DES ANCIENS ÉGYPTIENS.
'5 6 S
CHAPITRE V.
De la Stature des Égyptiens, et des Échelles de leurs Figures sculptées.
Rapport du Pied et de la Coudée dans la Stature humaine.
§. Ler
De la Stature Egyptienne, et des Echelles dont se servoïent les Sculpteurs
Egyptiens.
C'étoit une idée reçue dans l'antiquité, chez les peuples qui ont eu des me-
sures régulières, que le pied étoit compris six fois dans la hauteur de la stature:
aussi comparoit-on cette stature à la mesure d'une orgyie ou f\ coudées. C'est-là
l'origine de K orgyie : ce mot me paroît dériver d'ôpéy»), extendo, parce qu'il se rap-
porte, non pas, comme le prétend Eustathe, aux bras étendus, mais, selon moi, à
l'attitude d'un homme élevé, debout ; c'est proprement liomo erectus. Je crois qaerigû
(d'où erectus) dérive aussi d'opéyo, et dans le même sens. Au reste, cette racine a
peut-être elle-même été puisée dans les langues Orientales. Je reviendrai ailleurs
sur le nom de ïorgyie (i) ; ici je me borne à faire observer que c'est l'expression
de la stature humaine métrique, et que celle-ci répond toujours, dans les me-
sures, à 4 coudées ou 6 pieds (2). Il ne s'agit point ici du pied naturel, qui est
compris six fois et demie dans la hauteur de l'homme, mais d'un pied métrique
ou d'institution.
Nous avons, sur la taille des anciens Égyptiens, des données plus approchées
que sur celle d'aucun peuple de l'antiquité. Outre les momies encore aujourd'hui
intactes qui nous l'ont conservée, nous la retrouvons dans les rnonumens, dont
les murs sont couverts de figures humaines dessinées à différentes échelles régu-
lières; il suffit d'en mesurer les proportions pour connoître la hauteur de cette
stature, du moins de celle que les Égyptiens eux-mêmes ont voulu représenter
dans les peintures et les bas-reliefs.
Je vais donner quelques exemples tirés des sculptures Égyptiennes : ce n'est que
pour éviter des répétitions inutiles que j'ai fait un choix dans le grand nombre
de celles que j'aurois pu citer; car le résultat que j'ai reconnu, est constamment
le même.
Parmi ces figures, il y en a deux dont nous avons rapporté les empreintes à
Paris. L'une est une figure d'homme debout, qui a les bras et les mains étendus,
et qui est sculptée sur le grand sarcophage d'Alexandrie, déposé actuellement à
Londres.
Sa hauteur est de om,46 (3)- Supposons qu'elle soit au quart de la proportion ;
celle-ci seroit de im,84-
(1) Voyez ci-dessous, chap. XIII. (3) Toutes les mesures que je cite ici, ont été recueil-
(2) Voyez la preuve de cette opinion dans Ed. Ber- lies avec soin et avec précision*
navd , de Ponderibus et Mensuris, pag. 222 et alibi,
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CHAPITRE V.
De la Stature des Égyptiens, et des Échelles de leurs Figures sculptées.
Rapport du Pied et de la Coudée dans la Stature humaine.
§. Ler
De la Stature Egyptienne, et des Echelles dont se servoïent les Sculpteurs
Egyptiens.
C'étoit une idée reçue dans l'antiquité, chez les peuples qui ont eu des me-
sures régulières, que le pied étoit compris six fois dans la hauteur de la stature:
aussi comparoit-on cette stature à la mesure d'une orgyie ou f\ coudées. C'est-là
l'origine de K orgyie : ce mot me paroît dériver d'ôpéy»), extendo, parce qu'il se rap-
porte, non pas, comme le prétend Eustathe, aux bras étendus, mais, selon moi, à
l'attitude d'un homme élevé, debout ; c'est proprement liomo erectus. Je crois qaerigû
(d'où erectus) dérive aussi d'opéyo, et dans le même sens. Au reste, cette racine a
peut-être elle-même été puisée dans les langues Orientales. Je reviendrai ailleurs
sur le nom de ïorgyie (i) ; ici je me borne à faire observer que c'est l'expression
de la stature humaine métrique, et que celle-ci répond toujours, dans les me-
sures, à 4 coudées ou 6 pieds (2). Il ne s'agit point ici du pied naturel, qui est
compris six fois et demie dans la hauteur de l'homme, mais d'un pied métrique
ou d'institution.
Nous avons, sur la taille des anciens Égyptiens, des données plus approchées
que sur celle d'aucun peuple de l'antiquité. Outre les momies encore aujourd'hui
intactes qui nous l'ont conservée, nous la retrouvons dans les rnonumens, dont
les murs sont couverts de figures humaines dessinées à différentes échelles régu-
lières; il suffit d'en mesurer les proportions pour connoître la hauteur de cette
stature, du moins de celle que les Égyptiens eux-mêmes ont voulu représenter
dans les peintures et les bas-reliefs.
Je vais donner quelques exemples tirés des sculptures Égyptiennes : ce n'est que
pour éviter des répétitions inutiles que j'ai fait un choix dans le grand nombre
de celles que j'aurois pu citer; car le résultat que j'ai reconnu, est constamment
le même.
Parmi ces figures, il y en a deux dont nous avons rapporté les empreintes à
Paris. L'une est une figure d'homme debout, qui a les bras et les mains étendus,
et qui est sculptée sur le grand sarcophage d'Alexandrie, déposé actuellement à
Londres.
Sa hauteur est de om,46 (3)- Supposons qu'elle soit au quart de la proportion ;
celle-ci seroit de im,84-
(1) Voyez ci-dessous, chap. XIII. (3) Toutes les mesures que je cite ici, ont été recueil-
(2) Voyez la preuve de cette opinion dans Ed. Ber- lies avec soin et avec précision*
navd , de Ponderibus et Mensuris, pag. 222 et alibi,