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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 3)

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Soldi, Émile: Exposition universelle de 1878 (Salle des missions scientifiques): l'art au Musée ethnographique
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Courajod, Louis: Germain Pilon et le tombeau de Birague
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https://doi.org/10.11588/diglit.16910#0266

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234 L'A

Ce sont surtout les Grecs qui. les premiers en Europe, intro-
duisirent le goût et l'estime de la richesse sévère, discrète, que
donne la turquoise dans la joaillerie, et cela quand, à la suite des
conquêtes d'Alexandrè en Perse, ils s'approprièrent en masse
toutes les richesses des Achëménides , plats, coupes, armures,
dans lesquelles une profusion de ces pierres incrustées dans l'or
formaient l'élément principal. Ainsi, plus tard, le fourreau, seu-
lement, de l'épée de Mithridate fut estimé à 400 talents
(2,000,000 de francs).

Denos jours, la joaillerie persane, aprèsdes milliers d'années,
malgré l'infériorité des matériaux et la médiocrité des fortunes,
a conservé la tradition des pierreries incrustées dans l'or ; une
des plus grandes différences que l'on peut signaler dans son appli-
cation moderne, c'est que parfois les bijoutiers orientaux, au lieu
d'incruster les turquoises dans l'or, incrustent aussi l'or dans
les turquoises. Leur procédé consiste à graver, sur ces pierres,
des chiffres et des arabesques, qu'ils remplissent ensuite d'or
fin et frappent comme sur de l'acier damasquiné. Vu la fra-
gilité de la substance, il faut qu'ils procèdent avec une grande
légèreté, ou possèdent un procédé inconnu aux lapidaires
européens.

Généralement les dessins gravés sur l'or des bijoux persans
sont les mêmes que ceux des émaux qui couvrent les mosquées.
Parfois quelques coraux placés habilement au milieu des tur-
quoises y jettent leur note gaie tout en restant harmonieuse.
Des pendeloques de verre coloré s'ajoutent à la pièce principale
du collier ; la légèreté balance par là une richesse quelque peu

RT.

lourde, comme les sveltes minarets accompagnent l'immense nef
des mosquées.

Nous donnons ici une aiguière ancienne où nous croyons
que l'on retrouvera toutes ces qualités de forme solide et élégante,
de galbe dans la courbure générale, d'ornementation tantôt mas-
sive par places, tantôt gracieuse dans d'autres, qui résume bien
l'art, malheureusement perdu, de l'ancienne orfèvrerie orientale.
Les aiguières modernes de la môme collection ne présentent
plus aucun de ces contrastes si heureux.

Au milieu de l'exposition de M. Ujfalvy au Champ-
de-Mars, un mannequin habillé représente un guerrier oesbez
à cheval. Il est impossible de donner à l'esprit l'impression
que produisait au musée ethnographique le harnachement du
cheval, et principalement l'étoffe de la selle sur laquelle il était
placé. On se trouvait au milieu d'un ensemble d'émaux et de
bijoux dont la note harmonique, discrète, verte ou bleue,
vous entourait de toutes parts ; ainsi qu'au milieu d'un ensemble
symphonique, vibre et étincelle chaque note de fanfare, de
même apparaissait à l'œil et nous est restée dans l'esprit la note
rouge de sa moelleuse étoffe veloutée et tissée d'or et d'argent.

Pauvre et triste époque que la nôtre, qui ne sait même
plus imiter de telles merveilles ! L'Orient perd de plus en plus
l'esprit de ces décorations pompeuses, et l'Occident est tombé
dans les tons fades et neutres, dans la monochromie de l'or et
la minutie de l'exécution.

Emile Soldi.

GERMAIN PILON ET LE TOMBEAU DE BIRAGUE

PAR-DEVANT NOTAIRES.

