L'ART AU MUSÉE
ETHNOGRAPHIQUE.
qu'en fait d'art les Persans d'aucun temps n'ont jamais rien
invente', mais qu'ils ont su tout prendre, tout garder, ne rien
oublier, et fondre leurs acquisitions dans un ensemble si heu-
reusement lié qu'il a l'air de leur appartenir, et qu'on en
jurerait si l'analyse ne venait de'montrer le contraire. Ce que
les Persans ont posse'dé au plus haut degré, c'est l'esprit de
compréhension, la puissance de comparaison, et une sorte de
critique qui leur a permis de combiner avec bonheur des élé-
ments parfaitement étrangers les uns aux autres... En se plaçant
sur le terrain de l'art persan, on pourrait pénétrer bien des
mystères de l'origine de l'art byzantin et de l'art sarrazin. La
Perse est comme un foyer où les idées et les inventions des
contrées les plus lointaines sont venues se confondre... » etc.
la tête ronde, basse, est de la grosseur d'une noix, tels ceux de
Livia, provenant de l'ancien cabinet de Marlborough, etc.
Il y a toujours, dans les différentes parties émaillées d'un
monument persan, une couleur dominante formant le fond de la
décoration; parfois c'est au portique le bleu lapis ou le bleu tur-
quoise, et le vert est généralement la note principale de l'émail
qui recouvre les dômes.
Nous pouvons donc supposer que l'architecture antique per-
sane a dû préférer l'harmonie verdàtre de la turquoise et aussi
de l'émail, couleur devenue sacrée par la suite, et qui dès l'origine
était celle des étendards de l'Islam, du Prophète et de ses
descendants. Il semble que l'exploitation successive des
mines de turquoises du nord de la Perse, principalement dans
L'exposition de M. Ujfalvy la province de Khorasan ,
nous montre aussi au palais près de la ville de Nésébahur,
du Champ-de-Mars nombre a amené les Orientaux, de
de pièces d'orfèvrerie et de ï? l'antique emploi préféré des
bijouterie provenant des .^S^/vW nuances vertes, à toutes les
points les plus divers de son ifit^fèSlv^vx nuances du bleu, depuis le
exploration: les fibules, les f 7i£È0=Ê=Êi~^] /"X t0n 'ntense jusqu'au bleu
colliers en bronze à pendelo- fiBggggjjjS S\^& blanchâtre ou laiteux , en
ques trouvés en Sibérie, ^^'^^W^Wn /^^^"^ passant par l'azuré, c'est-à-
nous reculent aux époques \ÊÈstf£Wl\ /* a dire par tous les tons naturels
préhistoriques. Les objets les / jÈr '^H^Pf'H fi? ff ^ turclu0'ses orientalcs Piei'~
plus intéressants sont ceux lia /•■ // reuses, de vieilles ou de
rapportes des mêmes contrées j: li ■gPa$!j( lili nouvelles roches. Aujour-
dont nous avons admiré les \\% <83ÏËp ml d'hui, on ne trouve plus guère
ruines architecturales, objets lÈÈÉi'fë^h m\ que ces dernières de mauvaise
d'orfèvrerie et de bijouterie î'^ zï K\\Vk M ' qualité , les mines de tur-
cn parfait accord de goût et '^J'illiPj \v\ j|P.' * quoises pierreuses ; celles de
de luxe avec les monuments ga* JtfflÊffiTM S^'^Vn IIP trtt vieilles roches étant épuisées,
dont nous avons parlé, et ^^Sc^^^K^^ w&i '«^^fPv après avoir fourni, durant
avec l'époque à laquelle ils ^^^^^^^^^^^^^yj^^^^W des siècles, à tous les caprices
appartiennent. \ v \^%*®ir ^° *'^"ent' et Plus tara a
La turquoise, ou plutôt M-^^^^Më^^ï^^&\ F V^VvÏK CCUX ^ l'Eur0Pe--- Celle-ci,
