554 L'EGYPTE.
Du milieu de ce feuillage le fût jaillit, et s'étrécit plus ou moins à
mesure qu'il monte. Les têtes des tiges sont attachées par un nombre
de liens qui varie de trois à cinq et dont les bouts paraissent aussi
retomber autour de la partie haute du fût. Les boutons qui terminent le
pédoncule taillé en arêtes vives portent à leur base des folioles poin-
tues et forment le chapiteau '.
Avec ses saillies plus nombreuses, son galbe plus compliqué et ses
feuilles peintes, cette colonne est le produit d'un art plus avancé que
celle de Beni-Hassan. Entre le premier et le second empire thébain,
il se fit sur la colonne un travail analogue à celui qui s'était opéré
sur le pilier. La surface devient moins accidentée; en se multi-
pliant, les rudentures s'adoucissent , et le plan se rapproche de plus
en plus de la forme d'une circonférence. La colonne suit le déve-
loppement que prennent les proportions des édifices; les dimensions,
qui deviennent colossales, ne peuvent plus être comprises dans un
bloc monolithe; elles nécessitent la superposition d'un certain nombre
d'assises.
C'est ainsi que l'on arrive, sous le Nouvel Empire, à une colonne
dont les édifices de Thèbes nous offrent plusieurs variétés qui diffèrent
soit par leurs proportions, soit par la manière dont le fût et le chapi-
teau sont décorés. Celle dont l'aspect d'ensemble rappelle le mieux la
colonne de Beni-Hassan appartient à Louqsor (fig. 332). Elle est, elle
aussi, fasciculée; mais les éléments du motif originel ne se distinguent
plus aussi nettement. L'analogie que le chapiteau présente avec un
bouton de lotus est plus lointaine; les côtes du fût se détachent moins
franchement l'une de l'autre; les ligatures s'y répètent là où rien ne
semble justifier leur présence. On sent qu'à la longue les parties qui
constituaient l'ensemble primitif ont perdu leur signification et leur
valeur imitative.
Ce changement est encore plus marqué dans une autre colonne du
Nouvel Empire, que nous trouvons à Medinet-Abou (fig. 333). C'est
toujours le type lotiforme ; mais la colonne n'est plus fasciculée que
sur une faible portion de sa surface. Une ligature serre bien encore le
fût au-dessous du chapiteau; mais celui-ci, décoré d'uréus à son
sommet, est traversé, vers son milieu, par une bande lisse. Peintes
sur la pierre, des feuilles triangulaires d'un dessin élégant entourent
le pied du fût, qui s'amincit vers sa jonction avec le socle.
1. Ebers, l'Egypte. Du Caire à Philœ, p. 18o.
Du milieu de ce feuillage le fût jaillit, et s'étrécit plus ou moins à
mesure qu'il monte. Les têtes des tiges sont attachées par un nombre
de liens qui varie de trois à cinq et dont les bouts paraissent aussi
retomber autour de la partie haute du fût. Les boutons qui terminent le
pédoncule taillé en arêtes vives portent à leur base des folioles poin-
tues et forment le chapiteau '.
Avec ses saillies plus nombreuses, son galbe plus compliqué et ses
feuilles peintes, cette colonne est le produit d'un art plus avancé que
celle de Beni-Hassan. Entre le premier et le second empire thébain,
il se fit sur la colonne un travail analogue à celui qui s'était opéré
sur le pilier. La surface devient moins accidentée; en se multi-
pliant, les rudentures s'adoucissent , et le plan se rapproche de plus
en plus de la forme d'une circonférence. La colonne suit le déve-
loppement que prennent les proportions des édifices; les dimensions,
qui deviennent colossales, ne peuvent plus être comprises dans un
bloc monolithe; elles nécessitent la superposition d'un certain nombre
d'assises.
C'est ainsi que l'on arrive, sous le Nouvel Empire, à une colonne
dont les édifices de Thèbes nous offrent plusieurs variétés qui diffèrent
soit par leurs proportions, soit par la manière dont le fût et le chapi-
teau sont décorés. Celle dont l'aspect d'ensemble rappelle le mieux la
colonne de Beni-Hassan appartient à Louqsor (fig. 332). Elle est, elle
aussi, fasciculée; mais les éléments du motif originel ne se distinguent
plus aussi nettement. L'analogie que le chapiteau présente avec un
bouton de lotus est plus lointaine; les côtes du fût se détachent moins
franchement l'une de l'autre; les ligatures s'y répètent là où rien ne
semble justifier leur présence. On sent qu'à la longue les parties qui
constituaient l'ensemble primitif ont perdu leur signification et leur
valeur imitative.
Ce changement est encore plus marqué dans une autre colonne du
Nouvel Empire, que nous trouvons à Medinet-Abou (fig. 333). C'est
toujours le type lotiforme ; mais la colonne n'est plus fasciculée que
sur une faible portion de sa surface. Une ligature serre bien encore le
fût au-dessous du chapiteau; mais celui-ci, décoré d'uréus à son
sommet, est traversé, vers son milieu, par une bande lisse. Peintes
sur la pierre, des feuilles triangulaires d'un dessin élégant entourent
le pied du fût, qui s'amincit vers sa jonction avec le socle.
1. Ebers, l'Egypte. Du Caire à Philœ, p. 18o.