3o4 L'ART.
corsage mauve se détachant sur le fond bleu clair du portrait de jeune femme, n° 73, dont la
robe blanche et la ceinture de velours noir sont au contraire admirablement exécutées.
M. Raimundo de Madrazo est à l'affût des dissonances, et l'on dirait que souvent il prend plaisir
à les laisser sans résolution. Mais l'accord parfait des colorations est également à sa portée,
comme le prouve le Portrait de M. Coquelin aîné dans le rôle d'Annibal de l'Aventurière, un
chef-d'œuvre qui sera sans défaut quand les mains seront faites.
Les tableaux de M. Raimundo de Madrazo nous montrent cet artiste prêtant l'oreille au
bruit que soulève la vogue de Fortuny, et s'efforçant de concilier avec les enseignements paternels,
et avec ses propres aspirations, les coquetteries et le tapage de la peinture à la mode.
L'Académie d'Espagne à Rome est au contraire une sorte de protestation permanente contre
les envahissements de cette peinture. Un de nos collaborateurs nous a dit déjà dans une étude
spéciale 1 les efforts et les succès de cette institution qui paraît avoir à cœur non-seulement de
défendre les traditions de la peinture historique, mais encore d'opposer une digue au débordement
de clartés ruisselantes, miroitantes et aveuglantes qui fait oublier à l'École espagnole les maîtres
de sa plus glorieuse époque. Ce n'est pas que les pensionnaires de l'Académie d'Espagne à Rome
soient sur le point de retrouver les secrets de ces maîtres illustres. Ils paraissent plus préoccupés
de Paul Delaroche et de Couture que de Velasquez, Murillo, Zurbaran et Ribeira. Quoi qu'il
en soit, il faut reconnaître qu'il y a là une véritable école qui travaille sérieusement. Le grand
tableau de M. Pradilla, Dona Juana la folle, est l'honneur de cette école, et l'un des légitimes
succès de l'Espagne à l'Exposition universelle.
Charles Tardieu.
t. Voir dans l'Art, )' année, tome III, page 69, l'article de M. Raymond Reynders contenant la description des tableaux exposés à Rome
par les pensionnaires de l'Académie d'Espagne. La plupart de ces tableaux se retrouvent au Champ-de-Mars.
Cul-de-lampe composé par Bachelier, gravé par P. P. CUoflard.
corsage mauve se détachant sur le fond bleu clair du portrait de jeune femme, n° 73, dont la
robe blanche et la ceinture de velours noir sont au contraire admirablement exécutées.
M. Raimundo de Madrazo est à l'affût des dissonances, et l'on dirait que souvent il prend plaisir
à les laisser sans résolution. Mais l'accord parfait des colorations est également à sa portée,
comme le prouve le Portrait de M. Coquelin aîné dans le rôle d'Annibal de l'Aventurière, un
chef-d'œuvre qui sera sans défaut quand les mains seront faites.
Les tableaux de M. Raimundo de Madrazo nous montrent cet artiste prêtant l'oreille au
bruit que soulève la vogue de Fortuny, et s'efforçant de concilier avec les enseignements paternels,
et avec ses propres aspirations, les coquetteries et le tapage de la peinture à la mode.
L'Académie d'Espagne à Rome est au contraire une sorte de protestation permanente contre
les envahissements de cette peinture. Un de nos collaborateurs nous a dit déjà dans une étude
spéciale 1 les efforts et les succès de cette institution qui paraît avoir à cœur non-seulement de
défendre les traditions de la peinture historique, mais encore d'opposer une digue au débordement
de clartés ruisselantes, miroitantes et aveuglantes qui fait oublier à l'École espagnole les maîtres
de sa plus glorieuse époque. Ce n'est pas que les pensionnaires de l'Académie d'Espagne à Rome
soient sur le point de retrouver les secrets de ces maîtres illustres. Ils paraissent plus préoccupés
de Paul Delaroche et de Couture que de Velasquez, Murillo, Zurbaran et Ribeira. Quoi qu'il
en soit, il faut reconnaître qu'il y a là une véritable école qui travaille sérieusement. Le grand
tableau de M. Pradilla, Dona Juana la folle, est l'honneur de cette école, et l'un des légitimes
succès de l'Espagne à l'Exposition universelle.
Charles Tardieu.
t. Voir dans l'Art, )' année, tome III, page 69, l'article de M. Raymond Reynders contenant la description des tableaux exposés à Rome
par les pensionnaires de l'Académie d'Espagne. La plupart de ces tableaux se retrouvent au Champ-de-Mars.
Cul-de-lampe composé par Bachelier, gravé par P. P. CUoflard.