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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [4]: scènes de la vie contemporaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0123

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io4 L'ART.

En 1874, il exposait les Moulières à Villerville; en 187y, l'Attente, le Samedi à Villerville;
en 1876, les Femmes au Cabestan à Villerville ; en 1877, le Départ et la Pêche, toujours à
Villerville. Après avoir passé en revue les scènes les plus significatives de la vie de l'homme de
mer et de sa famille, aujourd'hui il nous fait assister à son enterrement et il apporte dans la
représentation de la mort la même simplicité, la même conscience d'observation, la même sincérité
d'impression que dans les scènes précédentes. Sans pose, sans exagération d'aucune sorte et
cependant avec une grande vérité de sentiment, il nous fait assister avec la famille et les
compagnons du mort à cette scène dernière. Les attitudes, les physionomies sont saisies avec une
précision singulièrement remarquable. On sent qu'on a affaire à un homme qui sait regarder et
voir, qui s'émeut, qui de plus a une longue habitude des personnages qu'il fait agir. M. Ulysse
Butin est vraiment un peintre de la vie contemporaine, dans la meilleure et la plus forte acception
du mot. La voie où il est engagé est excellente, et comme c'est un artiste habile et consciencieux,
on peut, sans crainte de se tromper, lui prédire un bel avenir. Il unit l'observation à la poésie,
car cette scène, comme l'Attente, est pleine d'un sentiment contenu, mais profondément sincère.
La couleur est en harmonie parfaite avec la pensée et le dessin est irréprochable. Je ne vois à
reprendre qu'un défaut de perspective. Les fonds ne fuient peut-être pas assez.

M. Eug. Feyen a peint aussi beaucoup de tableaux maritimes, mais il ne pénètre pas aussi
profondément dans la vie des marins ; il en peint les côtés extérieurs ; il y prend des épisodes
plus ou moins pittoresques, mais ses toiles sont bien loin de l'émotion dont M. Butin empreint
les siennes. Ses Cancalaises puisant de l'eau de mer et son Embarquement des pêcheuses
cancalaises, malgré quelques analogies spécieuses, ne s'élèvent pas au-dessus de ce qu'on appelle
le tableau de genre, tandis que ceux de M. Butin appartiennent à l'histoire, non pas sans doute
à l'histoire telle que l'entend l'Académie, mais à l'histoire vraie, éternelle, celle de la vie
humaine. M. Eug. Feyen ne manque pas du reste d'un certain talent ; il y a dans ses deux
tableaux quelques attitudes, quelques gestes même qui sont bien saisis ; mais chaque figure
paraît être étudiée isolément et demeure isolée malgré le groupement imposé par le sujet ; on ne
sent pas le concours de chaque partie au tout. Et puis il y a bien des parties, les jambes
surtout, dont le dessin laisse à désirer. Dans l'Embarquement, la barque paraît écrasée contre le
quai, et n'a pas le relief nécessaire pour contenir tout ce monde ; il n'est pas non plus facile de
trouver où s'emmanche le bras que tend la pêcheuse qui se penche pour descendre.

Quant aux Pêcheuses de M. Auguste Flameng, nous attendrons pour en dire notre avis
qu'elles soient terminées. Dans l'état présent, ce n'est qu'une bonne préparation de tableau. Nul
ne peut prévoir ce que sera l'œuvre définitive. La Plage de Berck de M. Boudin est une toile
sans prétention et d'une sincérité parfaite. L'impression est simple et le ton juste. Ce sont là des
qualités qui ne sont pas à dédaigner. Le tableau de M. L. P. Sergent, la Veille du départ, est
bien éclairé et la Plage de M. Chatellier est d'une tonalité assez juste.

Eugène Véron.

1. Voir dans l'Art, 4e année, tome II, page 49, l'étude de M. Paul Leroi sur cet artiste, et page 52 l'eau-t'orte de M. Ulysse Butin d'après
le groupe centrai de son tableau, Enterrement d'un marin à Villerville.

MÉDAILLON

Cumposé par Ranson et gravé par Berthault.
 
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