Voici les routes historiques qui montent au
front.
A nous les gonzesses
Qu'ont du poil aux fesses
On les reverra
Quand la classe (bis)
Quand la classe reviendra
Soldat, fais ton fourbi
Pas vu, pas pris
Mes vieux roustis
Encore un bicot d'encule
Dans la cagna de ladjudant
Pere Grognon
Descends ton pantalon
Tiens, voilä du boudin (ter)
Pour les Alsaciens, les Suisses
et les Lorrains
Pan, pan l'Arbi
Les chacals sont par ici
C'etait par un soir de printemps
Dans l'extreme-sud une colonne en marche
V'lä l'bat' d'Af qui passe
Qui passe et repasse
Sauf les Tonkinois
Qui vont s' la tirer dans trois mois
Hs viennent de tous les horizons
Fernand L6ger
Les camions ronflent. A gauche, ä droite,
tout bouge lourdement, pesamment. Tout
s'avance par a-coups, par saccades, dans la
m6me direction. Des colonnes, des masses
s'ebranlent. Tout le tremblement. Cela sent
le cul de cheval entflamme, la motosacoche,
le phenol et l'anis. On croirait avoir aval6
une gomme tant l'air est lourd, la nuit ir-
respirable, les champs empestes. L'haleine
du pere Pinard empoisonne la nature. Vive
l'aramon dans le ventre qui brüle comme une
mddaille vermeille! Soudain un avion s'en-
vole dans une grande petarade. Les nuages
l'avalent. La lune roule par derriere. Et
les pcupiiers de la route nationale tournent
comme les rayons dune roue vertigineuse.
Les collines degringolent. La nuit cede sous
cette poussee. Le rideau se dechire. Tout
pete, craque, tonne, tout ä la fois. Embrase-
ment general. Mille eclatements. Des feux,
des brasiers, des explosions. C'est l'ava-
lanche des canons. Le roulement. Les bar-
rages. Le pilon. Sur la lueur des departs
se profilent eperdus des hommes obliques,
l'index d'un ecriteau, un cbeval fou. Batte-
ment dune paupiere, Clin d'oeil au ma-
gnesium. Instantane rapide. Tout dispa-
rait. On a vu la mer phosphorescente des
tranchees, et des trous noirs. Nous nous
entassons dans les paralleles de depart, fous,
creux, hagards, mouilles, ereintes et vannes.
Longues heures d'attente. On grelotte sous
les obus. Longues heures de pluie. Petit
signification, redouble d'intensite. Cela se
enormes comme des bsleines saoules. Cela
s'enchaine, forme des phrases, prend une
froid. Petit gris. Enfin Taube en chair de
poule. Campagnes devastees. Herbes ge-
lees. Terres mortes. Cailloux souffreteux.
Barbeles cruciferes. L'attente s'eternise.
Nors sommes sous la voütc des obus. On
entend les gros peperes entrer en gare. 11
y a des locomotives dans l'air, des trains in-
visibles, des telescopages, des tamponno-
ments. On compte le coup double des ri-
mailhos. L'ahannement du 240. La grosse
caisse du 120 long. La toupie ronflante du
155. Le miaulement fou du 75. Une arche
s'ouvre sur nos tetes. Les sons en sortent
par couple, male et femelle. Grincements.
Chuintements. Ululements. Hennissements.
Cela tousse, crache barrit, hurle, crie et se
lamente, Chimeres d'aeier et mastodontes
en rut. Bouche apocalyptique, poche ou-
verte, d'oü plongent des mots inarticules,
front.
A nous les gonzesses
Qu'ont du poil aux fesses
On les reverra
Quand la classe (bis)
Quand la classe reviendra
Soldat, fais ton fourbi
Pas vu, pas pris
Mes vieux roustis
Encore un bicot d'encule
Dans la cagna de ladjudant
Pere Grognon
Descends ton pantalon
Tiens, voilä du boudin (ter)
Pour les Alsaciens, les Suisses
et les Lorrains
Pan, pan l'Arbi
Les chacals sont par ici
C'etait par un soir de printemps
Dans l'extreme-sud une colonne en marche
V'lä l'bat' d'Af qui passe
Qui passe et repasse
Sauf les Tonkinois
Qui vont s' la tirer dans trois mois
Hs viennent de tous les horizons
Fernand L6ger
Les camions ronflent. A gauche, ä droite,
tout bouge lourdement, pesamment. Tout
s'avance par a-coups, par saccades, dans la
m6me direction. Des colonnes, des masses
s'ebranlent. Tout le tremblement. Cela sent
le cul de cheval entflamme, la motosacoche,
le phenol et l'anis. On croirait avoir aval6
une gomme tant l'air est lourd, la nuit ir-
respirable, les champs empestes. L'haleine
du pere Pinard empoisonne la nature. Vive
l'aramon dans le ventre qui brüle comme une
mddaille vermeille! Soudain un avion s'en-
vole dans une grande petarade. Les nuages
l'avalent. La lune roule par derriere. Et
les pcupiiers de la route nationale tournent
comme les rayons dune roue vertigineuse.
Les collines degringolent. La nuit cede sous
cette poussee. Le rideau se dechire. Tout
pete, craque, tonne, tout ä la fois. Embrase-
ment general. Mille eclatements. Des feux,
des brasiers, des explosions. C'est l'ava-
lanche des canons. Le roulement. Les bar-
rages. Le pilon. Sur la lueur des departs
se profilent eperdus des hommes obliques,
l'index d'un ecriteau, un cbeval fou. Batte-
ment dune paupiere, Clin d'oeil au ma-
gnesium. Instantane rapide. Tout dispa-
rait. On a vu la mer phosphorescente des
tranchees, et des trous noirs. Nous nous
entassons dans les paralleles de depart, fous,
creux, hagards, mouilles, ereintes et vannes.
Longues heures d'attente. On grelotte sous
les obus. Longues heures de pluie. Petit
signification, redouble d'intensite. Cela se
enormes comme des bsleines saoules. Cela
s'enchaine, forme des phrases, prend une
froid. Petit gris. Enfin Taube en chair de
poule. Campagnes devastees. Herbes ge-
lees. Terres mortes. Cailloux souffreteux.
Barbeles cruciferes. L'attente s'eternise.
Nors sommes sous la voütc des obus. On
entend les gros peperes entrer en gare. 11
y a des locomotives dans l'air, des trains in-
visibles, des telescopages, des tamponno-
ments. On compte le coup double des ri-
mailhos. L'ahannement du 240. La grosse
caisse du 120 long. La toupie ronflante du
155. Le miaulement fou du 75. Une arche
s'ouvre sur nos tetes. Les sons en sortent
par couple, male et femelle. Grincements.
Chuintements. Ululements. Hennissements.
Cela tousse, crache barrit, hurle, crie et se
lamente, Chimeres d'aeier et mastodontes
en rut. Bouche apocalyptique, poche ou-
verte, d'oü plongent des mots inarticules,