CHRONIQUE FRANÇAISE
Le budget des beaux-arts de 1879. — Dans une entrevue
qui a eu lieu entre M. Bardoux et la deuxième sous-com-
mission chargée d'e'tudier le budget de l'année prochaine,
plusieurs questions intéressantes ont été soulevées à propos du
budget des beaux-arts ; elles ont été ensuite reprises par la
commission du budget en séance plénière. On s'est principalement
occupé des théâtres nationaux et de l'insuffisance des subventions
accordées aux théâtres littéraires qui atteignent à peine le chiffre
de 300,000 francs, tandis que les théâtres de musique reçoivent
1,400,000 francs. On a émis l'avis qu'il conviendrait peut-être
de donner à l'Odéon, en particulier, une nouvelle organisation
sur des bases plus larges, de manière à mieux assurer l'éclosion
des artistes et le développement de l'art dramatique. La commis-
sion du budget a maintenu la subvention de ce théâtre, et
ajourné l'examen des questions relatives à sa réorganisation.
Dans le projet du budget pour 1879, le ministre a demande
80,000 francs pour une nouvelle création qu'il se propose de
faire. Il voudrait organiser des auditions publiques de musique
symphonique et chorale qui seraient pour les compositeurs ce
que le Salon est chaque année pour les peintres et les sculpteurs.
On organiserait six concerts par an où seraient exécutées toutes
les œuvres remarquables produites dans l'année et dont l'ad-
mission serait prononcée par un jury comme pour le Salon. La
sous-commission s'est montrée favorable en principe à cette
création, mais la commission du budget a refusé le crédit, esti-
mant que les diverses subventions lyriques allouées par l'État
constituaient pour la musique un privilège suffisant. L'emploi
d'une de ces subventions, celle de l'Opéra, a été l'objet de vives
critiques au sein de la commission du budget, qui la voudrait
mieux justifiée par la gestion du directeur. Le vote définitif des
800,000 francs a été ajourné jusqu'à la solution de la question
des visites publiques de l'escalier et du foyer. La commission
demande deux visites par semaine.
Au sujet des manufactures nationales de Sèvres et des Gobe-
lins, la sous-commission a demandé qu'on opérât les réformes
proposées par la commission de réorganisation nommée en 1876.
Il s'agirait notamment de créer une école de céramique à Sèvres,
où l'on formerait un personnel propre au recrutement ultérieur
des artistes. Il s'agit ensuite de faire que désormais aucune tapis-
serie ne soit exécutée aux Gobelins que sur des cartons soumis
à un concours préalable. La commission du budget, admettant
le premier point, s'est déclarée incompétente sur le second,
dont elle réserve l'examen à une commission spéciale.
La sous-commission a exprimé le regret que l'on n'eût pas
demandé aux Chambres, avant leur séparation, un crédit pour
acheter, au nom de l'État, un certain nombre d'objets d'art figurant
à l'Exposition universelle. Le ministre du commerce a déjà obtenu
un crédit de 100,000 francs pour acquisitions de machines ou
modèles ; les Chambres n'auraient sans doute pas refusé un crédit
analogue pour les beaux-arts. M. Bardoux a fait remarquer que
les Chambres rentraient le 28 octobre et qu'à la rigueur il sera
encore temps d'ouvrir le crédit avant la clôture de l'Exposition.
Sur le crédit de 400,000 francs affecté à la décoration des
monuments publics, la commission a exprimé le regret que la
majeure partie du crédit fût encore absorbée en 1879 par les
travaux du Panthéon, qui empêchent ainsi d'entreprendre d'au-
tres travaux non moins utiles, alors que les dépenses du Pan-
théon devaient être réparties sur les exercices 1874 à 1878.
Le crédit de 167,140 francs pour acquisition d'objets d'art a
été affecté aux musées, à l'exclusion des églises.
L'augmentation de 164,500 francs demandée sur le crédit pour
restauration de monuments historiques est réduite à 100,000 fr.,
avec exclusion de certains édifices classés sans motif suffisant
parmi les monuments à entretenir par l'État.
L'Ecole des beaux-arts de Toulouse qui a produit tant d'ar-
tistes distingués, notamment les sculpteurs Falguière, Mercié,
Idrac, est admise à la répartition des subventions de l'État.
Enfin s'est posée la question de la disjonction de l'adminis-
tration des beaux-arts et de sa constitution en ministère ou en
service spécial indépendant de l'instruction publique. Le rappor-
teur de la sous-commission a rappelé que déjà son prédécesseur
dans la précédente commission du budget avait signalé l'absence
de cohésion des services administratifs des beaux-arts, et que,
sur ce rapport, le ministre avait nommé une commission chargée
d'étudier la réorganisation de ces services. Cette commission a
conclu à l'annexion aux beaux-arts du service des bâtiments
civils dépendant actuellement du ministère des travaux pu-
blics.
