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Véron, Eugène: Le Salon de Paris 1878, [9]: les animaliers
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2?8 L'ART.
malheur, c'est que ces animaux si bien brossés sont évidemment pétrifiés. Ils ne vivent ni
moralement ni physiquement. Paul Potter les comprenait d'autre manière. Ce même défaut est
encore plus sensible dans l'autre toile Taureaux et génisse. Le combat s'engage. M. de Vuillefroy
a multiplié dans l'un des taureaux les constructions et les déformations qui résultent de l'effort,
sans atteindre au mouvement ; l'autre est absolument passif. La jambe gauche du premier paraît
singulièrement attachée. Le pelage est peint d'une touche un peu violente et heurtée ; on dirait
que le poil se hérisse., ce qui n'est pas dans les habitudes du taureau.
M. Marais a esquivé la difficulté du mouvement en arrêtant ses Vaches à Vabreuvoir. Le dessin
n'a rien de saillant, mais les têtes sont assez bonnes. Le paysage est d'un vert trop cru. Les
deux taureaux de M. de La Rochenoire sont d'une facture assez énergique, mais d'un dessin
Taureaux et Génisse.
Dessin de Félix de Vuillefroy d'après son tableau.
(Salon de 1878.)
massif et lourd. Dans la Vallée d'Aure de M. Pezant je remarque un taureau roux dont le pelage
est bien éclairé et d'une exécution irréprochable. Le tableau de M. Vayson, les Taureaux de la
Camargue, paraît à première vue quelque peu tapageur, mais il y a du mouvement et de la
couleur; le dessin est bon, sauf peut-être la jambe droite de derrière du cheval blanc. En
revanche le geste de l'homme qui frappe est bien saisi. C'est en somme une bonne toile, colorée
et vivante, ce qui n'est pas commun au Salon de 1878. S'il étonne quelque peu d'abord, c'est
que nous sommes peu habitués aux moeurs des taureaux de la Camargue. Renseignements pris,
nous voyons que M. Vayson ne les a pas calomniés et que ces aimables bêtes — y compris leurs
conducteurs — sont bien telles qu'il nous les présente.
Les chevaux sont représentés par MM. Goubie, Veyrassat, Rosen et Lewis Brown.
M. Goubie a un sentiment très-juste de la forme et sa couleur est bonne. Peut-être accuse-t-il
malheur, c'est que ces animaux si bien brossés sont évidemment pétrifiés. Ils ne vivent ni
moralement ni physiquement. Paul Potter les comprenait d'autre manière. Ce même défaut est
encore plus sensible dans l'autre toile Taureaux et génisse. Le combat s'engage. M. de Vuillefroy
a multiplié dans l'un des taureaux les constructions et les déformations qui résultent de l'effort,
sans atteindre au mouvement ; l'autre est absolument passif. La jambe gauche du premier paraît
singulièrement attachée. Le pelage est peint d'une touche un peu violente et heurtée ; on dirait
que le poil se hérisse., ce qui n'est pas dans les habitudes du taureau.
M. Marais a esquivé la difficulté du mouvement en arrêtant ses Vaches à Vabreuvoir. Le dessin
n'a rien de saillant, mais les têtes sont assez bonnes. Le paysage est d'un vert trop cru. Les
deux taureaux de M. de La Rochenoire sont d'une facture assez énergique, mais d'un dessin
Taureaux et Génisse.
Dessin de Félix de Vuillefroy d'après son tableau.
(Salon de 1878.)
massif et lourd. Dans la Vallée d'Aure de M. Pezant je remarque un taureau roux dont le pelage
est bien éclairé et d'une exécution irréprochable. Le tableau de M. Vayson, les Taureaux de la
Camargue, paraît à première vue quelque peu tapageur, mais il y a du mouvement et de la
couleur; le dessin est bon, sauf peut-être la jambe droite de derrière du cheval blanc. En
revanche le geste de l'homme qui frappe est bien saisi. C'est en somme une bonne toile, colorée
et vivante, ce qui n'est pas commun au Salon de 1878. S'il étonne quelque peu d'abord, c'est
que nous sommes peu habitués aux moeurs des taureaux de la Camargue. Renseignements pris,
nous voyons que M. Vayson ne les a pas calomniés et que ces aimables bêtes — y compris leurs
conducteurs — sont bien telles qu'il nous les présente.
Les chevaux sont représentés par MM. Goubie, Veyrassat, Rosen et Lewis Brown.
M. Goubie a un sentiment très-juste de la forme et sa couleur est bonne. Peut-être accuse-t-il