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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 1): L'Egypte — Paris, 1882

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https://doi.org/10.11588/diglit.11733#0130

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Je n'oublierai jamais le charme de cette nuit passée au désert, ni
l'aspect étrange et fantastique que prend sous la lune cette mer de
sable. On ne sait où l'on est, ni ce que représente l'uniforme et vaste
blancheur de cette nappe horizontale. N'était qu'aucune étoile ne se
réfléchit dans cette immensité, et que les rayons n'y scintillent pas
comme ils le font dans l'eau même la plus calme, on se croirait en
plein Océan. Le sommeil vint lentement; tout en écoutant mourir ces
voix qui s'affaiblissaient et tombaient l'une après l'autre, je songeais au
peu qu'il faut à ces enfants, au peu qu'il fallait à leurs pères pour être
heureux et gais, pour s'endormir en chantant, sans souci de la veille
ni du lendemain, et je comparais ce facile bonheur à l'existence inquiète
et toute compliquée de gênes et d'ambitions que nous allions reprendre,
au bout de quelques jours, dans les villes de l'Occident, après avoir
joui pendant toute une année, une année qui n'aurait dû jamais finir,
des libres chevauchées à travers le steppe ou la forêt et de la vie variée
d voyage.

§0. — de la religion égyptienne dans ses rapports

avec la plastique

Il nous reste à signaler un dernier caractère de Fart égyptien :
c'est un art profondément religieux. « Lorsqu'on parcourt les grands re-
cueils où les savants de notre siècle ont reproduit les restes des monu-
ments égyptiens, ce qui frappe tout d'abord, c'est l'abondance presque
incroyable de tableaux mystiques et de scènes d'adoration et de sacri-
fice qui sont parvenues jusqu'à nous. Il n'y a presque pas de planches
où l'on ne retrouve une des figures de la divinité recevant d'un air im-
passible les offrandes ou les prières du prêtre ou du roi prosterné de-
vant elle. On dirait, à voir tant de représentations sacrées, que ce pays
était habité surtout par des dieux et renfermait d'hommes juste ce
qu'il en fallait pour les besoins du culte1. Les Égyptiens étaient un
peuple dévot. Soit tendance naturelle, soit effet de l'éducation, ils

1. On pourrait appliquer à l'Égypte ce que dit de la Gampanie un personnage du ro-
man de Pétrone : « Ce pays est si peuplé de divinités, qu'il est plus facile d'y trouver un
dieu qu'un homme. » La place que tenaient dans la vie des Égyptiens les observances re-
ligieuses est Lien indiquée par Hérodote (II, 37) : « Les Égyptiens, dit-il, sont très reli-
gieux, et surpassent tous les hommes dans le culte qu'ils rendent aux dieux. »
 
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