces respectives, moyennant décret du
ministre des cultes et accord préalable avec le ministre de
l'instruction. Les tableaux, les statues, les meubles et ornements
afférents au culte seront conservés à l'usage des églises oii ils
se trouvent. »

Or, les églises des couvents ont été, presque sans exception,
maintenues à l'usage du culte, et ce n'est que l'intérieur des cou-
vents et les sacristies qui ont donné leur appoint à nos musées ;
appoint qui ne se compose pas des œuvres les plus remarquables.
Celles-ci étaient pour la plupart et restent dans les églises.

Je tiens ici à faire mention d'une mesure importante prise
par le ministre de l'instruction publique. Il a demandé aux
commissions locales une liste des couvents de leur province
qui, soit par le caractère monumental de l'édifice, soit par les
fresques qui les décorent/méritent d'être classés à part comme
monuments artistiques, et comme tels exclus de la vente et en-
tretenus aux frais de l'État. On est heureux d'avoir de pareilles
dispositions à louer, surtout quand en d'autres branches de
l'art on aurait de la peine à se procurer égale satisfaction.

Dans un pays aussi décentralisé que le nôtre la mesure qui
assigne à chaque province la jouissance, si ce n'est la propriété,

des bibliothèques et objets d'art de ses couvents, n'a rien qui
doive nous étonner. Tant de grandes villes, naguère capitales,
tant de cités illustres où le souvenir de leur autonomie n'est pas
éteint, se seraient vivement prononcées contre ce qu'elles eussent
appelé une spoliation, si l'on avait songé à tout réunir à la
capitale. Cela est si vrai qu'il nous arrive même de rencontrer
une vive opposition de la part des représentants, maires ou con-
seillers municipaux de fort petites villes qui, invités à livrer au
chef-lieu les objets d'art de leurs couvents, n'osent se heurter
à la susceptibilité de leurs administrés, et nous disent : « Per-
mettez que nous nous abstenions de toute participation à l'enlè-
vement d'objets d'art auxquels notre population est grandement
attachée. Venez les chercher de par la loi, et n'oubliez pas
d'avoir à portée le concours éventuel du gendarme. »

II y en a qui ont proposé de créer un petit musée au palais
municipal si l'on consentait à leur tout laisser. San Gemignano
dit aux belles tours, cette intéressante relique du moyen âge,
que peu d'artistes et de touristes oublient de visiter où les
Benozzo Gozzoli, les Ghirlandajo et d'autres maîtres ont laissé
sur le mur des églises des fresques admirables, San Gemignano
fait plus, et son musée est depuis quelque temps organisé. Aussi
a-t-il fallu tout concéder à San Gemignano, et transiger un
peu avec d'autres petites villes presque aussi importantes au
point de vue de l'art, telles que Montalcino et Montepulciano,
non sans accorder l'hommage d'une certaine admiration au
sentiment qui leur fait attacher une si grande importance à la
propriété toute municipale de leurs objets d'art.

Si je m'arrête à ce qui s'est passé à Sienne, c'est que les
mêmes faits ont dû se répéter, à peu de chose près, dans les
autres provinces. — Ce serait le moment de se demander si une
grande capitale, absorbant tout, rassemblant en un seul faisceau
tous les produits de l'intelligence, comme il en est de Paris, ce
cerveau de la France, si en fin de compte une pareille centrali-
sation serait en tout pays désirable, eu égard aux progrès
intellectuels de la nation. Mais voilà une question trop ardue
pour que je m'y aventure. Elle a été du reste souvent débattue.

De tout ce qui précède il est aisé d'inférer que la suppression
des couvents ne saurait considérablement enrichir nos musées.
Mais avant de vous parler, Monsieur, de ce que les Galeries de
Florence en ont hérité de plus marquant, permettez que je me
crée la douce illusion de vous introduire un instant dans notre
petite Galerie de l'Académie, afin de vous y faire observer un
fait assez curieux qui a donné une valeur inattendue au modeste
contingent qui nous est échu (une cinquantaine de pièces, dont
un tiers d'aucune valeur). Il est d'ailleurs à présumer qu'il ne
s'agit pas d'un fait isolé, et que, en Toscane surtout, il a dû se
produire en différents lieux.

L. Mussini,

Directeur de l'Académie des beaux-arts de Sienne,
Membre correspondant de l'Institut de France.

(La fin prochainement.)

CHRONIQUE ETRANGERE

Angleterre. — On sait toute la tyrannie du chômage
dominical en Angleterre. De différents côtés l'on s'efforce de
réagir contre ce préjugé, car c'en est un au double point de
vue de la morale et de l'hygiène. Plusieurs journaux estimant,
non sans raison, que les musées valent bien les cabarets sous
le rapport du développement intellectuel et sanitaire des masses,
ont demandé que les collections publiques fussent ouvertes
le dimanche. Alors qu'en d'autres pays des comités se forment
pour introduire dans les mœurs l'oisiveté dominicale, une
société, the Sunday Society, s'est constituée en Angleterre
pour utiliser le repos du septième jour. Cette société vient
d'obtenir de la libéralité de Sir Coutts Lindsay que la Gros-

venor Gallery fût ouverte gratuitement à ses membres trois
dimanches de suite ou à peu près. La première visite a eu lieu
le dimanche 14 juillet. La seconde est fixée au 21 et la troisième
au 3 août. Afin de rendre ces visites aussi instructives et inté-
ressantes que possible, la Société a publié un catalogue spécial
au prix de trois pence. Voilà une idée excellente et qui fait hon-
neur à l'initiative intelligente de la Sunday Society autant
qu'à l'inépuisable libéralité du fondateur-propriétaire de la
Grosvenor Gallery.

— On attend au British Muséum la collection d'antiquités
assyriennes trouvées par M. Hormuzd Rassam, qui est en ce
moment à Constantinople.
 
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