TABLEAUX
DU TEMPLE DES MUSES.
S5&
LIVRE SEPTIESME.
LA MORT, LE DEUIL, LES ENFERS,
ET LE SOMMEIL.
H I
S.
L I.
L n'est rien de si laborieux au monde que la vie
d'un Amant : & quand celle qu'il adore, le trait-
temal, ou qu'elle semocque de fes plaintes, on
peut dire qu'elle n'eft pas moins criminelle, que
si elle avoir souille'ses mains de quelque meurtre.
L'inhumaine Anaxarete eust elle' ravie que le pau-
vre Iphis5 qui eftoit si passionné pour elle, euft efté précipité de
quelque haut rocher, ou qu'il eust avallé du poifon. Tous ces lieux-
cy sont deferts, quoy que vous y voyez la representation d'un grand
Palais: mais on n'y découvre rien qui réponde à celuy qui n'agueres
y faisoit ces plaintes. D'où commenceray je, disoit il, belle Anaxa-
rete, à dépeindre vostre extrême rigueur? N'ay-je donc pû méri-
ter la moindre complaifance pour tous les sèrvices que je vous ay ren-
dus ? Et mes larmes n'ont-eli es j amais pû amollir la dureté de voftre
cœur ? Et bien, je me veux glorifier de vos rudessès : & quoy que
vous ayez efté tousioursînsenfible pour moy, je ne lâiflèray pas en
mourant de vous donner des marques queje vous ay tousiours aymée:
j'obeïs fans murmurer aux volontez d'une Dame imperieuse. Il
E ee
ad-