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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel: Les bâtiments de l'Exposition universelle de 1878, [4]: le Palais du Trocadéro
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0142

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122 L'ART.

d'entamer un débat sur ces matières avec un personnage qui, sans s'être rendu compte du
programme, sans avoir étudié les plans, et comment l'architecte les a mis d'accord avec ce pro-
gramme, avec les nécessités de la construction, vient, à la distance d'un kilomètre de l'édifice,
porter un jugement tout de sentiment. En pareil cas, on se tait, d'autant que le sentiment de
Pierre est opposé au sentiment de Paul, sans être appuyé davantage sur le raisonnement, et que
le mieux est de les laisser discuter l'un et l'autre à perte de vue sur des matières auxquelles,
de leur propre aveu, ils n'entendent absolument rien.

Mais telle est la manie chez nous — et cela date de loin, puisque Philibert de l'Orme s'en
plaignait déjà de son temps — de croire qu'on ne saurait parler législation sans avoir au moins
fait son droit; médecine ou chirurgie, sans avoir suivi des cours; marine, sans avoir longtemps
navigué; commerce, sans avoir vendu; industrie, sans avoir fabriqué quelque chose, mais que
pour l'architecture, chacun en peut discourir en pleine connaissance et cela parce que, depuis le
xviie siècle, bon nombre d'honnêtes gens ayant du loisir, ont rempli des volumes de phrases sur
l'architecture sous le prétexte qu'ils savaient assez de latin pour très-mal traduire Vitruve et
qu'ils avaient été faire un tour en Italie.

Mais ici nous avons du papier blanc devant nous et nous pouvons raisonner. Si je me per-
mettais d'adresser une critique aux architectes du Trocadéro, ce serait, au contraire, d'avoir
montré quelque timidité dans l'affirmation des principes admis par eux.

Il est évident que la salle destinée à contenir environ 4,500 personnes doit, comme motif
architectonique, non-seulement dominer des galeries d'exposition et le déambulatoire qui les
flanque, mais être conçue d'après une échelle plus grande. Les baies qui l'éclairent présenteront
des vides en rapport avec l'amplitude du vaisseau, et les portiques à double étage qui enve-
loppent sa partie circulaire seront conçus dans des proportions en rapport avec son diamètre
et sa hauteur. Par cela même qu'ils sont à double étage, leur construction sera plus robuste
que celle des portiques des galeries. Cependant, entre ces galeries et la grande salle, sont les
annexes : les salles de conférence, dont l'échelle, appropriée à l'objet, peut servir de transition
entre la masse principale et les ailes.

Celles-ci, nous l'avons dit, ne sont que de simples galeries d'exposition et doivent être pro-
portionnées à leur destination. Le portique qui les accompagne, pour remplir son objet, c'est-à-dire
pour garantir les visiteurs contre la pluie, le vent et les ardeurs du soleil, doit être large et assez
bas, et ne pas donner, comme le portique de la Bourse, par exemple, un abri tout à fait illu-
soire, quoique majestueux. Je laisse de côté la dépense et les rhumes qu'occasionnent ce faux
monumental ; pour établir ces ailes sur l'échelle de la grande salle, on diminuait l'importance de
celle-ci, et au lieu d'appeler les regards sur l'objet principal, on le perdait dans cette immense
demi-lune.

Mais cette grande salle fait songer à l'abside d'une église ? Une analogie dans des
programmes, s'ils sont étudiés soigneusement, fournit, tout naturellement, une analogie dans les
formes adoptées et on ne saurait s'en prendre aux architectes des conséquences de cette analogie.
Toutefois, sauf la forme circulaire générale, il faut y mettre beaucoup de bonne volonté pour
trouver, entre les dehors de la salle du Trocadéro et une abside d'église, un rapport frappant, car
cet extérieur rappelle tout aussi bien et mieux, un cirque ou un théâtre suivant la donnée
antique, avec ses déambulatoires extérieurs.

Fallait-il, comme le demandent quelques-uns, établir ce frontispice dans l'axe, au-dessus de
la cascade ? Pourquoi ? Un frontispice indique une entrée ; or, l'entrée est forcément du côté de
la place du Trocadéro. C'est de ce côté que se présente et que se présentera toujours le public,
que peuvent et que pourront accéder les voitures.

Ce frontispice, puisque frontispice il y a, modifiait aux yeux la forme vraie de la salle qui
est circulaire. Ou il n'eût été qu'un motif peu important et par conséquent mesquin, ou il eût
occupé une large place et, encore une fois, pourquoi faire? Pour interrompre ce déambulatoire
demi-circulaire, à deux étages, d'où la vue sur Paris est merveilleuse; pour déranger l'ordonnance
générale qui paraît vraiment grande, parce qu'elle est simple et facile à saisir d'un coup d'œil ?
 
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