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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [4]: scènes de la vie contemporaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0118

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ioo L'ART.

banc, sont une jeune villageoise et un homme mûr. « Contez-moi donc ça », dit l'homme, il
faut voir avec quelle attitude de curiosité gourmande. La petite, très-embarrassée, se tortille les
doigts avec une jolie moue. La confession sera difficile, mais le curieux ne lâchera pas prise. Ce
n'est peut-être pas tout à fait de la peinture, mais c'est charmant.

Le Verre de cidre de M. Gaudefroy est un bon petit tableau. Le chasseur est bien campé sur
son banc et solidement étalé contre le mur. La servante n'est guère moins bien réussie. Si les
tons étaient toujours justes, je ne vois pas trop ce que l'on pourrait reprocher à M. Gaudefroy.

La peinture de M. Aimé Perret, qui a toujours été un peu sèche et dure, tourne décidément
à la porcelaine. Ce défaut est frappant dans son grand portrait de M™ Judic. On ne peut en la
voyant s'empêcher de songer à Mme Sarah Félix et à son procédé d'émaillage. Mais dans
Un Rêve sur l'herbe, c'est encore plus grave, le tableau tout entier est en émail et particulière-
ment le corps de la fille couchée dans l'herbe. La couleur elle-même est fausse et vise à la
coquetterie ; la convention remplace la vérité. Si M. Aimé Perret continue dans cette voie, il

pourra acquérir une certaine vogue, dans un certain
monde, mais il sera perdu pour l'art. On ne peut être
à la fois artiste et peintre à la mode.

Les Quatre Anes de M. Palizzi sont bien amu-
sants. Sous une pluie battante s'avancent, couverts de
vastes parapluies, deux hommes et deux femmes,
montés sur des ânes et aussi graves que leurs mon-
tures. C'est l'impassibilité de cette cavalcade grotesque
qui en fait le charme. Ils en ont bien conscience, et,
en les regardant de près, on découvre l'intention
comique dans l'exagération même de cette gravité.
Mais cela ne va pas jusqu'à la charge. L'Intérieur de
cour de M. Brissot de Warville nous montre aussi
des ânes assez bien réussis. Ce petit tableau est joli.
Les Gendarmes de M. Sicard ne sont pas aussi
philosophes et ne s'inquiètent pas d'être drôles. Il fait
grand vent, et Pandore est fort embarrassé de son

'1 k> Y^WK]0^^ _ manteau qui claque et de son chapeau qui menace.

<) il IIlTT/,fHg ==^> ~< Les vagabonds qu'il ramène dans une carriole désem-

parée ont des mines peu engageantes. La scène est

S bien observée et consciencieusement rendue. Je ne

___,

^ crois pas cependant que la pauvre bête qui traîne la

Dessin de g. jundt d'après son tableau. (Salon de ,878.) carriole puisse marcher commodément avec une jambe

de derrière aussi tordue que celle dont l'a gratifiée
M. Sicard. Il faut ajouter que le premier des vagabonds, que suivant toute probabilité le peintre
a voulu placer dans la carriole, sort violemment de son plan, sans qu'aucun de ses deux gardiens
paraisse s'en apercevoir. Il est déjà sur le cheval. Un peu plus, il va s'échapper du tableau.
M. Sicard fera bien de s'appliquer à établir une discipline plus sévère parmi ses per-
sonnages.

M. Salomé poursuit le cours de ses scènes flamandes. Celle qu'il nous offre cette année n'a
de flamand que le costume et pourrait tout aussi bien être picarde ou franc-comtoise. Cela
s'appelle un Souvenir de jeunesse. C'est d'une bonhomie charmante et la mimique en est
tellement expressive qu'on croirait assister à la scène elle-même. Trois vieillards, deux hommes
et une femme, causent ensemble. L'un d'eux, avec un air goguenard, vient de rappeler aux deux
autres quelque souvenir de jeunesse qui les touche de près. L'homme rit franchement et ami-
calement en regardant la bonne vieille, qui sourit discrètement sans lever les yeux. Il ne reste
rien à deviner, ni à soupçonner non plus, tant les nuances sont nettement et habilement graduées.
A cela se joint une véritable habileté de facture. Voyez la tasse que porte à ses lèvres la vieille
 
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