DE LA MER ROUGE. 2 j I
auteurs Grecs, qui n'expriment leurs distances qu'en stades , il a toujours évalué
cette mesure sur le pied de huit au mille Romain (1) , supposant par-tout le stade
Olympique, qui est d'environ quatre-vingt-quinze toises:mais ce calcul est souvent
en défaut pour l'Egypte; et, dans le cas actuel, il s'agit certainement du stade
Macédonien de cinquante toises deux pieds quatre pouces , qui étoit le stade
employé sous les premiers Lagides. Sa mesure est donnée par la longueur de la
digue nommée XEptastadion , qui joint l'île de Pharos au rivage d'Alexandrie ,
et encore par l'évaluation du degré du méridien, porté par Aristote à onze cent
onze de ces stades (2).
J'ai trouvé la distance de Coptos au rivage le plus voisin de la mer Rouge, de
quarante heures de marche (de deux mille quatre cents toises chacune) (3) ; ce
qui équivaut à environ deux mille cinquante stades Egyptiens ou Macédoniens.
Or , si l'on veut avec Pline ne prendre que huit de ces stades pour former un
mille, on trouvera exactement deux cent cinquante - six milles (la différence ne
sera donc, avec le nombre qu'il indique, que de deux milles). C'est une exacti-
tude trop grande pour que l'on puisse avoir le moindre doute sur cette interpré-
tation, confirmée d'ailleurs d'une manière directe par la différence des longitudes
de Coptos et de Bérénice rapportées par Ptolémée (4).
Tous les points de ia côte situés depuis le parallèle de Coptos jusqu'à celui
de Syène sont placés au sud de Bérénice par les auteurs anciens, qui décrivent
et nomment les lieux dans l'ordre où ils se succèdent. Il ne sera pas bien difficile
d'en trouver la raison : c'est que l'erreur sur la position de Bérénice tenoit
uniquement à ce qu'on a déduit sa latitude de cette fausse supposition, que l'ombre
y étoit tout-à-fait nulle à midi, comme à Syène (5).
en peu de mots ce qui pouvoit intéresser , mais du
reste avec peu de critique. D'ailleurs, les compilateurs
alors n'ayant point les mêmes ressources qu'aujourd'hui,
où l'impression a rendu les bons livres cent fois plus com-
muns, les copies d'un ouvrage ne se multiplioient qu'à
la longue, et l'on répétoit long-temps ce qu'avoient écrit
les anciens auteurs, quoique déjà démentis par des ob-
servations plus précises, ou quoique l'état des choses eût
souffert des changemens : c'est ce qui est arrivé dans le
cas actuel.
(1) « C'est une chose familière à Pline, de marquer
m des distances en milles par la réduction d'un nombre de
■» stades à raison de huit pour un mille, selon la compen-
sation la plus commune, sans avoir égard à une diffé-
rence de longueur plus ou moins grande dans le stade.
«C'est ce qui devient évident, en comparant au local
«actuel des distances données de cette manière; et ce
» qu'on doit à Pline, est de voir dans le nombre des milles
« un nombre de stades dont il reste à démêler la longueur
» particulière entre plusieurs longueurs à distinguer dans
» ce qui a été désigné également par le terme de stade. »
Extrait de d'Anville, Mémoire sur l'Egypte,/«ïg?j6,
(2) Je me conforme ici à l'opinion de d'Anville, la
plus généralement adoptée; mais j'ai déjà averti dans la
première partie que cette évaluation du stade n'est pas
parfaitement rigoureuse.
A.
(3) C'est ainsi que l'ont estimée tous les voyageurs,
et qu'on la trouvera sur la carte nouvelle, en tenant
compte des sinuosités de la route.
(4) Suivant Arrien , la distance de Myos-hormos à
Bérénice est de dix-huit cents stades; et je conviendrai
que, s'il s'agit du stade Olympique, comme il est naturel
de le croire, cette distance est effectivement celle de
Myos-hormos au tropique : reste à savoir de quel poids
peut être ici l'autorité d'Arrien.
Nous ignorons presque tout ce qui concerne cet auteur ,
que l'on croit avoir vécu sous Adrien. Ce qu'il y a de
certain, c'est que son ouvrage a tous les caractères d'une
compilation, et que, dans toute la description de la côte
qui répond à l'Egypte, il ne se trouve pas un seul détail
qui ne soit dans les écrivains antérieurs : son autorité n'a-
joute donc rien à la leur. II est clair qu'il n'a fait qu'éva-
luer en stades la différence d'environ trois degrés qui sé-
pare Myos-hormos du tropique; aussi n'indique-t-il
aucun des ports situés dans cet intervalle, quoiqu'il y en
ait plusieurs: raisons bonnes à alléguer à ceux qui pour-
raient croire qu'il a visité ces côtes.
(5) On verra aussi plus loin, qu'il a existé sur cette
même côte deux autres villes de Bérénice, toutes deux
bien plus méridionales que celle qui faisoit le commerce;
circonstance qui n'a pas peu contribué à rendre la
méprise plus difficile à découvrir.