Quand on se promène, en France ou à l'étranger, dans un
musée de sculpture moderne et qu'on lit, sur les piédestaux des
statues, tant de grands noms, distribués quelquefois au hasard et
trop souvent en dépit des vraisemblances, on se prend à regretter
que ces belles œuvres d'art n'aient pas, comme la dernière des
bicoques de nos villes, un dossier généalogique parfaitement en
règle établissant sur pièces le nom de tous leurs propriétaires et
désignant leurs auteurs par des preuves bonnes à citer en justice.
Ce que l'intérêt pécuniaire a conseillé depuis longtemps au plus
humble des possesseurs d'immeubles, l'amour de l'art ne l'a
encore inspiré ni à ceux qui vivent de cette profession, ni aux
dilettantes désintéressés qui affichent pour le même art le plus
bruyrnt enthousiasme.

C'est véritablement un dangereux honneur pour les œuvres
d'art que de s'immobiliser dans les collections publiques. Une
fois retirées du commerce et abritées contre les coups imprévus
de la fortune, elles échappent aux mille yeux de la curiosité et
aux dix mille doigts de la basoche. Enfouies dans une admiration
de convention et consacrées par une étiquette, — on pourrait dire
souvent par une épitaphe, — aussi jaunie qu'approximative, elles
ne provoqueront plus les recherches parfois si fécondes de
MM. les officiers ministériels; elles ne fatigueront plus les pa-
tientes investigations de tant d'amateurs acharnés, chercheurs,
souvent heureux, de la pierre philosophale. Autre inconvénient.
Les étiquettes officielles, qui suivent d'un pas plus ou moins
rapide les progrès de la science, résonnent comme des mots
vides de sens aux oreilles des ignorants, ou bien excitent le
sourire ironique des libres-penseurs en matière d'art. En
effet, le public inintelligent ne comprend pas qu'il existe
des moyens pouvant conduire avec certitude à une attribu-
tion raisonnée. Le public éclairé sait trop bien par qui et
comment ces attributions sont fort souvent improvisées. Les

connaisseurs, — genus irritabile, — n'admettent que les attribu-
tions qu'ils ont trouvées eux-mêmes, et nient tout ce qu'ils n'ont
pas été assez clairvoyants pour deviner. Il s'ensuit, — étant don-
nées la bêtise et la méchanceté humaines,—que le scepticisme
en matière d'attribution est universel. On ne croit définitive-
ment et unanimement qu'aux preuves judiciaires et à ce qui est
légalement affirmé par un bon contrat en due forme. Le comble
de la fortune, pour un objet d'art qui veut avoir un nom et jouir
d'un certain rang dans le monde, est donc d'avoir comparu en
temps utile avec son auteur par-devant notaire. Fût-on un
chef-d'œuvre, il est prudent de mettre ses papiers en règle et
d'avoir, au besoin, les gendarmes pour soi.

Un grand artiste delà Renaissance sembleavoirprévu les exi-
gences de la méfiance moderne ou plutôt, ne croyant servir que
ses intérêts immédiats, il a, à son insu, préparé le dossier de sa
gloire posthume. La précaution n'était pas inutile dans un pays,
comme le nôtre, aussi peu fécond en Vasari. Quand Germain
Pilon traitait avec un particulier pour une œuvre de sculpture,
il allait trouver un notaire, lui faisait rédiger les conditions du
contrat ; enfin, pour prévenir tout malentendu, il déposait dans
ses mains une esquisse de l'ouvrage entrepris, que le tabellion si-
gnait et paraphait, ne varietur. Je ne prétends pas dire que,
parmi les sculpteurs de la Renaissance, Pilon ait été seul à recou-
rir à ce moyen légal de constater les conventions. Bien d'autres
artistes et leurs cocontractants ont dû faire appel à la plume des
notaires. — Et c'est ce qui rendrait si fructueuse toute investiga-
tion raisonnée dirigée dans les archives notariales. Mais il faut
reconnaître que, pour Pilon, l'intervention des notaires dans ses
contrats était une affaire d'habitude. Des documents sont là pour
l'attester, et plus d'une étude contemporaine, si elle a conservé
ses vieilles minutes, doit posséder, sans le savoir, de précieux
dessins d'un maître qui a si longtemps travaillé à Paris. Avis aux

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