les turquoises, tel est l'élé- WmwÊmaÊV IWrW v 1 j\m à la suite des croisades, émer-
ment principal de décoration ^^^^ÊwÊ^KÊKp 11 T^flilâ veillée de l'ornementation
des bracelets comme des col- j^MSMPÉHKg^^p ;!|1 |2w»'|K' magnifique que donnaient ces
liers, de la selle du cheval W^^^^^^^^^^^Ê^^^^^'I pierres aux harnachements et
ou du fouet du cavalier ; les ^^BÊF^^^^^ÎJS^^^7 aux armes des Turcs, les
turquoises placées dans tous ^Ié*"" \^^*"=~=*a°'*_ / ^SÊÊ? importa dans l'Occident ,
les interstices de la pièce, ^^ÈèSÊÊÊBlkMSr mhis le nom de turquise ou
serrées l'une près de l'autre A^. T» hiihii ■■HMBb turquoise, dénomination
et usées ensuite dans le même é&z^~ iÉysSl ' iÉlSHi fausse d'origine, qui leur est
plan, contournent et couvrent -^ggg^. .^^^^^aB^^a^ toujours restée. Mais leur
les petits objets de luxe de "S^a^^a^^^^kl ' ■ ^/^^P^^v vrai nom, encore usité aujour-
l'Asie centrale, de la même ^^^j^s^^^^^^^^^^^^^^^ ,s**-~~~^/r~ d'hui en Perse, est : firotif,
façon que l'émail couvre ou " mot qui signifie : bonheur,
tapisse entièrement les monu- et exprime clairement toutes
j« Aiguière persane. , .....
ments de ses cites. les propriétés miraculeuses
On a longtemps discuté Exposition universelle de 1S7S; salle des missions scientifiques ^,Qn ^ attrjbuait. car
sur l'usage de la turquoise Croquis de H. Toussaint. iis s'imaginent même, encore
dans les civilisations antiques, de nos jours, que cette pierre
a la propriété de préserver de la mort violente et protège la
vertu, en perdant ses couleurs et même en se brisant dans les
mains du possesseur trop négligent à ce point de vue. (La
turquoise osseuse s'altère par la chaleur du lit et la transpiration.)
Les Indous, qui possèdent dans leur territoire de riches
mines de turquoises, les Indous, de tous les peuples du globe
les plus portés aux croyances mystiques et surnaturelles, avaient
adopté les mêmes superstitions.
De ces deux courants, les idées talismaniques ont pénétré
en Europe. Dans une de ses dernières correspondances du
théâtre de la guerre russo-turque actuelle, M.Ivan de Wcestyne
raconte que presque tous les officiers russes portent en guise de
talisman une bague ornée d'une turquoise. Les Russes, qui sont
très-superstitieux, attribuent encore aujourd'hui, à cette pierre,
le don de porter bonheur.
30
et sur son identification avec plusieurs pierres mentionnées
par Pline. Suivant nous, M. King a démontré victorieusement
que l'on ne devait pas la trouver dans le caliais ou callaina,
qui n'est autre que le péridot (jaspis aerifusa) ou jaspe céralé,
lequel s'identifie parfaitement avec la saphirine calcédoine
(jaspe). Il est évident que c'est Vémeraude (smaragdus) herméenne
ou perse (Persicus) de Démocrite , décrite par cet auteur,
qui est le nom classique de la turquoise analogue à la pierre
ou à l'ivoire fossile, parfaitement définie par Théophraste.
{Traité des pierres, ch. lxv.J
Le synonyme grec de smaragdus avec vert nous fait pen-
cher à croire que c'était parmi les couleurs de la turquoise celle
que l'on préférait dans l'antiquité, ainsi les rares exemples de
gravures antiques sur turquoises que nous possédions sont de
couleur verte; tel le buste de Tibère (cabinet de Florence), dont
Tome XIV.
