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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [4]: scènes de la vie contemporaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0117

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Cartouche composé par Hubert Gravelot, gravé par N. Le Mire.

e maître du genre est M. Duez. Son Accouchée est charmante de ton et
admirable de facture. Elle est habillée de blanc, couchée sur des oreillers
blancs, à demi couverte d'une fourrure blanche, et tous ces blancs superposes
se détachent et s'enlèvent avec une justesse et une harmonie merveilleuses.
C'est un prodige d'habileté. Mais M. Duez ne se contente pas de cette
virtuosité de pinceau, et sa peinture ne parle pas seulement aux amateurs de
tours de force. La mère regarde son enfant d'un air à la fois heureux et
souffrant, qui est parfaitement saisi. Le reste est un peu sacrifié, et n'en fait que mieux ressortir
le morceau principal. Si c'est un artifice volontaire, il est regrettable qu'il soit aussi apparent.
J'aime moins l'autre toile de M. Duez, le Chemin difficile dans les Moulièrcs de Villcrville. Ce
n'est pas à dire qu'il soit sans mérite. La femme en rose est très-joliment campée, et il fallait
toute l'habileté de l'artiste pour établir une harmonie entre les roses et les noirs qui constituent
presque tout le tableau. M. Duez y est parvenu, mais le sujet étant par lui-même insignifiant, il
ne reste que le tour de force, et nous voudrions quelque chose de plus.

Nous ne saurions trop féliciter M. Georges Laugée du progrès que marque son exposition
actuelle. Nous nous rappelons avoir vu de lui l'année dernière à l'exposition de Saint-Quentin des
peintures blafardes et gélatineuses, qui nous faisaient fort mal augurer de son avenir. Sa Glaneuse
d'aujourd'hui nous donne un démenti, que nous enregistrons avec grand plaisir. 11 a peint une
vieille femme qui se présente de face ; elle porte une gerbe de blé et marche courbée, non sous
le poids du fardeau, mais sous celui des années. C'est une peinture ferme et solide ; le relief est
vigoureusement enlevé sur un fond de soleil couchant dont la clarté et la gaieté font contraste
avec le sujet ; mais ce contraste, qui aurait pu être brutal, se trouve très-heureusement atténué
par l'atmosphère des premiers plans^ qui est sombre et triste, comme pour s'accommoder à la
physionomie malheureuse et fatiguée de la pauvre femme. Il semble qu'elle entre dans la nuit, et
cet effet, en accusant l'heure avancée, ajoute à l'impression générale de tristesse et de fatigue.
Auprès de la Glaneuse de M. Laugée, la Villageoise de M. J.' Goupil, malgré ses habiletés de
facture, n'est plus qu'une soubrette d'opéra-comique.

M. Deschamps est plus vraiment rustique. Il est regrettable qu'il lâche un peu son dessin et
qu'il ne se préoccupe pas assez d'être clair. On ne comprend pas très-nettement dès l'abord ce
que fait sa Cribleuse. Son exécution est bonne et sa peinture est assez robuste.

M. Compte-Calix au contraire a plus d'esprit que de facture. Dans un bosquet, assis sur un

t. \ oir l'Art, 4» année, tome II, pages 201 et 241, et tome III, pages j, 49 et 75.
 
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