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https://doi.org/10.11588/diglit.4177#0104
76 ISIS.,
des Adorateurs. Tout cecy eft au sujet delà vache furieuse que vous
voyez representée en ce tableau, courant de part Se d'autre, sans sça-
voir où sa fougue l'emporte. La colère de Junon qui regrette la mort
de Ton fidelle Argus, luy a mis cette rage dans le cœur 3 par le moyen,
de ceThaon , qui la pique cruellement. Cette sorte de mouche qui
vole d'ordinaire autour des bois de Silare 3c d'Alburne couronné de
chesnes vers, eft si piquante, & sait un bruit si terrible que tous les
troupeaux épouvantez prennent la suitte devant-elle : & l'air srappé
de mugûTements ne r'envoyé qu'un bruit surieux P de mefme que les
bois & les rives seiches de Tanagre. La véhémente Junon qui a donc
conjuré la perte de cette Vache sille d'Inache, s'eft servie de ce mon-
stre, pour exercer Ton implacable courroux. Cependant pour le con-
soîer en quelque saçon de la perte de fon cher Argus qui avoit cent
yeux à la tefte, deux desquels se sermoient tour à tour pour prendre
le repos, tandis que les autres veilloient pour garder les troupeaux qui
Juy estoient consiez, elle recueille comme elle peut ces cent lumières
esteintes, ou pluftoft elle en prend les images qu'elle anime d'un vis
éclat pour les imprimer sur le plumage du Paon qu'elle chérit entre
îous les oyseaux. Voila d'un autre cofté le corps du Berger qui se
JailTa surmonter par le sommeil, & que la Deesle qu'il fervoit, en luy
gardant si sidellement la Nymphe changée en Vache qui émouvoir, sa
jaloufie, ne seeut pas garder des mains de Mercure. Il a efté précipité
de haut en bas, en roulant avec sa houlette, le long de la cofte, & il a
enfangîanté toute la route. Au refte ces eaux qui (èrpentent dans la
valée, font celles du fleuve Inache pere de la Nymphe persecutée, qui
les a fait croiftre fort fouvent par ses larmes, la croyant perdue, ou ne
sçachant pas ce qu'elle eftoit devenue : & Mercure, après avoir obey
aux commandements de Jupiter, s'en retourne au Ciel avec le petit
Amour qui le guide.
L'origine hiftorique de cette Fable eft raportée diversement par
Hérodote, félon l'opinion des Grecs & des Phéniciens : car les pre-
miers maintenoient que les Phéniciens portant de tous coftez des mar-
chandifes d'Egypte & d'Afsyrie , vinrent auffi en Argos la plus confi-
derable ville de la Grèce, où eftant arrivez ils mirent leur marchandise
en vente, & que peu de jours après un grand nombre de semmes vin-
rent fur le rivage de la Mer, & entre-elles, la Princeffe Io sille du Roy
Inache, que tandis que ces femmes eftoient auprès du vailTeau, Se
qu'elles marchandoient ce qui leur plaifoit le plus, les Phéniciens en-
couragez les uns par les autres , firent effort pour les enlever ? & quTo
ayant
des Adorateurs. Tout cecy eft au sujet delà vache furieuse que vous
voyez representée en ce tableau, courant de part Se d'autre, sans sça-
voir où sa fougue l'emporte. La colère de Junon qui regrette la mort
de Ton fidelle Argus, luy a mis cette rage dans le cœur 3 par le moyen,
de ceThaon , qui la pique cruellement. Cette sorte de mouche qui
vole d'ordinaire autour des bois de Silare 3c d'Alburne couronné de
chesnes vers, eft si piquante, & sait un bruit si terrible que tous les
troupeaux épouvantez prennent la suitte devant-elle : & l'air srappé
de mugûTements ne r'envoyé qu'un bruit surieux P de mefme que les
bois & les rives seiches de Tanagre. La véhémente Junon qui a donc
conjuré la perte de cette Vache sille d'Inache, s'eft servie de ce mon-
stre, pour exercer Ton implacable courroux. Cependant pour le con-
soîer en quelque saçon de la perte de fon cher Argus qui avoit cent
yeux à la tefte, deux desquels se sermoient tour à tour pour prendre
le repos, tandis que les autres veilloient pour garder les troupeaux qui
Juy estoient consiez, elle recueille comme elle peut ces cent lumières
esteintes, ou pluftoft elle en prend les images qu'elle anime d'un vis
éclat pour les imprimer sur le plumage du Paon qu'elle chérit entre
îous les oyseaux. Voila d'un autre cofté le corps du Berger qui se
JailTa surmonter par le sommeil, & que la Deesle qu'il fervoit, en luy
gardant si sidellement la Nymphe changée en Vache qui émouvoir, sa
jaloufie, ne seeut pas garder des mains de Mercure. Il a efté précipité
de haut en bas, en roulant avec sa houlette, le long de la cofte, & il a
enfangîanté toute la route. Au refte ces eaux qui (èrpentent dans la
valée, font celles du fleuve Inache pere de la Nymphe persecutée, qui
les a fait croiftre fort fouvent par ses larmes, la croyant perdue, ou ne
sçachant pas ce qu'elle eftoit devenue : & Mercure, après avoir obey
aux commandements de Jupiter, s'en retourne au Ciel avec le petit
Amour qui le guide.
L'origine hiftorique de cette Fable eft raportée diversement par
Hérodote, félon l'opinion des Grecs & des Phéniciens : car les pre-
miers maintenoient que les Phéniciens portant de tous coftez des mar-
chandifes d'Egypte & d'Afsyrie , vinrent auffi en Argos la plus confi-
derable ville de la Grèce, où eftant arrivez ils mirent leur marchandise
en vente, & que peu de jours après un grand nombre de semmes vin-
rent fur le rivage de la Mer, & entre-elles, la Princeffe Io sille du Roy
Inache, que tandis que ces femmes eftoient auprès du vailTeau, Se
qu'elles marchandoient ce qui leur plaifoit le plus, les Phéniciens en-
couragez les uns par les autres , firent effort pour les enlever ? & quTo
ayant