Le service des bâtiments civils disposant d'un budget double
de celui de l'administration des beaux-arts, il est évident, d'après
le rapporteur, que lorsque la jonction sera faite il y aura lieu
d'ériger ces services en ministère spécial des beaux-arts ou en
une administration indépendante du ministère de l'instruction
publique et des cultes déjà trop chargé.
Le ministre s'est borné à recevoir communication de ces
observations sans faire connaître son avis. Nous ne connaissons
pas encore la solution donnée à cette question par la commission
du budget, si toutefois elle s'en est occupée.
La Bibliothèque nationale. — On se souvient qu'à la suite
d'une réclamation portée par M. Lockroy à la tribune, dans la
séance de la Chambre du 13 février dernier, M. le ministre de
l'instruction publique a institué le 8 mars suivant une commis-
sion chargée d'examiner la question de l'achat des immeubles
attenant à la Bibliothèque nationale. Un remarquable rapport a
été adressé au ministre par le président de cette commission,
M. Barthélémy Saint-Hilaire. La Bibliothèque nationale, dit
l'honorable sénateur, est sans cesse menacée d'incendie par les
immeubles qui y sont contigus, puisqu'elle ne peut exercer dans
ces immeubles la surveillance qui préviendrait ce danger perpé-
tuel ; en second lieu, les locaux actuels sont devenus absolument
insuffisants ; on ne peut plus différer de les agrandir, si l'on
veut que ce magnifique établissement puisse continuer à rendre
les services que le public est en droit d'en attendre. Aussi la
commission conclut-elle à l'achat immédiat des immeubles
entourant la Bibliothèque et à la construction d'annexés deve-
nues indispensables. Le rapporteur insiste pour qu'une prompte
solution soit proposée aux Chambres.
Le grand concours de composition musicale. — L'audition
des cantates du prix de Rome a eu lieu le 28 juin au Conserva-
toire, et le lendemain, après une seconde audition, le jugement
définitif a été rendu, à l'Institut, par l'Académie des beaux-arts.
Le premier grand prix a été décerné au premier tour de scrutin,
et à l'unanimité moins deux voix, à M. Clément Broutin, élève
de M. François Bazin. L'Académie n'ayant pas accordé de pre-
mier prix en 1877 pouvait en décerner un de plus cette année.
Ce prix supplémentaire a été attribué à M. Rousseau qui a droit,
de ce chef, à la pension et au voyage de Rome. Des mentions
honorables ont été votées à MM. Hue et Dallier. La cantate de
M. Broutin est généralement considérée comme une des meil-
leures qui aient été entendues depuis longtemps.
Le budget des beaux-arts de 1879. — Dans une entrevue
qui a eu lieu entre M. Bardoux et la deuxième sous-com-
mission chargée d'e'tudier le budget de l'année prochaine,
plusieurs questions intéressantes ont été soulevées à propos du
budget des beaux-arts ; elles ont été ensuite reprises par la
commission du budget en séance plénière. On s'est principalement
occupé des théâtres nationaux et de l'insuffisance des subventions
accordées aux théâtres littéraires qui atteignent à peine le chiffre
de 300,000 francs, tandis que les théâtres de musique reçoivent
1,400,000 francs. On a émis l'avis qu'il conviendrait peut-être
de donner à l'Odéon, en particulier, une nouvelle organisation
sur des bases plus larges, de manière à mieux assurer l'éclosion
des artistes et le développement de l'art dramatique. La commis-
sion du budget a maintenu la subvention de ce théâtre, et
ajourné l'examen des questions relatives à sa réorganisation.
Dans le projet du budget pour 1879, le ministre a demande
80,000 francs pour une nouvelle création qu'il se propose de
faire. Il voudrait organiser des auditions publiques de musique
symphonique et chorale qui seraient pour les compositeurs ce
que le Salon est chaque année pour les peintres et les sculpteurs.
On organiserait six concerts par an où seraient exécutées toutes
les œuvres remarquables produites dans l'année et dont l'ad-
mission serait prononcée par un jury comme pour le Salon. La
sous-commission s'est montrée favorable en principe à cette
création, mais la commission du budget a refusé le crédit, esti-
mant que les diverses subventions lyriques allouées par l'État
constituaient pour la musique un privilège suffisant. L'emploi
d'une de ces subventions, celle de l'Opéra, a été l'objet de vives
critiques au sein de la commission du budget, qui la voudrait
mieux justifiée par la gestion du directeur. Le vote définitif des
800,000 francs a été ajourné jusqu'à la solution de la question
des visites publiques de l'escalier et du foyer. La commission
demande deux visites par semaine.
Au sujet des manufactures nationales de Sèvres et des Gobe-
lins, la sous-commission a demandé qu'on opérât les réformes
proposées par la commission de réorganisation nommée en 1876.
Il s'agirait notamment de créer une école de céramique à Sèvres,
où l'on formerait un personnel propre au recrutement ultérieur
des artistes. Il s'agit ensuite de faire que désormais aucune tapis-
serie ne soit exécutée aux Gobelins que sur des cartons soumis
à un concours préalable. La commission du budget, admettant
le premier point, s'est déclarée incompétente sur le second,
dont elle réserve l'examen à une commission spéciale.
