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Jomard, Edme François [Editor]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0229

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DE LA MER ROUGE. 2 2 j

I

par Bérénice, et jamais il n'exista de rivalité entre ces deux villes : il est même
à remarquer que c'est précisément pendant les temps les plus prospères de l'Egypte
que le commerce d'Arsinoé paroît avoir été tout-à-fait nul ; aussi, lorsqu'Auguste
se rendit maître de cette contrée, Cléopatre, qui, pour ne pas tomber entre les
mains du vainqueur, avoit conçu le projet de s'enfuir par le golfe Arabique, ne
trouva pas de vaisseaux à Arsinoé, et fut obligée d'y faire transporter par terre
quelques petits bâtimens de la Méditerranée. Il semble, au contraire, que sous les
derniers empereurs de Constantinople, lorsque le commerce de l'Egypte éloit
déjà beaucoup déchu, Arsinoé étoit un peu plus fréquentée.

Pendant cet espace d'environ douze siècles, qui précéda la conquête de
l'Egypte par les Arabes, les progrès de la navigation dans la Méditerranée auroient
dû influer sur ceux de la mer Rouge. Les Lagides, qui entretenoient une marine
puissante et tant d'hommes de mer expérimentés dans Alexandrie , avoient les
plus grandes facilités pour perfectionner une navigation aussi importante : les
circonstances n'étoient pas moins favorables sous le gouvernement des Romains,
dont le génie sembloit porté naturellement vers les améliorations de ce genre.
Cependant, à en juger d'après les détails transmis par Pline, Arrien et Solin, les
améliorations se réduisirent à fort peu de chose , si même elles ne furent pas
tout-à-fait nulles, soit que les obstacles vinssent des circonstances locales, soit,
comme il est plus vraisemblable , qu'ils ne vinssent que de la puissance de l'habi-
tude, si grande chez les Égyptiens, et qui devoit toujours ramener tout à l'ancienne
manière. Au temps où Pline écrivoit, les vaisseaux étoient encore fabriqués en
grande partie avec le papyrus; ils avoient conservé le même grément que ceux qui
naviguoient sur le Nil; ils étoient petits, fort mauvais voiliers, et rasoient presque
toujours les côtes. Ce n'étoit que par la multiplicité des bâtimens que l'on sup-
pléoit à leur petitesse et à la lenteur de la navigation.

Les vaisseaux , qui alors partoient presque tous du port de Myos-hormos,
avoient trois destinations principales (1). Les uns se bornoient au commerce de
l'Arabie Heureuse ; d'autres alloient parcourir les côtes orientales de l'Afrique,
pour commercer avec les Éthiopiens et les peuples barbares qui habitoient le
long de ces rivages : un plus grand nombre s'avançoient vers l'Inde et vers les
contrées qui bordent le golfe Persique.

La plupart de ceux qui faisoient le commerce de l'Arabie ne passoient pas le
détroit, et débarquoient sur la côte orientale, dans un port célèbre chez les an-
ciens sous le nom de Muia (2). Ils y laissoient du blé, du vin, des étoffes de
laine, diverses sortes de vêtemens garnis de franges, et des manteaux teints d'une
couleur rouge qui imitoit la pourpre; ils y portoient aussi du cuivre, du plomb,
des feuilles de métal battu, et divers ornemens pour la parure des femmes.

Ceux qui alloient commercer avec les Éthiopiens, trouvoient, à peu de distance
du détroit de Bâb-el-Mandel, le comptoir d'Adulis, où ils vendoient différentes
espèces de vases de terre et de verre, des vases murrhins artificiels et divers

(1) Voyei les textes cités à la fin de cette partie. détroit, alloit gagner un petit comptoir situé au-delà sur

(2) Un petit nombre seulement, qui s'avançoit jusqu'au la côte voisine.
 
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