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Ménard, Louis: La sculpture au Salon de 1878, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0288
2)-4 L'ART.
Le principal avantage des draperies est de faire valoir les nus par le contraste des lignes,
comme dans les bas-reliefs antiques. C'est ce qu'a parfaitement compris M. Delaplanche quand il
a attaché autour de sa statue de la Musique une couverture qui serait incapable de la couvrir,
mais qui sert d'accompagnement à la mélodie de
ses formes. Ce beau marbre, dont le modèle a été
exposé l'année dernière, exhale un parfum de
Renaissance italienne et semble inspiré de
quelque croquis de Raphaël. La Vierge au lis
du même artiste est une jeune personne conve-
nable et d'une figure agréable, quoique peu
expressive, dont la réduction coloriée pourrait
prendre place au milieu des sculptures religieuses
IL de la rue Saint-Sulpice. Je comprends qu'on la
récompense et qu'on l'achète pour une église,
mais la Musique, c'est autre chose. Malgré un
pli de graisse à la hanche, qui ne me plaît pas
beaucoup, si on me laissait choisir une statue
du Salon, c'est celle-là que je prendrais.
La statue de M. Franceschi, une jeune
femme tenant une palette d'une main et un
pinceau de l'autre, pourrait être intitulée la
Peinture. Il paraît cependant, d'après le livret,
que c'est un portrait. Cela prouve qu'on peut
habiller une figure sans être obligé de copier
l'antique, et que le costume moderne, du moins
celui des femmes, pourvu qu'on le débarrasse
des fanfreluches de la mode, n'est pas incom-
patible avec la gravité de l'art. Cette charmante
statue, où la réalité indispensable dans un
portrait s'allie à la dose d'idéal qu'exige la
sculpture, est de la même famille que la Charité
de M. Paul Dubois, qui a eu tant de succès au
dernier Salon et qu'on peut revoir cette année
au Champ-de-Mars.
M. Albert-Lefeuvre, qui a si justement
obtenu il y a deux ans le prix de Florence
fondé par l'Art, pour sa statue de l'Adolescence1,
*WÊt '' s'aventure peut-être trop loin à la recherche
slllj^ de la réalité. Son groupe Après le travail n'a
''%-x Awwxx^-". v.àV.m-, J pas l'unité d'un groupe, ce sont deux figures
intéressantes à côté l'une de l'autre. Une jeune
fille, qui rappelle la Jeanne d'Arc écoutant ses
la fortune. voix, tient un grand bâton qui se voit trop, et
Dessin de Moreau-Vauthier d'après sa statue en plâtre. . ,
(Salon de ,w regarde un jeune paysan accroupi pour boire,
dont le pied relevé forme une silhouette des
plus désagréables. L'œuvre n'en révèle pas moins un sérieux progrès et l'heureux développement
d'une organisation des plus distinguées.
C'est aussi par le contour extérieur que pèche la Moulière de M. Léon Perrey, que nous
revoyons en marbre 2. Elle est ployée en deux de sorte qu'on est obligé de chercher sa tête, tandis
1. Voir l'Art, 2" année, tome 111, page 287.
2. Voir l'Art, 2' année, tome ii, page 175.
Le principal avantage des draperies est de faire valoir les nus par le contraste des lignes,
comme dans les bas-reliefs antiques. C'est ce qu'a parfaitement compris M. Delaplanche quand il
a attaché autour de sa statue de la Musique une couverture qui serait incapable de la couvrir,
mais qui sert d'accompagnement à la mélodie de
ses formes. Ce beau marbre, dont le modèle a été
exposé l'année dernière, exhale un parfum de
Renaissance italienne et semble inspiré de
quelque croquis de Raphaël. La Vierge au lis
du même artiste est une jeune personne conve-
nable et d'une figure agréable, quoique peu
expressive, dont la réduction coloriée pourrait
prendre place au milieu des sculptures religieuses
IL de la rue Saint-Sulpice. Je comprends qu'on la
récompense et qu'on l'achète pour une église,
mais la Musique, c'est autre chose. Malgré un
pli de graisse à la hanche, qui ne me plaît pas
beaucoup, si on me laissait choisir une statue
du Salon, c'est celle-là que je prendrais.
La statue de M. Franceschi, une jeune
femme tenant une palette d'une main et un
pinceau de l'autre, pourrait être intitulée la
Peinture. Il paraît cependant, d'après le livret,
que c'est un portrait. Cela prouve qu'on peut
habiller une figure sans être obligé de copier
l'antique, et que le costume moderne, du moins
celui des femmes, pourvu qu'on le débarrasse
des fanfreluches de la mode, n'est pas incom-
patible avec la gravité de l'art. Cette charmante
statue, où la réalité indispensable dans un
portrait s'allie à la dose d'idéal qu'exige la
sculpture, est de la même famille que la Charité
de M. Paul Dubois, qui a eu tant de succès au
dernier Salon et qu'on peut revoir cette année
au Champ-de-Mars.
M. Albert-Lefeuvre, qui a si justement
obtenu il y a deux ans le prix de Florence
fondé par l'Art, pour sa statue de l'Adolescence1,
*WÊt '' s'aventure peut-être trop loin à la recherche
slllj^ de la réalité. Son groupe Après le travail n'a
''%-x Awwxx^-". v.àV.m-, J pas l'unité d'un groupe, ce sont deux figures
intéressantes à côté l'une de l'autre. Une jeune
fille, qui rappelle la Jeanne d'Arc écoutant ses
la fortune. voix, tient un grand bâton qui se voit trop, et
Dessin de Moreau-Vauthier d'après sa statue en plâtre. . ,
(Salon de ,w regarde un jeune paysan accroupi pour boire,
dont le pied relevé forme une silhouette des
plus désagréables. L'œuvre n'en révèle pas moins un sérieux progrès et l'heureux développement
d'une organisation des plus distinguées.
C'est aussi par le contour extérieur que pèche la Moulière de M. Léon Perrey, que nous
revoyons en marbre 2. Elle est ployée en deux de sorte qu'on est obligé de chercher sa tête, tandis
1. Voir l'Art, 2" année, tome 111, page 287.
2. Voir l'Art, 2' année, tome ii, page 175.