ETHNOGRAPHIQUE.
qu'en fait d'art les Persans d'aucun temps n'ont jamais rien
invente', mais qu'ils ont su tout prendre, tout garder, ne rien
oublier, et fondre leurs acquisitions dans un ensemble si heu-
reusement lié qu'il a l'air de leur appartenir, et qu'on en
jurerait si l'analyse ne venait de'montrer le contraire. Ce que
les Persans ont posse'dé au plus haut degré, c'est l'esprit de
compréhension, la puissance de comparaison, et une sorte de
critique qui leur a permis de combiner avec bonheur des élé-
ments parfaitement étrangers les uns aux autres... En se plaçant
sur le terrain de l'art persan, on pourrait pénétrer bien des
mystères de l'origine de l'art byzantin et de l'art sarrazin. La
Perse est comme un foyer où les idées et les inventions des
contrées les plus lointaines sont venues se confondre... » etc.
la tête ronde, basse, est de la grosseur d'une noix, tels ceux de
Livia, provenant de l'ancien cabinet de Marlborough, etc.
Il y a toujours, dans les différentes parties émaillées d'un
monument persan, une couleur dominante formant le fond de la
décoration; parfois c'est au portique le bleu lapis ou le bleu tur-
quoise, et le vert est généralement la note principale de l'émail
qui recouvre les dômes.
Nous pouvons donc supposer que l'architecture antique per-
sane a dû préférer l'harmonie verdàtre de la turquoise et aussi
de l'émail, couleur devenue sacrée par la suite, et qui dès l'origine
était celle des étendards de l'Islam, du Prophète et de ses
descendants. Il semble que l'exploitation successive des
mines de turquoises du nord de la Perse, principalement dans
L'exposition de M. Ujfalvy la province de Khorasan ,
nous montre aussi au palais près de la ville de Nésébahur,
du Champ-de-Mars nombre a amené les Orientaux, de
de pièces d'orfèvrerie et de ï? l'antique emploi préféré des
bijouterie provenant des .^S^/vW nuances vertes, à toutes les
points les plus divers de son ifit^fèSlv^vx nuances du bleu, depuis le
exploration: les fibules, les f 7i£È0=Ê=Êi~^] /"X t0n 'ntense jusqu'au bleu
colliers en bronze à pendelo- fiBggggjjjS S\^& blanchâtre ou laiteux , en
ques trouvés en Sibérie, ^^'^^W^Wn /^^^"^ passant par l'azuré, c'est-à-
nous reculent aux époques \ÊÈstf£Wl\ /* a dire par tous les tons naturels
préhistoriques. Les objets les / jÈr '^H^Pf'H fi? ff ^ turclu0'ses orientalcs Piei'~
plus intéressants sont ceux lia /•■ // reuses, de vieilles ou de
rapportes des mêmes contrées j: li ■gPa$!j( lili nouvelles roches. Aujour-
dont nous avons admiré les \\% <83ÏËp ml d'hui, on ne trouve plus guère
ruines architecturales, objets lÈÈÉi'fë^h m\ que ces dernières de mauvaise
d'orfèvrerie et de bijouterie î'^ zï K\\Vk M ' qualité , les mines de tur-
cn parfait accord de goût et '^J'illiPj \v\ j|P.' * quoises pierreuses ; celles de
de luxe avec les monuments ga* JtfflÊffiTM S^'^Vn IIP trtt vieilles roches étant épuisées,
dont nous avons parlé, et ^^Sc^^^K^^ w&i '«^^fPv après avoir fourni, durant
avec l'époque à laquelle ils ^^^^^^^^^^^^^yj^^^^W des siècles, à tous les caprices
appartiennent. \ v \^%*®ir ^° *'^"ent' et Plus tara a
La turquoise, ou plutôt M-^^^^Më^^ï^^&\ F V^VvÏK CCUX ^ l'Eur0Pe--- Celle-ci,
