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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 1): L'Egypte — Paris, 1882

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https://doi.org/10.11588/diglit.11733#0156

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70 L'EGYPTE.

égyptien n'a pu être aussi bien inspiré par cette succession de dieux
dont aucun n'est jamais arrivé à concentrer dans ses mains et à con-
server pour toujours la plénitude assurée du pouvoir suprême ; il n'a
jamais eu devant les yeux un idéal semblable à celui que proposait au
sculpteur grec le type du maître de l'Olympe, tel que l'avait ébauché,
d'âge en âge, la conscience populaire et tel que l'avait développé le
génie des poètes. Ni Thèbes ni Sais ne devaient voir naître un Phidias
qui se sentît poussé par tout le travail des générations antérieures à
produire un chef-d'œuvre où se réalisât et prît corps la plus haute con-
ception religieuse à laquelle se fût élevée, par degrés, l'intelligence de
la race égyptienne.

§ 6. — que l'art égyptien n'a pas échappé a la loi du changement
et que l'on peut en écrire l'histoire.

Avant d'aborder l'étude de l'architecture, de la sculpture et de la
peinture égyptienne, il convient de réfuter un préjugé qui, bien que
déjà fort ébranlé par de récentes découvertes, subsiste encore dans
beaucoup d'esprits : ce préjugé, c'est celui de l'immobilité prétendue
de l'art égyptien.

Cette erreur est bien ancienne ; ce sont les Grecs qui l'ont accréditée
et qui nous l'ont transmise. On peut se contenter de citer, à ce propos,
un passage célèbre de Platon : « Il y a longtemps, à ce qu'il paraît, que
l'on a reconnu chez les Égyptiens la vérité de ce que nous disons ici
que, dans chaque Etat, la jeunesse ne doit employer habituellement
que ce qu'il y a de plus parfait comme figure et comme mélodie. C'est
pourquoi, après en avoir choisi et déterminé les modèles, on les expose
dans les temples, et il est défendu aux peintres et aux autres artistes
qui font des figures et autres ouvrages semblables de rien innover ni
de s'écarter en rien de ce qui a été réglé par les lois du pays, et cette
défense subsiste encore aujourd'hui et pour les figures et pour toute
espèce de musique. Si l'on veut y prendre garde, on trouvera chez eux
des ouvrages de peinture et de sculpture faits depuis dix mille ans
(quand je dis dix mille ans, ce n'est pas pour ainsi dire, mais à la
lettre) qui ne sont ni plus ni moins beaux que ceux d'aujourd'hui et qui
ont été travaillés sur les mêmes règles1. »

1. Tr]v aùtriv Sè xéyvïiv à7t£ipyaff[J.s'va. Lois, 656. D. E.
 
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