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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Le Musée des arts décoratifs
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L'État-major autrichien devant le corps de Marceau
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0245

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L'ÉTAT-MAJOR AUTRICHIEN DEVANT LE CORPS DE MARCEAU. 2ij

partagée que sous le rapport de la science. Nous avons d'admira-
bles muse'es, mais, admirables au point de vue de l'art et de
l'arche'ologie, ils ne témoignent d'aucun souci pour les intérêts
et les besoins spéciaux des ouvriers ou des fabricants.

Cette préférence exclusive accordée à l'élément scientifique
a porté ses fruits. Si nous considérons au point de vue technique
et pratique les produits de notre industrie, nous pouvons les
admirer sans réserve. Si nous les considérons au point de vue de
l'art, nous sommes obligés de faire certaines restrictions.

A toutes les époques de notre histoire, nous trouvons un
style qui est comme la marque et le caractère d'un temps. Notre
siècle au contraire, à part quelques brillantes exceptions, semble
avoir perdu l'esprit créateur et s'en tenir à l'imitation des ouvra-
ges du passé. Si nous parcourons par exemple le catalogue du
Mobilier à l'Exposition universelle, nous sommes frappés de la
répétition des mêmes termes, une armoire Henri II, un fauteuil
Louis XIV, un lit Louis XV, un bureau Louis XVI. Les produits
répondent rigoureusement aux étiquettes données. Cette imitation
systématique est particulière à l'industrie. Rien de pareil dans
les beaux-arts. On peut critiquer nos artistes, mais il est incon-
testable qu'ils donnent une note qui appartient à notre temps.
Pourquoi cette différence entre deux productions qui devraient
marcher parallèlement ? C'est que nos peintres et nos sculpteurs
ont un musée qui leur sert de guide et qui, développant en eux
l'esprit de comparaison, les empêche de se laisser entraîner à
l'imitation servile.

L'industrie avait jadis ses collections. Les chefs-d'œuvre des
corporations étaient des modèles à consulter. Ces modèles ont
été dispersés, et depuis l'industrie a vogué à l'aventure comme

un navire sans boussole ; trop artiste pour affronter la bizarrerie
ou la laideur, mais évoquant des souvenirs mal classés, allant
d'un style à l'autre ou piétinant sur place, elle semble ne plus
connaître d'horizons nouveaux. C'est que l'originalité n'est pas
un fruit spontané qui se développe sans culture, elle naît de la
comparaison, et l'artiste qui n'a pas la tète suffisamment meublée
flotte entre deux écueils, l'imitation servile ou la laideur. L'imita-
tion servile est le résultat d'une éducation artistique insuffisante ;
on croit créer, et l'on ne fait que démarquer le linge d'autrui.
Quant à celui qui croirait pouvoir se renfermer dans sa propre
pensée, il courrait grand risque de n'y rien trouver, attendu
que l'inspiration s'appuie sur le savoir et ne le remplace jamais.
L'industrie est inférieure aux beaux-arts parce qu'elle ne trouve
pas autour d'elle d'institution pour seconder ses efforts. L'indus-
triel, qui veut se rendre compte de l'art contemporain, va au
musée du Luxembourg ; il y trouve des tableaux, des statues,
mais rien qui se rattache à sa profession. Il est vrai que tous les
dix ans il a les expositions universelles qui lui mettent sous les
yeux une immense quantité de produits. Mais c'est à la fois trop
et trop peu. C'est trop, parce que le bon y coudoie le mauvais,
parce que l'ivraie est à côté du bon grain, et parce qu'un goût
vicieux peut y trouver des encouragements. C'est trop peu,
parce qu'en dix ans un apprenti devient un ouvrier, et parce
que pendant ce long intervalle il sera resté sans aucun guide.

Le Musée des Arts décoratifs comblera cette lacune, en
montrant aux jeunes gens des objets d'art qu'ils pourront étu-
dier, en prêtant des modèles aux écoles, en imprimant aux
études une direction plus rationnelle et plus artistique.

{La fin prochainement.) T. ChASREL.

