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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 3,1,1: Texte 1): Antiquités — Paris, 1809

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https://doi.org/10.11588/diglit.5428#0303

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2C)8 NOTICE SUR LE SEJOUR

peuples, ainsi cjue les hommes, pris en particulier , adoptent avec avidité les
apparences les moins probables d'une antique et honorable origine; après avoir
trompé les autres, on finit par se tromper soi même : l'erreur qui plaît ne paraît
bientôt plus une erreur.

L'histoire d'Abraham, telle que nous lalisons dans les lh res des 1 lébreux,s'accorde
dans les points les plus essentiels , avec les écrits des auteurs Arabes et Persans ;
mais, tandis que la Genèse présente le tableau naïf et lub ie de la v ie d'un che) kh du
désert, ceux-ci y ont mêlé les fables les plus absurdes. Ainsi, selon eux, Abraham,
venu au monde, refuse le sein de sa .mère, et trouve dans ses doigts une nourri-
ture miraculeuse ; de I un découle du lait, et de I autre du miel : à quinze mois,
il a la stature d'un homme de quinze ans, et la sagesse , le savoir de l'âge mur.
Devenu le refuge des pauvres, et axant épuisé ses greniers par de nombreuses au-
mônes, le sable se change pour lui en farine. Dieu lui ordonne de prendre quatre
oiseaux, de les mettre en pièces, d'en diviser les morceaux sur quatre montagnes,
et de les appeler; les oiseaux, à sa voix, se reforment aussitôt, et volent vers lui.
Jeté dans une fournaise, le feu le caresse au lieu de le dévorer.

Mais, au milieu de tous ces contes puérils, enfantés par l'imagination déréglée
des Orientaux, il est un morceau remarquable par sa noble simplicité et le sublime
du dogme qu'il consacre. c< Abraham, encoreenfant, \ est il dit, marchant pendani
» la nuit avec son père, vit au ciel des étoiles, et, entre autres, celle de \ émis, que
» plusieurs adoroient, et il pensa que ce pouvoit être le Dieu et le Seigneur du
» monde; mais, après quelque temps et quelques réflexions, il dit en lui-même :
v Je vois que cette étoile se couche et disparoît; ce n'est donc pas ici le maître
» de l'univers. Il considéra aussi la lune dans son plein, et dit : Voici peut-être
» le créateur de toutes choses, et par conséquent mon Seigneur. Mais, l'ayant vue
» passer sous l'horizon comme les autres astres, il en porta le même jugement.
» S'étant occupé ainsi à observer et à réfléchir tout le reste de la nuit, il se trouva
» proche de Babylone au lever du soleil, et il vit une infinité de gens qui se
» prosternoient et adoroient cet astre; ce qui lui lit dire : Voilà certainement un
» être merveilleux, et je le prendrais pour le créateur et le maître de toute la
)j nature : mais je m'aperçois qu'il décline et prend la route du couchant aussi
» bien que les autres; il n'est donc ni mon créateur, ni mon Seigneur, ni mon
» Dieu. Abraham vit ensuite Nembrod assis sur un trône fort élevé , autour
» duquel étoient rangés, suivant leurs dignités, une troupe de beaux esclaves de
» l'un et l'autre sexe. Abraham demanda aussitôt quel étoit ce personnage aussi
r> élevé au-dessus des autres; et son père lui répondit que c'étoit le seigneur de
» tous ceux qu'il voyoit autour de lui, et que tous ces gens-là le reconnoissoient
» pour leur dieu. Abraham, considérant alors Nembrod, qui étoit fort laid, leur
» dit : Comment se peut-il faire que celui que vous appelez votre dieu, ait fait
» des créatures plus belles que lui ! Ce fut la première occasion qu'Abraham
» prit de désabuser son père de l'idolâtrie, et de lui prêcher l'unité de Dieu,
» créateur de toutes choses ( i ). »

( i) D'Herbelot, Bibliothèque Orientale.
 
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