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PHI E T O N. VIII.
4|2^^5>»o >EMBRASEMENT dePhaëtondoitepou-
lW vanter les entreprises hirdies, & le chastiment
m de sa témérité peut servir d'exemple aux Pre-
(|f| somptueux qui ne consuîtent jamais la raison.
jPm Phaëton fils du Soleil & de la Nymphe Cîimene
^^^^^k femme de Merops , fut un jeune Prince de grand
^N^^vy^Pi) cœur & grande esperance. Il estoit de mesme
âge & de mesme païs qu'Epaphe silsde Jupiter Se d'Io, mais s' est ant
brouillé avec luy au sujet de sa nobleiTe , & ne pouvant sousFrir
qu'Epaphe se voulust prévaloir de sa naiisance au dessusde la sien-
ne 5 (Epaphejuy maintenoit quesamere l'abusoit, luyfaisant ac-
croire que le Soleil estoit son pere ) il s'en alla tout confus & tout dé-
pité à Cîimene pour en sçavoir la vérité. La Nymphe se purgea du
crime qu'on luy reprochoit; & pour satisfaire aux souhaits de son
fils, afin de î'ailurer encore davantage, qu'il devoit sa nahTance
au Soleil, dont elle prit ses rayons à témoin , elle luy conseilla de
Palier trouver îuy-mesme , pour apprendre de sa propre bouche
une vérité si importante. Phaëton futravyde ce conseil : Se toutes
sespensées, auffî bien que son courage l'élevèrent dans les Cieux.
Ayant donc traversé le Peloponese, il passa les chaudes Provinces
des Indiens: &son desirîuy ayant donné des ailes, il se rendit en
peu de temps au lieu d'où son pere se levé chaque jour. Son Palais
magnifique y faisoit dans l'or Se dans les pierres precieuses une pein-
ture naïve de toute la Nature: mais dételle sorte que l'ouvrage en
estoit beaucoup plus exquis que la matière. Quand il y sut arrivé, le
Dieu îuy fit un sort doux accueil, Se luy promit avec le grand ser-
ment, qui ne se viole jamais, de luy accorder tout ce qu'il deman-
deroit. Phaëton en fut tout glorieux, & comme il avoit le courage
haut, afin qu'on ne doutastplus de sanaHTance illustre, il luy de-
manda la conduite de son char pour un jour seulement. Apollon
eust bien voulu retenir sa parole, ne jugeant que trop le desordre
qui en arriveroit : mais son serment estoitinviolable, &nepût saire
autrechose que d'essayer à l'en divertir, luy remontrant combien
cette entreprise estoit "dissicile Se dangereuse" ; de sorte qu'il n'y
H avoit
PHI E T O N. VIII.
4|2^^5>»o >EMBRASEMENT dePhaëtondoitepou-
lW vanter les entreprises hirdies, & le chastiment
m de sa témérité peut servir d'exemple aux Pre-
(|f| somptueux qui ne consuîtent jamais la raison.
jPm Phaëton fils du Soleil & de la Nymphe Cîimene
^^^^^k femme de Merops , fut un jeune Prince de grand
^N^^vy^Pi) cœur & grande esperance. Il estoit de mesme
âge & de mesme païs qu'Epaphe silsde Jupiter Se d'Io, mais s' est ant
brouillé avec luy au sujet de sa nobleiTe , & ne pouvant sousFrir
qu'Epaphe se voulust prévaloir de sa naiisance au dessusde la sien-
ne 5 (Epaphejuy maintenoit quesamere l'abusoit, luyfaisant ac-
croire que le Soleil estoit son pere ) il s'en alla tout confus & tout dé-
pité à Cîimene pour en sçavoir la vérité. La Nymphe se purgea du
crime qu'on luy reprochoit; & pour satisfaire aux souhaits de son
fils, afin de î'ailurer encore davantage, qu'il devoit sa nahTance
au Soleil, dont elle prit ses rayons à témoin , elle luy conseilla de
Palier trouver îuy-mesme , pour apprendre de sa propre bouche
une vérité si importante. Phaëton futravyde ce conseil : Se toutes
sespensées, auffî bien que son courage l'élevèrent dans les Cieux.
Ayant donc traversé le Peloponese, il passa les chaudes Provinces
des Indiens: &son desirîuy ayant donné des ailes, il se rendit en
peu de temps au lieu d'où son pere se levé chaque jour. Son Palais
magnifique y faisoit dans l'or Se dans les pierres precieuses une pein-
ture naïve de toute la Nature: mais dételle sorte que l'ouvrage en
estoit beaucoup plus exquis que la matière. Quand il y sut arrivé, le
Dieu îuy fit un sort doux accueil, Se luy promit avec le grand ser-
ment, qui ne se viole jamais, de luy accorder tout ce qu'il deman-
deroit. Phaëton en fut tout glorieux, & comme il avoit le courage
haut, afin qu'on ne doutastplus de sanaHTance illustre, il luy de-
manda la conduite de son char pour un jour seulement. Apollon
eust bien voulu retenir sa parole, ne jugeant que trop le desordre
qui en arriveroit : mais son serment estoitinviolable, &nepût saire
autrechose que d'essayer à l'en divertir, luy remontrant combien
cette entreprise estoit "dissicile Se dangereuse" ; de sorte qu'il n'y
H avoit