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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [5]: scènes de la vie contemporaine
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0149

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LE SALON DE PARIS'

1878

m

SCÈNES DE LA VIE CONTEMPORAINE.

( SUITE.)

ous classons aux scènes de la vie maritime
le grand tableau de M. Haquette2. Deux
pêcheurs du Pollet se sont pris de dispute
dans un cabaret et en sont venus aux coups.
L'un d'eux, qui a saisi l'autre par les cheveux
et lui tient la tête courbée sur une table,
lève de la main droite une cruche à bière ,
avec laquelle il va évidemment lui briser le
crâne. Une vieille femme effarée s'efforce
d'arrêter son mouvement, tandis qu'un petit
garçon se réfugie en criant dans les jupes de
la grande sœur. L'attitude des deux hommes
est bien observée. On sent dans l'agresseur
une brutalité vraie; le visage est furieux et
stupide, les veines sont gonflées, le mouve-
ment est bien lancé. Mais pourquoi la femme
qui cherche à le retenir, au lieu d'avoir les
yeux fixés sur lui, regarde-t-elle le public? Le
groupe de la jeune fille et de l'enfant est froid, parce qu'ils ne paraissent pas vraiment effrayés.
Pourquoi encore le peintre n'a-t-il pas hâlé les mains de ses combattants ? Il a eu bien soin de
les faire ridées et calleuses, mais il a oublié que ce n'est pas là la couleur des mains ni du
visage des pêcheurs. Cet oubli est d'autant plus sensible que la tonalité des différents objets
est rendue avec plus de soin. Ainsi le broc d'étain que tient l'un des hommes est peint avec une
exactitude qu'envierait plus d'un peintre de nature morte. Cette toile marque un tempérament
énergique. On peut lui reprocher quelque brutalité et désirer plus de distinction. Mais en somme
la scène est vivement enlevée et les pêcheurs du Pollet, quand ils se battent, s'inquiètent peu
d'avoir l'air distingué! Mais est-il nécessaire de peindre les pêcheurs du Pollet quand ils se battent?
C'est là une autre question. Je crois, pour mon compte, que M. Haquette a bien fait de peindre
cette scène, s'il lui a paru qu'il la rendrait mieux qu'une autre. Il faut laisser à chaque tempéra-
ment la liberté de ses allures; l'affaire est de réussir dans le genre qu'on a choisi, et franchement
nous croyons que M. Haquette a réussi. Il y a là l'entrain et la fougue d'une scène vue, et, sauf
certains détails qu'on pourrait critiquer, le dessin et la couleur sont également énergiques. Vous
aimeriez mieux un duel de bon ton entre gentlemen qui s'égorgent poliment. Libre à vous, mais
M. Haquette s'en serait probablement fort mal tiré, et c'est surtout dans un tableau que mieux
vaut goujat bien peint qu'empereur mal enluminé. Pour un artiste, Quasimodo peint par Ribot

1. Voir l'Art, 4e année, tome II, pages 201 et 241, et tome III, pages 5, 49, 75 et 9Q.

2. Une scène au Pollet, prés Dieppe rSeine-Inférieurej.
Tome XIV.

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