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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0409

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4o4

MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE

ARTICLE V.

SECOND ÉTAT DE LA MUSIQUE ANTIQUE EN EGYPTE.

Premières causes qui l'occasionnèrent. — L'origine et la source de cette espèce
de musique étoicnt étrangères à l'Egypte. — Elle avoitpris naissance en Asie;
elle dérivoit de la musique instrumentale, dont elle avoit emprunté le genre, soit
pour Vagrément, soit pour la dijfii ulté, — Cette musique, rejetée d'abord par
les Egyptiens comme n'étant propre qu'a énerver Vame et a corrompre les
mœurs, fut, dans les derniers temps, adoptée et cultivée par eux avec passion et
avec succès.

Pour mieux concevoir la cause cjnî, en produisant de grands changemens en
Egypte, a dû occasionner les premières atteintes que la musique y a reçues, et
qui ont fait déchoir cet art de son premier étal, il est indispensable de se faire
une idée exacte des lieux, des temps, des événemens et des circonstances dans
lesquels les choses se sont passées; sans cela, tout ce que nous pourrions dire ne
paroîtroit tout au plus que conjectural. Cela une fois pose , nous laisserons au
lecteur le soin de faire les rapprochemens des autres événemens politiques qui
ont dû contribuer aux vicissitudes et aux innovations que l'art music al a éprouvées
en Egypte, et par lesquelles il a été conduit vers sa décadence, pour ne plus
nous occuper uniquement que de la marche qu'il a suivie., n'ayant nullement
l'ambitieuse prétention d'associer à la musique un objet qui aujourd'hui, plus que
jamais, n'a plus avec elle aucun rapport.

L'Egypte, renfermée entre deux chaînes de montagnes (i) qui se prolongent
presque parallèlement l'une à l'autre du nord au sud , ayant au levant la montagne
du Moqatam et au couchant la chaîne Libyque; bornée au nord par la mer,
et au midi par la dernière cataracte du Nil, ou ce fleuve, traversant d'immenses
rochers de granit, se précipite par cascades sur un fond inégal, qui n'orîre en
cet endroit qu'un passage difficile et même impraticable pendant une partie de
l'année; l'Egypte, comme on le voit, ne présentoit un accès facile aux étrangers
d'aucun côté, sur-tout dans les premiers temps, où fart de la navigation, trop peu
avancé, n'eût pas permis au moindre vaisseau de franchir cette dangereuse
barre de sable que le Nil dépose et déplace continuellement à son embouchure.
Cet écueil redoutable de temps immémorial aux naturels du pays eux-mêmes
est tel, qu'aujourd'hui même encore les meilleurs pilotes ne sont pas toujours les
maîtres d'empêcher leurs bàtimens d'y échouer. D'ailleurs, la mer, regardée par
les anciens Egyptiens comme le domaine de Typhon (2), principe et cause de
tout mal, de la mort même, leur inspiroit une si grande horreur, qu'ils avoient
la plus insurmontable aversion pour tout ce qui entroit chez eux par cette voie.

(1) Strab. Geogr. lib. xvn , pag. 946. Dionys. Orbis (2) Plutarque , Traité d'Isis et d'Osiris, page 2/1,
Dtscriptio, à vers. 225 ad vers. 270. même édition.
 
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