H h 2
auteurs Grecs, qui n'expriment leurs distances qu'en stades , il a toujours évalué
cette mesure sur le pied de huit au mille Romain (1) , supposant par-tout le stade
Olympique, qui est d'environ quatre-vingt-quinze toises:mais ce calcul est souvent
en défaut pour l'Egypte; et, dans le cas actuel, il s'agit certainement du stade
Macédonien de cinquante toises deux pieds quatre pouces , qui étoit le stade
employé sous les premiers Lagides. Sa mesure est donnée par la longueur de la
digue nommée XEptastadion , qui joint l'île de Pharos au rivage d'Alexandrie ,
et encore par l'évaluation du degré du méridien, porté par Aristote à onze cent
onze de ces stades (2).
J'ai trouvé la distance de Coptos au rivage le plus voisin de la mer Rouge, de
quarante heures de marche (de deux mille quatre cents toises chacune) (3) ; ce
qui équivaut à environ deux mille cinquante stades Egyptiens ou Macédoniens.
Or , si l'on veut avec Pline ne prendre que huit de ces stades pour former un
mille, on trouvera exactement deux cent cinquante - six milles (la différence ne
sera donc, avec le nombre qu'il indique, que de deux milles). C'est une exacti-
tude trop grande pour que l'on puisse avoir le moindre doute sur cette interpré-
tation, confirmée d'ailleurs d'une manière directe par la différence des longitudes
de Coptos et de Bérénice rapportées par Ptolémée (4).
Tous les points de ia côte situés depuis le parallèle de Coptos jusqu'à celui
de Syène sont placés au sud de Bérénice par les auteurs anciens, qui décrivent
et nomment les lieux dans l'ordre où ils se succèdent. Il ne sera pas bien difficile
d'en trouver la raison : c'est que l'erreur sur la position de Bérénice tenoit
uniquement à ce qu'on a déduit sa latitude de cette fausse supposition, que l'ombre
y étoit tout-à-fait nulle à midi, comme à Syène (5).
en peu de mots ce qui pouvoit intéresser , mais du
reste avec peu de critique. D'ailleurs, les compilateurs
alors n'ayant point les mêmes ressources qu'aujourd'hui,
où l'impression a rendu les bons livres cent fois plus com-
muns, les copies d'un ouvrage ne se multiplioient qu'à
la longue, et l'on répétoit long-temps ce qu'avoient écrit
les anciens auteurs, quoique déjà démentis par des ob-
servations plus précises, ou quoique l'état des choses eût
souffert des changemens : c'est ce qui est arrivé dans le
cas actuel.
(1) « C'est une chose familière à Pline, de marquer
m des distances en milles par la réduction d'un nombre de
■» stades à raison de huit pour un mille, selon la compen-
sation la plus commune, sans avoir égard à une diffé-
rence de longueur plus ou moins grande dans le stade.
«C'est ce qui devient évident, en comparant au local
«actuel des distances données de cette manière; et ce
» qu'on doit à Pline, est de voir dans le nombre des milles
« un nombre de stades dont il reste à démêler la longueur
» particulière entre plusieurs longueurs à distinguer dans
» ce qui a été désigné également par le terme de stade. »
Extrait de d'Anville, Mémoire sur l'Egypte,/«ïg?j6,
(2) Je me conforme ici à l'opinion de d'Anville, la
plus généralement adoptée; mais j'ai déjà averti dans la
première partie que cette évaluation du stade n'est pas
parfaitement rigoureuse.
A.
(3) C'est ainsi que l'ont estimée tous les voyageurs,
et qu'on la trouvera sur la carte nouvelle, en tenant
compte des sinuosités de la route.
(4) Suivant Arrien , la distance de Myos-hormos à
Bérénice est de dix-huit cents stades; et je conviendrai
que, s'il s'agit du stade Olympique, comme il est naturel
de le croire, cette distance est effectivement celle de
Myos-hormos au tropique : reste à savoir de quel poids
peut être ici l'autorité d'Arrien.
Nous ignorons presque tout ce qui concerne cet auteur ,
que l'on croit avoir vécu sous Adrien. Ce qu'il y a de
certain, c'est que son ouvrage a tous les caractères d'une
compilation, et que, dans toute la description de la côte
qui répond à l'Egypte, il ne se trouve pas un seul détail
qui ne soit dans les écrivains antérieurs : son autorité n'a-
joute donc rien à la leur. II est clair qu'il n'a fait qu'éva-
luer en stades la différence d'environ trois degrés qui sé-
pare Myos-hormos du tropique; aussi n'indique-t-il
aucun des ports situés dans cet intervalle, quoiqu'il y en
ait plusieurs: raisons bonnes à alléguer à ceux qui pour-
raient croire qu'il a visité ces côtes.
(5) On verra aussi plus loin, qu'il a existé sur cette
même côte deux autres villes de Bérénice, toutes deux
bien plus méridionales que celle qui faisoit le commerce;
circonstance qui n'a pas peu contribué à rendre la
méprise plus difficile à découvrir.
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