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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0084

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8o

MÉMOIRE

car on n'a que trop souvent tronque les passages des anciens, pour les ajuster en
quelque sorte à un cadre imaginaire fourni par des relations inexactes.

I. Du Fayoum, et du Bahr-Yousef, ou Canal de Joseph.

Au couchant de Beny-soueyf, et à deux myriamètres [quatre lieues (i) ] environ
de cette ville, s'ouvre une gorge étroite dans la chaîne de montagnes qui suit la
rive gauche du Nil. Cette ouverture, dirigée du levant au couchant, ne s'élargit
qu'au bout de deux lieues; alors la chaîne s'écarte brusquement vers le nord et le
sud, pour former à l'ouest de l'Egypte un vaste bassin qui a près de vingt-cinq
myriamètres [cinquante lieues] de circuit. On ignore encore aujourd'hui si ce
bassin est réellement ouvert du côté de la Libye, dans l'endroit où toutes les
cartes marquent l'origine du Bahr-belâ-mâ, ou mer sans eau. Au nord-est et vers
Tamyeh, est une coupure qui mène au Kaire à travers le désert; vers le sud, la
chaîne s'ouvre encore, et, par un contour qu'elle forme, donne naissance à un
nouveau bassin (2). L'espace compris dans ces développemens de la montagne
constitue la province du Fayoum, la même que le nome d'Arsinoé, ville dont les
ruines se voient encore près de la capitale actuelle. Cette province re çoit les eaux
du Nil par le Balir-Youscf, ou canal de Joseph, qui, à l'entrée de la gorge, fait un
coude à angle droit pour y pénétrer. Arrivé à Medynet el-Fayoum, il se divise en
un grand nombre de canaux qui, par une distribution bien entendue, vont arroser
et fertiliser tous les villages. Cette province est encore, comme chez les anciens,
une des mieux cultivées et des plus riches de l'Egypte; et les campagnes, à quinze
lieues du Nil, y sont aussi fertiles que les parties voisines du ileuve. Mais la négli-
gence apportée dans l'entretien des canaux a enlevé à l'agriculture une moitié des
terres cultivables. Le bassin renferme plus de cent lieues carrées, et, sur environ
soixante que l'on pourroit mettre en production, l'on en compte à peine trente
qui soient cultivées. Les terres abandonnées se sont peu à peu couvertes de sable ;
et la partie occidentale du Fayoum, qui a dû autrefois être cultivée, puisqu'on y
voit des restes considérables d'habitations, est transformée aujourd'hui en un désert
absolu.

Le mauvais état des canaux et l'ensablement des terres ont amené un autre
changement non moins funeste à la culture. Il n'y a maintenant dans les trente
lieues cultivées qu'environ soixante villages. Vanslcb, qui voyageoit en 1673, en
a compté soixante-deux (3); et Granger, en 1730, n'en a compté que soixante-
un (4). Il n'y a donc dans le Fayoum, depuis assez long-temps, que deux villages
par lieue carrée (5) ; tandis qu'il y en a trois dans les autres provinces fertiles de

(1) Je me ser.s, dans tout ce Mémoire, de la lieue de
25 au degré.

(2) Ce bassin renferme le lac appelé Garaq, dont les eaux
sont douces et servent à l'irrigation ; elles lui viennent du
Mil. Voyi'i, dans l'Atlas géographique d'Egypte, la carte
.lu Fayoum, où l'on a tracé la reconnoissance faite au
nord du lac et dans le sud du Fayoum par M. Martin,

membre de la Commission des sciences et arts, éditeur
des Reclierches sur les costumes des anciens peuples.

(3) Relation d'un voyage en Egypte, par le P. Vanslcb;
Paris, ,y77; page 257.

(4) Voyage de Granger, Paris, 1745 ; page ity.

(5) Sur les anciens registres, l'on compte quatre-vingt-
huit villages dans le Fayoum.

l'Egypte ,
 
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