L'ÉTAT-MAJOR AUTRICHIEN DEVANT LE CORPS DE MARCEAU

GRAVURE DE CH. COURTRY D'APRÈS LE TABLEAU DE J. P. LAURENS.

Je ne crois pas que ce soit une exagération de dire que
M. J. P. Laurens est en ce moment notre premier, sinon notre
seul peintre d'histoire. Il n'est pas de ceux qui cherchent leurs
inspirations dans des dictionnaires et choisissent leurs sujets
uniquement en vue du morceau ou d'un effet quelconque de
coloris ou de lumière. Il y a toujours dans ses tableaux une idée
et un sentiment personnels. On peut critiquer telle disposition
ou telle coloration, mais ces critiques ne portent jamais que sur
le détail et ne touchent pas à l'ensemble et au fond. Le tableau
persiste, parce qu'il est l'expression d'une pensée sérieuse, réflé-
chie et élevée. C'est exactement le contraire du système acadé-
mique, où la forme est tout et l'idée rien. Il serait facile de
confirmer cette appréciation en passant en revue les principales
toiles de l'artiste. Nous nous contenterons de jeter un regard
sur le Marceau.

Ce qui frappe à première vue dans cette toile, c'est la sim-
plicité de la composition, sa réalité pour mieux dire. M. Laurens
a horreur des mises en scène prétentieuses et théâtrales. On sent
que les choses ont dû se passer comme il nous les présente. Les
principales critiques qu'on puisse adresser à cette œuvre pro-
viennent même de l'exagération de cette simplicité. Au point de
vue de l'effet à produire, on pourrait désirer que le corps de
Marceau frappât plus directement et retînt plus fortement le
regard. Dans le tableau, ce qui se voit d'abord, ce qui se détache
surtout, c'est le groupe éclairé qui est au pied du lit, c'est Kray,
c'est même le paravent jaune qui est derrière la tète de Marceau.
Le mort, bien qu'occupant à peu près le centre du tableau, est
place de biais ; il subit un raccourci qui l'éloigné en quelque
sorte en le diminuant; les fleurs du couvre-pied sur lequel il est
étendu contribuent' aussi à distraire l'œil. Malgré tout cela le
tableau garde sa grandeur et son effet, par la sincérité du

sentiment, par la personnalité de l'idée, par l'expression vive et
profonde de toutes ces figures groupées dont la réunion et la
douleur ne s'expliquent que par la présence de ce cadavre. Ce
qui fait la supériorité de cette œuvre, comme de la plupart de
celles de M. Laurens, est moins dans le dehors que dans le
dedans ; c'est pourquoi les défauts que nous avons relevés ne
l'atteignent en quelque sorte qu'indirectement.

Un amateur connu des belles choses, M. Edmond Turquet,
député de l'Aisne, et propriétaire de ce tableau, a eu l'heureuse
idée de le faire graver à l'eau-forte. C'est ce qu'on devrait faire
pour toutes les œuvres qui méritent l'approbation publique. Une
des tristesses de la peinture, c'est le manque de publicité. Com-
bien de belles œuvres vont s'ensevelir dans des collections où
nul ne les voit, et où demeurent ensevelies avec elles les espé-
rances de gloire des artistes ! Il a choisi pour ce travail un graveur
des plus distingués, M. Ch. Courtry, que connaissent bien les
lecteurs de l'Art.

Le dessin de M, Courtry n'a peut-être pas toute l'ampleur
de celui de M. Laurens, mais les attitudes et les expressions
sont très-fidèlement reproduites, jusque dans les moindres détails.
Par ce côté la gravure donne l'idée exacte du tableau. Ainsi on
peut remarquer dans la peinture le soin et la vérité avec lesquels
est rendu cet affaissement général qui suit la mort et qui la
distingue du sommeil. Ces détails ont une grande importance au
point de vue de l'effet. Il est certain que le dos d'un homme qui
dort n'est pas le même que celui d'un homme qui lit
ou qui écoute. C'est en ne négligeant jamais les observations
de ce genre que les Hollandais ont fait de leur peinture une si
exacte traduction de la vie, et c'est pour cela qu'on ne se lasse
pas d'étudier leurs tableaux.

La détente est encore plus sensible dans la mort et elle se
 
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