les turquoises, tel est l'élé- WmwÊmaÊV IWrW v 1 j\m à la suite des croisades, émer-
ment principal de décoration ^^^^ÊwÊ^KÊKp 11 T^flilâ veillée de l'ornementation
des bracelets comme des col- j^MSMPÉHKg^^p ;!|1 |2w»'|K' magnifique que donnaient ces
liers, de la selle du cheval W^^^^^^^^^^^Ê^^^^^'I pierres aux harnachements et
ou du fouet du cavalier ; les ^^BÊF^^^^^ÎJS^^^7 aux armes des Turcs, les
turquoises placées dans tous ^Ié*"" \^^*"=~=*a°'*_ / ^SÊÊ? importa dans l'Occident ,
les interstices de la pièce, ^^ÈèSÊÊÊBlkMSr mhis le nom de turquise ou
serrées l'une près de l'autre A^. T» hiihii ■■HMBb turquoise, dénomination
et usées ensuite dans le même é&z^~ iÉysSl ' iÉlSHi fausse d'origine, qui leur est
plan, contournent et couvrent -^ggg^. .^^^^^aB^^a^ toujours restée. Mais leur
les petits objets de luxe de "S^a^^a^^^^kl ' ■ ^/^^P^^v vrai nom, encore usité aujour-
l'Asie centrale, de la même ^^^j^s^^^^^^^^^^^^^^^ ,s**-~~~^/r~ d'hui en Perse, est : firotif,
façon que l'émail couvre ou " mot qui signifie : bonheur,
tapisse entièrement les monu- et exprime clairement toutes
j« Aiguière persane. , .....
ments de ses cites. les propriétés miraculeuses
On a longtemps discuté Exposition universelle de 1S7S; salle des missions scientifiques ^,Qn ^ attrjbuait. car
sur l'usage de la turquoise Croquis de H. Toussaint. iis s'imaginent même, encore
dans les civilisations antiques, de nos jours, que cette pierre
a la propriété de préserver de la mort violente et protège la
vertu, en perdant ses couleurs et même en se brisant dans les
mains du possesseur trop négligent à ce point de vue. (La
turquoise osseuse s'altère par la chaleur du lit et la transpiration.)
Les Indous, qui possèdent dans leur territoire de riches
mines de turquoises, les Indous, de tous les peuples du globe
les plus portés aux croyances mystiques et surnaturelles, avaient
adopté les mêmes superstitions.
De ces deux courants, les idées talismaniques ont pénétré
en Europe. Dans une de ses dernières correspondances du
théâtre de la guerre russo-turque actuelle, M.Ivan de Wcestyne
raconte que presque tous les officiers russes portent en guise de
talisman une bague ornée d'une turquoise. Les Russes, qui sont
très-superstitieux, attribuent encore aujourd'hui, à cette pierre,
le don de porter bonheur.
30
et sur son identification avec plusieurs pierres mentionnées
par Pline. Suivant nous, M. King a démontré victorieusement
que l'on ne devait pas la trouver dans le caliais ou callaina,
qui n'est autre que le péridot (jaspis aerifusa) ou jaspe céralé,
lequel s'identifie parfaitement avec la saphirine calcédoine
(jaspe). Il est évident que c'est Vémeraude (smaragdus) herméenne
ou perse (Persicus) de Démocrite , décrite par cet auteur,
qui est le nom classique de la turquoise analogue à la pierre
ou à l'ivoire fossile, parfaitement définie par Théophraste.
{Traité des pierres, ch. lxv.J
Le synonyme grec de smaragdus avec vert nous fait pen-
cher à croire que c'était parmi les couleurs de la turquoise celle
que l'on préférait dans l'antiquité, ainsi les rares exemples de
gravures antiques sur turquoises que nous possédions sont de
couleur verte; tel le buste de Tibère (cabinet de Florence), dont
Tome XIV.