LA PEINTURE A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878. 30?
Il ne faudrait pas croire que toute l'École espagnole gravite autour de Fortuny. Zamacoïs,
dont l'exposition est malheureusement très-incomplète au Champ-de-Mars, se rattache plutôt à
l'école de M. Gérôme. De même M. Léon y Escosura, qui est du reste l'élève du peintre du
Père Joseph. M. Enrique Melida et M. Santa Cruz y Bustamante ont tout l'air de penser à
M. Heilbuth. M. Ribera pousse jusqu'à M. Gœneutte, tandis que M. Gimenez y Aranda s'arrête
près de M. Victor Gilbert, et M. Egusquiza dans le voisinage de M. Jean Beraud, au moins
dans son Concert de famille, car son grand tableau Un maître d'armes est d'une facture plus
personnelle et assez hardie dans l'étude des blancs. M. Diague, le paysagiste, s'inspire de
Théodore Rousseau, et voici des paysages plus néerlandais qu'espagnols : les Environs de
Vreeland par M. Carlos de Haes, né à Bruxelles, mais professeur à l'école de peinture de
Madrid, et les Bords du Wahl par M. Morera y Galicia. Rien d'étonnant à ce que des sites
hollandais soient accommodés à la hollandaise, mais il faut aux sites espagnols un autre accent.
C'est ce qu'a parfaitement compris M. Aureliano de Beruete, élève de M. Carlos de Haes, qui a
essayé, non sans succès, d'exprimer fidèlement l'aridité des Bords du Man\anarès.
Signalons aussi les remarquables intérieurs d'églises de M. Gonzalvo y Perez, maintenant
professeur à l'école supérieure de peinture de Saragosse, après en avoir été l'élève. Ces tableaux
comptent parmi les envois les plus sérieux de l'École espagnole.
Dessin inédit de Martin Rico.
On sait que l'Espagne possède à Rome une Académie, rivale de la villa Médicis, dirigée par
M. Casado del Alisal, qui est lui-même représenté au Champ-de-Mars par deux tableaux dont le
plus important, Zaida, la favorite, avait été remarqué l'année dernière au Salon de Paris. M. Casado
ne personnifie pas exactement la tendance de l'établissement qu'il dirige. Il tient de son maître,
S. E. D. Federico de Madrazo, sénateur, directeur de l'Académie des beaux-arts de Madrid. Les
portraits de cet éminent artiste firent sensation à l'exposition universelle de 18 y 5". Ses envois de
1878 sont peut-être moins fêtés, mais le peintre ne s'en plaindra pas, car il n'est distancé que par
son fils, dont il a formé le talent. Les portraits de jeunes filles de Mlle Antonia Banuelos ne sont
certes pas sans agrément. Ceux de M. Raimundo de Madrazo font événement, par leur éclat
original, par leur fraîcheur d'une bravoure extraordinaire. Cette fraîcheur-là est bien parfois un
peu acide, il faut en convenir. Passe pour la Pierrette, dont les blancs, les bleus et les roses crus
ne sont pas sans une certaine harmonie carnavalesque, mais il est bien difficile de se laisser
charmer par le triolet discordant que forment dans le portrait de petite fille, n° 7), le rose de
la robe, le rouge ponceau du fauteuil et le jaune serin du chapeau de paille d'Italie, ou par le
Il ne faudrait pas croire que toute l'École espagnole gravite autour de Fortuny. Zamacoïs,
dont l'exposition est malheureusement très-incomplète au Champ-de-Mars, se rattache plutôt à
l'école de M. Gérôme. De même M. Léon y Escosura, qui est du reste l'élève du peintre du
Père Joseph. M. Enrique Melida et M. Santa Cruz y Bustamante ont tout l'air de penser à
M. Heilbuth. M. Ribera pousse jusqu'à M. Gœneutte, tandis que M. Gimenez y Aranda s'arrête
près de M. Victor Gilbert, et M. Egusquiza dans le voisinage de M. Jean Beraud, au moins
dans son Concert de famille, car son grand tableau Un maître d'armes est d'une facture plus
personnelle et assez hardie dans l'étude des blancs. M. Diague, le paysagiste, s'inspire de
Théodore Rousseau, et voici des paysages plus néerlandais qu'espagnols : les Environs de
Vreeland par M. Carlos de Haes, né à Bruxelles, mais professeur à l'école de peinture de
Madrid, et les Bords du Wahl par M. Morera y Galicia. Rien d'étonnant à ce que des sites
hollandais soient accommodés à la hollandaise, mais il faut aux sites espagnols un autre accent.
C'est ce qu'a parfaitement compris M. Aureliano de Beruete, élève de M. Carlos de Haes, qui a
essayé, non sans succès, d'exprimer fidèlement l'aridité des Bords du Man\anarès.
Signalons aussi les remarquables intérieurs d'églises de M. Gonzalvo y Perez, maintenant
professeur à l'école supérieure de peinture de Saragosse, après en avoir été l'élève. Ces tableaux
comptent parmi les envois les plus sérieux de l'École espagnole.
Dessin inédit de Martin Rico.
On sait que l'Espagne possède à Rome une Académie, rivale de la villa Médicis, dirigée par
M. Casado del Alisal, qui est lui-même représenté au Champ-de-Mars par deux tableaux dont le
plus important, Zaida, la favorite, avait été remarqué l'année dernière au Salon de Paris. M. Casado
ne personnifie pas exactement la tendance de l'établissement qu'il dirige. Il tient de son maître,
S. E. D. Federico de Madrazo, sénateur, directeur de l'Académie des beaux-arts de Madrid. Les
portraits de cet éminent artiste firent sensation à l'exposition universelle de 18 y 5". Ses envois de
1878 sont peut-être moins fêtés, mais le peintre ne s'en plaindra pas, car il n'est distancé que par
son fils, dont il a formé le talent. Les portraits de jeunes filles de Mlle Antonia Banuelos ne sont
certes pas sans agrément. Ceux de M. Raimundo de Madrazo font événement, par leur éclat
original, par leur fraîcheur d'une bravoure extraordinaire. Cette fraîcheur-là est bien parfois un
peu acide, il faut en convenir. Passe pour la Pierrette, dont les blancs, les bleus et les roses crus
ne sont pas sans une certaine harmonie carnavalesque, mais il est bien difficile de se laisser
charmer par le triolet discordant que forment dans le portrait de petite fille, n° 7), le rose de
la robe, le rouge ponceau du fauteuil et le jaune serin du chapeau de paille d'Italie, ou par le