La sous-commission a exprimé le regret que l'on n'eût pas
demandé aux Chambres, avant leur séparation, un crédit pour
acheter, au nom de l'État, un certain nombre d'objets d'art figurant
à l'Exposition universelle. Le ministre du commerce a déjà obtenu
un crédit de 100,000 francs pour acquisitions de machines ou
modèles ; les Chambres n'auraient sans doute pas refusé un crédit
analogue pour les beaux-arts. M. Bardoux a fait remarquer que
les Chambres rentraient le 28 octobre et qu'à la rigueur il sera
encore temps d'ouvrir le crédit avant la clôture de l'Exposition.
Sur le crédit de 400,000 francs affecté à la décoration des
monuments publics, la commission a exprimé le regret que la
majeure partie du crédit fût encore absorbée en 1879 par les
travaux du Panthéon, qui empêchent ainsi d'entreprendre d'au-
tres travaux non moins utiles, alors que les dépenses du Pan-
théon devaient être réparties sur les exercices 1874 à 1878.
Le crédit de 167,140 francs pour acquisition d'objets d'art a
été affecté aux musées, à l'exclusion des églises.
L'augmentation de 164,500 francs demandée sur le crédit pour
restauration de monuments historiques est réduite à 100,000 fr.,
avec exclusion de certains édifices classés sans motif suffisant
parmi les monuments à entretenir par l'État.
L'Ecole des beaux-arts de Toulouse qui a produit tant d'ar-
tistes distingués, notamment les sculpteurs Falguière, Mercié,
Idrac, est admise à la répartition des subventions de l'État.
Enfin s'est posée la question de la disjonction de l'adminis-
tration des beaux-arts et de sa constitution en ministère ou en
service spécial indépendant de l'instruction publique. Le rappor-
teur de la sous-commission a rappelé que déjà son prédécesseur
dans la précédente commission du budget avait signalé l'absence
de cohésion des services administratifs des beaux-arts, et que,
sur ce rapport, le ministre avait nommé une commission chargée
d'étudier la réorganisation de ces services. Cette commission a
conclu à l'annexion aux beaux-arts du service des bâtiments
civils dépendant actuellement du ministère des travaux pu-
blics.
Le service des bâtiments civils disposant d'un budget double
de celui de l'administration des beaux-arts, il est évident, d'après
le rapporteur, que lorsque la jonction sera faite il y aura lieu
d'ériger ces services en ministère spécial des beaux-arts ou en
une administration indépendante du ministère de l'instruction
publique et des cultes déjà trop chargé.
Le ministre s'est borné à recevoir communication de ces
observations sans faire connaître son avis. Nous ne connaissons
pas encore la solution donnée à cette question par la commission
du budget, si toutefois elle s'en est occupée.
La Bibliothèque nationale. — On se souvient qu'à la suite
d'une réclamation portée par M. Lockroy à la tribune, dans la
séance de la Chambre du 13 février dernier, M. le ministre de
l'instruction publique a institué le 8 mars suivant une commis-
sion chargée d'examiner la question de l'achat des immeubles
attenant à la Bibliothèque nationale. Un remarquable rapport a
été adressé au ministre par le président de cette commission,
M. Barthélémy Saint-Hilaire. La Bibliothèque nationale, dit
l'honorable sénateur, est sans cesse menacée d'incendie par les
immeubles qui y sont contigus, puisqu'elle ne peut exercer dans
ces immeubles la surveillance qui préviendrait ce danger perpé-
tuel ; en second lieu, les locaux actuels sont devenus absolument
insuffisants ; on ne peut plus différer de les agrandir, si l'on
veut que ce magnifique établissement puisse continuer à rendre
les services que le public est en droit d'en attendre. Aussi la
commission conclut-elle à l'achat immédiat des immeubles
entourant la Bibliothèque et à la construction d'annexés deve-
nues indispensables. Le rapporteur insiste pour qu'une prompte
solution soit proposée aux Chambres.
Le grand concours de composition musicale. — L'audition
des cantates du prix de Rome a eu lieu le 28 juin au Conserva-
toire, et le lendemain, après une seconde audition, le jugement
définitif a été rendu, à l'Institut, par l'Académie des beaux-arts.
Le premier grand prix a été décerné au premier tour de scrutin,
et à l'unanimité moins deux voix, à M. Clément Broutin, élève
de M. François Bazin. L'Académie n'ayant pas accordé de pre-
mier prix en 1877 pouvait en décerner un de plus cette année.
Ce prix supplémentaire a été attribué à M. Rousseau qui a droit,
de ce chef, à la pension et au voyage de Rome. Des mentions
honorables ont été votées à MM. Hue et Dallier. La cantate de
M. Broutin est généralement considérée comme une des meil-
leures qui aient été entendues depuis longtemps.