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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0120

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I l 6 MÉMOIRE

un temple; et ce ne fut qu'un peu plus tard, dit Pline, que les particuliers com-
mencèrent à faire servir les vases murrhins à leur propre usage.

La conquête de l'Egypte, qui lit naître parmi les Romains le goût des pierres
rares et généralement de toutes les pierres travaillées, et le luxe effrayant qui se
développa à cette époque, firent accordera ces vases une valeur qui passe toute
croyance. L'empereur Néron paya une simple coupe de murrhin jusqua trois
cents sesterces : encore la plupart des éditions de Pline, et notamment celle du
P. Hardouin , substituent des talens aux sesterces; ce qui feroit plus d'un million
de notre monnoie. La première estimation paroît déjà exorbitante : cependant,
malgré tout ce qu'a pu dire M. de Pauw, il est c ertain que le sens du passage de-
Pline est favorable à la dernière. Néron par cette ac quisition avoit surpassé tous les
Romains. Pline se récrie sur un luxe aussi désordonné : il lui paroissoit scandaleux
que le maître du monde but dans une coupe d'aussi grand prix. Mentoranda rcs,
dit-il, tanti imperatorem patrentquc patries bibisse. Pétrone, favori de Néron , donna
trois cents sesterces d'une cuvette , trullaj ou d'un bassin de murrhin ; et en la bri-
sant à l'instant de sa mort, il crut s'être vengé de l'empereur, qui devoit en hériter,

II faut croire pourtant que le prix excessif de ces deux vases et de quelques
autres que l'on cite encore, étoit du à leur beauté singulière, et que la valeur
du plus grand nombre, sur tout de ceux qui se iabriquoient en Egypte, étoit bien
moins considérable, puisque beaucoup de Romains en possédoient, et qu'ils de-
vinrent même d'un usage assez commun, comme l'indiquent plusieurs passages
de Martial, de Properce, &c. Christius a rassemblé tous ces passages avec beau-
coup de soin, à l'exception pourtant d'un distique de Martial et d'un passage du
Code de Justinien que l'on trouve plus bas.

§• I I.

Examen des Opinions émises jusqu'ici.

« Il est à jamais étonnant, s'écrie M. de Pauw (i), qu'après les recherches
» entreprises par les plus savans hommes que l'Europe ait produits, on ne sache
» pas encore avec certitude de quoi se formoient ces fameux vases dont le prix
» étoit si considérable. » Cela devient beaucoup moins étonnant, lorsqu'on exa-
mine avec attention de quelle manière se faisoient ces recherches. La plupart des
écrivains qui ont traité cette question et d'autres semblables, bien que des prodiges
d'érudition en certains genres, étoient généralement fort peu verses dans l'histoire
naturelle. Ils commençoient par rassembler avec des travaux infinis tous les pas-
sages relatifs à leur sujet, épars dans les écrits des anciens; ce qui étoit, j'en con-
viens, une excellente méthode : mais, satisfaits après cela d'avoir prouvé leur
érudition, ils se bornoient à comparer, pour ainsi dire au hasard, quelques-uns
de ces renseignemens avec les notions incomplètes qu'ils avoient sur un nombre
très-limité de substances naturelles. A cette insuffisance dans les données se

(l) Recherches philosophiques sur les Égyptiens et las Chinois, tome I.er, page jp^.
 
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