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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Carr, J. Comyns: La Saison d'art à Londres: la Royal Academy
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0238

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LA ROYAL ACADEMY. 209

est le phénomène qui se produit et se renouvelle en cette exposition. D'illustres académiciens
ont usurpé le rôle des caricaturistes de profession et dépassé les plus folles excentricités de la
charge en étalant bravement sous les regards du public tous leurs défauts et toutes leurs misères.
Pour peu qu'ils préfèrent aux graves éloges les joyeux éclats de rire, ils sont largement récom-
pensés. Mais on peut se demander s'il est bien digne d'une institution nationale d'art d'accomplir
la tâche réservée d'ordinaire au journalisme satirique. Pour notre part, nous sommes persuadé
qu'une description quelconque de peintures semblables à celles de M. Salomon Hart, M. Frith
ou M. Cope, serait tout à fait déplacée dans l'Art, quoiqu'elles prennent beaucoup de place à
Burlington House, et nos lecteurs auraient le
droit de se plaindre si nous insistions davan-
tage sur ce côté comique de l'exposition.

Il n'y a pas lieu non plus de caractériser
les tendances générales de l'école anglaise
d'après les éléments d'appréciation que nous
fournissent les travaux de l'année. L'exposition
du Champ-de-Mars en donne une idée bien
meilleure, beaucoup plus exacte dans l'en-
semble, et non-seulement les œuvres réunies
dans les salles de la section anglaise des
beaux-arts à l'Exposition universelle de Paris
permettent, bien mieux que celles de Bur-
lington House, de formuler un jugement sur
l'art en Angleterre, sur ses principes et ses
efforts, mais en ce qui concerne certaines
personnalités, elles nous donnent de leurs
facultés artistiques une impression plus favo-
rable. M. Millais par exemple : quiconque a
étudié son œuvre au Champ-de-Mars éprou-
verait un assez vif désappointement en présence
de ses envois à la Royal Academy. C'est moins
sous le rapport de la quantité que de la
qualité que la comparaison tourne à son
préjudice, et il est difficile de concevoir qu'un
peintre de tant de ressource soit capable de
pareilles défaillances. Mais l'explication de ce
mystère est dans l'essence même de son
talent. Ses plus glorieux triomphes, il les
doit à sa hardiesse et à son habileté d'exé-
cutant. L'invention et le goût ne sont pas
toujours chez lui au niveau de sa pratique savante, et lorsqu'il s'avise de traiter quelque sujet
dont la virtuosité de la facture ne suffit pas à réaliser les exigences, il est le jouet de la fortune,
aujourd'hui propice, demain hostile. S'il a été heureux dans le choix de ses modèles, sa pein-
ture, encore qu'incomplète au point de vue de la conception, n'en fait pas moins bon effet à
raison de la vigueur et de la fidélité avec lesquelles il sait exprimer les dehors des choses, rendre
les faits qu'il a sous les yeux. Ce que nous disons des compositions de M. Millais, des œuvres
de son imagination, est vrai aussi, bien qu'à un moindre degré, de ses paysages et de ses por-
traits. Ici même ses motifs, ses attitudes ne sont pas toujours choisis avec un égal bonheur.
Le n° '465- de l'exposition actuelle en est la preuve. Si nous examinons attentivement cette
peinture, nous constatons que l'exécution en est à peine inférieure à celle des meilleurs morceaux
de l'artiste, mais l'effet n'en est pas moins manqué, parce que le motif n'est pas de ceux dont
l'auteur est à même d'extraire ce qu'ils contiennent de charme et d'élégance. Mais si ce paysage

Tome XIV. 27

BlRON.

Dessin de Jas. D. Linton d'après son tableau.
(110e Exposition de la Royal Academy)
 
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