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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0163

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DE LA MER ROUGE. I C g

s'emploie encore aujourd'hui pour exprimer l'interstice d'une muraille, d'un rem-
part. Cela convient d'une manière frappante à cette position. Babylone, resserrée
entre le Nil et l'extrémité de la chaîne Arabique, qui forme un crochet vers le
fleuve, se présente en effet comme l'entrée ou la porte du Sà'yd, sur la partie
orientale de la vallée. Remarquons de plus que de tout temps cette ville étoit for-
tifiée, et destinée à défendre ce passage important : c'est un fait généralement
reconnu. « La Babylone d'Egypte, dit d'Anville (i), étoit située avantageuse-
» ment, dominant sur le Nil, à l'endroit précisément où la montagne qui borde
» ce fleuve, du côté oriental, commence à resserrer la vallée qui remonte jusqu'à
» la cataracte. »

Une des trois légions Romaines destinées à la garde de l'Egypte étoit stationnée
à Babylone, que Strabon appelle (2) une position très-forte, destinée à la garde du
pays, BûtCvÀaiv cj>/>«e>cov èpv/m/ov ; expressions difficiles à rendre littéralement, et qui
ne l'ont été que d'une manière incomplète par ces termes de la version Latine,
castellum naturâ munitum.

En faisant venir Babylone de Bâb el-On [porte du Soleil, suivant l'ancienne
langue Égyptienne], la position de la ville satisfera également, et l'explication
restera la même (3).

Le nom de Babylone adopté , il falloit bien en justifier l'origine par quelque
anecdote. Strabon (4) rapporte gravement que cette place fut bâtie par quelques
Babyloniens qui s'arrêtèrent dans cet endroit (on ne sait à quelle époque ), et
obtinrent des rois la permission de s'y établir, Flavius Josephe (5), plus précis,
veut que la chose soit arrivée sous le règne de Cambyse ; mais d'autres pensent
que la fondation de cette ville doit être rapportée à la reine Sémiramis. On sent
assez toute l'invraisemblance d'une telle origine , quand il s'agit d'un poste aussi
important, et d'où dépendoit la communication des deux moitiés de l'Égypte.

Frappés de l'analogie qui se trouvoit entre certains noms, ou qu'y mettoit leur
manière de prononcer, les premiers écrivains Grecs se sont exercés à en deviner
les causes. Leurs conjectures ont été regardées comme des faits probables, puis
certains ; et les écrivains postérieurs n'ont pas manqué de les présenter comme
tels, lorsqu'ils n'ont pas enchéri encore sur leurs prédécesseurs : c'est ainsi que,
dans le voisinage de Babylone, une ville de Troie et une montagne Troyenne
dévoient leur nom à des captifs Troyens amenés par Ménélas (6). Il n'est pas
difficile de reconnoître toute l'invraisemblance de ce dernier fait, quoique moins
étrange encore que le précédent.

(1) Voye^ d'Anville, Mémoires sur l'Egypte.

(2) Strab. Geogr. lib. XVII.

(3) Alors le nom de la ville Egyptienne aurait eu la
même origine et la même prononciation que celle de la
fameuse ville de Chaldée. Les Grecs l'auraient donc peu
altéré , et sous ce rapport on pourrait me reprocher
d avoir assez mal choisi mon exemple : je l'avouerai ; mais
cela même ne rendrait que plus sensible, en le montrant
sous une face nouvelle, ce penchant des Grecs à ratta-
cher toujours, d'après l'analogie des sons, d'anciennes

idées à des mots étrangers, et d'expliquer ensuite par de
faux rapports entre les objets celui qu'ifs voyoient entre
les noms : ainsi préoccupés de l'idée de Babylone , ils
imaginèrent des relations entre cette ville de Chaldée et
la ville Egyptienne, quoique l'identité des noms dérivât
uniquement de l'analogie des positions et de celle des
langues.

(4) Geogr. lib. XVII.

(5) Antiq. Jud. lib. II.

(6) Strab. Geogr, lib. xvïl.
 
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